Pardonner, un long processus des victimes d’abus

Une délégation de 26 victimes, hommes et femmes, d’abus commis par des frères de la communauté Saint-Gabriel a été reçue au Vatican par la Commission pontificale pour la protection des mineurs, puis par le Pape dans l’après-midi ce mardi 28 novembre. Abusées dans les années 60 dans les instituts de Bretagne et de Loire-Atlantique, leur présence à Rome est une nouvelle étape dans leur parcours de reconstruction.

Jean Charles Putzolu – Cité du Vatican

Dans les années soixante, plusieurs dizaines d’enfants ont été abusés par des membres des Frères de Saint-Gabriel, victimes de viols ou d’attouchements dans les écoles d’Issé, Loctudy et Chavagnes-en-Paillers entre la Bretagne et la Loire-Atlantique. Certains d’entre eux ont tu ces faits pendant 50 ans, avant de rompre le silence pour enfin parler à leur entourage, leur époux ou épouse et leurs enfants. D’autres victimes, avouent-ils, n’y sont pas encore parvenues.

Jean-Pierre Fourny est l’une de ces victimes. Âgé de 67 ans, il a été victime d’abus à l’âge de 7 ans et n’a trouvé la force de raconter les «tortures» subies qu’à l’âge de 32 ans. Jean-Pierre a été victime du frère Gabriel Girard, aujourd’hui décédé, qui est l’auteur supposé d’abus sur plus d’une centaine d’enfants dans les trois écoles où il a enseigné. «La nature de ce qu’on a subi? C’est une agression, des attouchements, des viols», rapporte Jean-Pierre Fourny. Il n’y a plus de colère dans les paroles de Jean-Pierre, qui se définit comme une «ex-victime». Entendu par la CIASE (Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Église), indemnisé par la CRR, (Commission reconnaissance et réparation), il a «tourné la page».

Pour en arriver là, «un long processus» a été nécessaire. «Maintenant, on est plus plutôt proche de l’aboutissement de la reconnaissance et de la réparation», continue-t-il.

Une démarche collective

Aujourd’hui, les anciennes victimes regroupées au sein de l’association Ampaseo (association pour la mémoire et la prévention des abus sexuels dans l’Église de l’Ouest) entretiennent des relations d’amitié avec les Frères de Saint-Gabriel. Cela, grâce au travail des uns et des autres, mais également d’un ancien provincial des Frères, Claude Marsaud, «une personne très ouverte, très intelligente, qui est d’ailleurs avec nous aujourd’hui». Après une courte pause, Jean-Pierre ajoute: «Ça fait un peu drôle parce qu’en fait, aujourd’hui, on se rend compte qu’on est avec les représentants de nos anciens prédateurs, c’est quand même très fort». L’évêque de Nantes et d’autres religieux ont contribué à l’accompagnement des victimes, ainsi que les instances mises en place par la Conférence des évêques de France, mais les Frères de Saint-Gabriel sont allés plus loin, jusqu’à les impliquer dans une démarche de transformation de la communauté fermement engagée dans la lutte contre les abus afin que des actes indicibles ne se reproduisent plus. C’est Claude Marsaud, au nom des disciples de Louis Grignon de Montfort et de Gabriel Deshayes, qui le 12 mai 2022 a lu l’acte de reconnaissance: «Nous, frères de Saint-Gabriel, reconnaissons et dénonçons toutes les violences physiques, psychologiques, morales, sexuelles commises par certains de nos frères dans l’exercice de leur métier d’éducateur, d’enseignant, d’animateur, de maître spirituel». Cette reconnaissance des fautes commises a été bien accueillie par les victimes.

Le pardon

La communauté des Frères de Saint-Gabriel «n’a jamais demandé pardon, mais ils ont fait le travail» explique Jean-Pierre qui en son nom propre, poursuit: «C’est un sujet très délicat, le pardon. Mais moi, j’ai pardonné. Avant même de rencontrer les Frères de Saint-Gabriel, j’avais déjà pardonné. Vous savez pourquoi? Parce que le pardon, c’est un acte très égoïste. Quand vous pardonnez, vous vous libérez. […] Ça vous dégage, ça vous libère, mais vous n’oubliez jamais». Lorsque l’Église demande pardon, pour Jean-Pierre, «ce n’est pas un aboutissement, mais le début d’une étape. C’est comme ça que je le sens».

Au sein d’Ampaseo, les propos sont apaisés. Avec le processus de «réparation» engagé par l’Église de France, la honte a changé de camp. Les victimes ont recouvré leur dignité. Certes, les blessures existent, les séquelles aussi. Jean-Pierre Fourny évoque certaines facettes sombres de son caractère qu’il relie directement aux sévices sexuels subis: «J’avais fugué de l’école parce que je ne pouvais plus supporter. À 11 ans, j’avais l’impression de devenir fou. Vous voyez, c’est quand même grave, avec des conséquences derrière qui ont été souvent de l’énervement, des crises de nerfs».

Rester vigilant contre les abus

«Maintenant, il faut avancer», soutient Jean-Pierre Fourny, estimant que les directives concernant la lutte contre les abus peuvent être encore renforcées; point sur lequel l’association dont il est membre, Ampaseo, est en mesure d’apporter une contribution: «Ne peut-on pas apporter un peu d’eau au moulin? C’est quand même les victimes qui ont subi. Donc, il faut travailler avec les victimes et avec les associations de victimes». Il cite en exemple le travail réalisé avec la communauté des Frères de Saint-Gabriel: «C’est vrai, ils ne nous ont jamais demandé pardon. Par contre, ils ont ils ont créé une commission interne à laquelle on a participé». Aujourd’hui, Ampaseo se dit disponible pour intervenir dans les écoles et dans les séminaires afin que les jeunes en formation «prennent conscience». Il faut qu’ils ressentent «dans le fond des tripes» ce que les victimes ont vécu, explique-t-il.

La conversation s’achève sur un substantif: «survivants». C’est ainsi que le Pape François définit souvent des victimes d’abus. «C’est vrai qu’on est des survivants», affirme Jean-Pierre, «mais il n’y a pas que des survivants, il y a eu beaucoup de morts. Des gens sont morts parce qu’ils se sont suicidés». 

Trois belles images pour partager sa foi avec des non-croyants

Il est parfois difficile pour des non-croyants de comprendre pourquoi les catholiques croient en Dieu. Voici trois comparaisons simples et originales qui peuvent aider à expliquer sa foi.

Cerith Gardiner – publié le 27/11/23

Amis, proches ou collègues peuvent avoir des croyances ou des rapports à Dieu très différents des siens. Si certaines personnes peuvent comprendre pourquoi un catholique croit en Dieu, et ont même parfois quelques connaissances en la matière, d’autres ne sont tout simplement pas en mesure de saisir la notion de foi.

Pour expliquer ses convictions religieuses, recourir à des images simples, peut se révéler très efficace. Voici quelques idées qui pourraient rendre les choses un peu moins abstraites pour les non-croyants et qui leur permettront de comprendre votre foi. Qui sait, ils pourraient même être intrigués et vouloir vraiment s’y intéresser ?

La meilleure connexion WiFi

Croire en Dieu, c’est un peu comme croire au WiFi : on ne le voit pas, mais quand on se connecte, il se passe des choses incroyables ! Tout comme le WiFi, Dieu est toujours disponible, il est toujours présent, attendant que vous vous connectiez. C’est comme avoir le soutien constant d’un ami qu’on ne peut pas voir mais qui est toujours là pour échanger avec vous. Pour se connecter à ce WiFi céleste, le mot de passe, c’est la prière ! 

Le meilleur GPS

Si certaines personnes trouvent du réconfort à observer le ciel et les étoiles, d’autres peuvent trouver du réconfort en sachant que Dieu veut pour chacun un chemin de bonheur qui dépasse ses plus grands rêves. Avoir la foi, c’est comme avoir un GPS pour votre âme. Lorsque vous prenez un mauvais virage, vous savez que Dieu vous remettra sur le droit chemin. Avoir la foi, c’est se laisser guider par Lui.

Un puzzle divin

Pour expliquer sa foi à ses amis, il est possible également de décrire la vie est comme un gigantesque puzzle. Dieu seul connaît le dessin qui est sur le couvercle de la boîte. Pour le moment, on ne peut pas voir toute l’image, mais juste quelques pièces. Cependant, les catholiques sont confiants sur le fait que, à la fin de leur vie, ce sera un magnifique chef-d’œuvre.

Ces explications peuvent paraître un peu naïves. Mais elles rendront pour celui écoute la notion de foi plus compréhensible. Elles peuvent même être des exemples utiles à donner à ses enfants.

L’urgence, pour François, est d’aimer les pauvres

Dans un message adressé au symposium organisé par le dicastère pour le Service du développement humain intégral à l’occasion du 10e anniversaire d’Evangelii Gaudium, François réaffirme que la mission d’évangélisation et la vie chrétienne ne peuvent négliger les pauvres, car ce sont eux qui marquent le chemin de la rédemption.

Tiziana Campisi – Cité du Vatican

«Ce n’est qu’en écoutant le cri souvent étouffé de la terre et des pauvres que nous pourrons remplir notre mission d’évangélisation, vivre la vie que Jésus nous propose et contribuer à résoudre les graves problèmes de l’humanité»: François l’affirme dans le message envoyé au symposium organisé par le dicastère pour le Service du développement humain intégral à l’occasion du 10e anniversaire de l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, en rappelant son invitation aux croyants à «retrouver la joie missionnaire des premiers chrétiens» qui, bien que calomniés, persécutés, torturés, assassinés, «ont été le paradigme d’une Église en marche, qui a su prendre l’initiative sans crainte, aller à la rencontre, chercher les lointains» et «inviter les exclus».

La dette d’amour envers les pauvres

L’annonce de l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui continue d’exiger de notre part «une résistance prophétique, comme alternative culturelle», souligne le Pape, et ce «face à l’individualisme hédoniste païen», au «système qui tue, exclut, détruit la dignité humaine» et à la «mentalité qui isole, aliène, limite la vie intérieure à ses propres intérêts», en s’éloignant du prochain et de Dieu. Le Souverain pontife rappelle également que la mission évangélisatrice et la vie chrétienne «ne peuvent négliger les pauvres», car tout le chemin de «la rédemption est marqué par les pauvres». C’est une humble fille, Marie, Mère de Jésus qui, entre autres choses, «s’est fait pauvre, est née dans une étable parmi les animaux et les paysans, a grandi parmi les ouvriers et a gagné sa vie de ses propres mains, s’est entouré de foules de déshérités, s’est identifiée à eux, les a placés au centre de son cœur, leur a annoncé la Bonne Nouvelle en premier», inviant chacun à tous «les nourrir, leur distribuer les biens avec justice, à défendre leur cause». C’est pourquoi le Pape ne peut cesser de mettre les pauvres au centre, a souligné François, «ce n’est pas de la politique, ce n’est pas de la sociologie, ce n’est pas de l’idéologie, c’est purement et simplement l’exigence de l’Évangile». Un «principe non négociable», dit-il, dont les implications pratiques peuvent varier «pour chaque contexte, société, personne et institution», sans préjudice du fait que tout chrétien a une dette d’amour envers les pauvres.

L’inégalité, racine des maux sociaux

C’est précisément dans «l’amour actif que nous devons aux pauvres que se trouve le remède au grand risque du monde d’aujourd’hui, avec ses multiples et oppressantes offres de consommation», souligne le Pape, comme le précisait déjà Evangelii Gaudium. Pour résoudre radicalement les problèmes des pauvres, «condition nécessaire à la résolution de tout autre problème puisque l’inégalité est la racine des maux sociaux», François demande «un profond changement de mentalité et de structures». Sans ce changement, «nous sommes condamnés à voir s’aggraver le climat, la santé, les migrations et, en particulier, la violence et les guerres, mettant en danger toute la famille humaine, pauvres et non-pauvres, intégrés et exclus, car nous sommes tous dans le même bateau et nous sommes appelés à ramer ensemble». L’inégalité de l’économie contemporaine «tue, jette et détruit notre sœur la terre mère, dans la mentalité égoïste qui la soutient», ajoute le Souverain pontife, et «ceux qui pensent pouvoir se sauver, dans ce monde ou dans l’autre, se trompent».

Une nouvelle mentalité

Pour François, il faut penser «en termes de communauté» et «de priorité de la vie de chacun» et vivre la solidarité «comme la décision de rendre aux pauvres ce qui leur correspond». «En respectant l’indépendance et la culture de chaque nation, il faut toujours se rappeler que la planète est de toute l’humanité et pour toute l’humanité», a poursuivi le Pape, qui a exhorté à «ouvrir nos oreilles au cri des autres peuples ou des autres régions de notre pays».

De nouvelles structures sociales

Quant aux structures, elles doivent «renoncer à l’autonomie absolue des marchés et de la spéculation financière et s’attaquer aux causes structurelles de l’inégalité». La politique économique devrait plutôt se fonder sur la dignité de chaque personne humaine et sur le bien commun. «La vocation de l’entrepreneur est un travail noble, à condition qu’il se laisse interpeller par un sens plus large de la vie», observe le Pape, qui appelle à une croissance économique «dans l’équité», avec «des décisions, des programmes, des mécanismes et des processus spécifiquement orientés vers une meilleure distribution des revenus, la création d’opportunités d’emploi et une promotion intégrale des pauvres qui va au-delà du simple assistanat.»

Vivre la fin de l’année liturgique

La méditation de l’Écriture sainte irrigue toute liturgie, à travers les multiples lectures et les diverses prières proclamées, mais aussi les gestes et attitudes, qui en reçoivent leur signification profonde. Cette signification se renforce encore par son enracinement dans l’année liturgique qui déploie le mystère du Salut en Christ tout au long du temps. Ce deuxième moment de confinement s’inaugurait alors que l’année liturgique arrivait à son terme. Ce contexte rendait plus pressante encore l’invitation à suivre les grandes lignes de force mises à disposition par la liturgie pour aider chacun à entrer dans la grâce du temps présent, en toute occasion.

La fin de l’année liturgique :
un appel à manifester la royauté du Christ par la fraternité

Les ultimes semaines de l’année liturgique ne se contentent pas d’égrener les dernières minutes qui restent à vivre. Veillez donc, car vous ne savez ni le jour ni l’heure (Mt 25, 13). Elles offrent une véritable pédagogie afin de saisir, alors que ces temps sont les derniers, comment le monde n’avance pas vers sa perte, mais vers la plénitude de la communion avec Dieu.

Certes le temps de pandémie, avec ses multiples conséquences humaines, économiques et sociales, peut donner à penser que le monde se disloque et se divise plus que jamais. Les différents passages de l’Écriture des dimanches à venir n’éludent pas cette inquiétude voire son caractère irrémédiable. Cependant, au milieu de ce fracas, surgit une invitation, toujours plus pressante, à la vigilance et à l’écoute de la venue du Seigneur. Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre (Mt 25, 6).

Invitation paradoxale alors que nous voici, de nouveau, confinés !

Sortir ? Le terme biblique ne veut pas simplement désigner un déplacement physique, mais il possède une signification existentielle très ample.

C’est d’abord prendre le risque de quitter ses certitudes et son confort, sa tranquillité. À la manière dont Paul y invite les chrétiens de Thessalonique : vous n’êtes pas dans les ténèbres, […] vous êtes tous des fils de la lumière, des fils du jour (1 Thes 5,4-5). Ce n’est donc pas une fuite en avant, mais la manifestation de l’espérance dans laquelle nous avons été plongés au jour de notre baptême. Le Christ est ressuscité d’entre les morts, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie (1Co 15, 22).

Ensuite, comme les vierges sages de la parabole ou les serviteurs du maître parti en voyage, c’est veiller et attendre son retour, dans l’absolue certitude qu’il vient, et que rien ne retarde sa venue. Probablement que cette attente peut parfois sembler épuiser l’huile de nos lampes ou même éteindre notre vigilance. La confiance de l’époux demeure pourtant le seul et vrai combustible de ce feu intérieur que l’Esprit saint allume sans cesse en nous.

Enfin, sortir nous conduira vers ces prés d’herbe fraîche où le Seigneur sera le berger de confiance et paix, même s’il faut pour cela traverser les ravins de la mort (Ps 22). Habiter la maison du Seigneur et se tenir à sa table est l’objectif ultime. Ce n’est pas une promenade limitée géographiquement ou réduite à une méditation solitaire. L’itinéraire que les Écritures tracent est celui qui fera de chacun un membre du Peuple de Dieu, du Corps du Christ et un Temple de l’Esprit saint.

Alors, au terme du temps liturgique, la royauté du Christ se dévoile comme la réponse au trouble qui peut nous habiter devant les événements du monde, devant le manque de l’Eucharistie et du rassemblement ecclésial de la prière. Elle est une royauté de vie et de vérité, de grâce et de sainteté, de justice, d’amour et de paix (préface du Christ Roi de l’Univers). Dit autrement, avec les mots de Mathieu l’évangéliste, cette royauté sera celle de la fraternitéChaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait (Mt 25, 40).

La réponse au trouble ou au manque qui semble faire vaciller notre espérance et notre communion, c’est bien la fraternité. Elle devient la face visible de cette réalité invisible qu’est notre foi, et qui faisait écrire à François d’Assise la manière de la manifester dans l’aujourd’hui de notre vie :

« Seigneur, fais de moi un instrument de ta paix,

Là où est la haine, que je mette l’amour.

Là où est l’offense, que je mette le pardon.

Là où est la discorde, que je mette l’union.

Là où est l’erreur, que je mette la vérité.

Là où est le doute, que je mette la foi.

Là où est le désespoir, que je mette l’espérance.

Là où sont les ténèbres, que je mette la lumière.

Là où est la tristesse, que je mette la joie.

O Seigneur, que je ne cherche pas tant à

être consolé qu’à consoler,

à être compris qu’à comprendre,

à être aimé qu’à aimer.

Car c’est en se donnant qu’on reçoit,

c’est en s’oubliant qu’on se retrouve,

c’est en pardonnant qu’on est pardonné,

c’est en mourant qu’on ressuscite à l’éternelle vie. »

Tout au long de ces semaines qui vont conduire chacun vers la fin de l’année liturgique (32ème & 33ème dimanche de l’année B, Solennité de Jésus-Christ, Roi de l’univers), nous réapprendrons à dire la fraternité et l’espérance, dont l’Eucharistie est le sacrement. Son absence concrète élargira l’espace pour que la Parole du Seigneur achève en nous son œuvre de charité envers ceux qui nous entourent. La Bonne nouvelle du Salut n’est audible que lorsque les croyants sont capables d’en faire un récit qui entre en résonance avec l’histoire humaine, et d’agir en fonction de ces paroles d’espérance dans un engagement qui manifeste leur fraternité et la construit dans la société. En creux, cela nous invite à ne pas attendre le rétablissement des célébrations publiques pour proclamer le Christ-Roi. Vivre la fraternité sert l’avènement de la royauté du Christ et, par le témoignage ainsi donné, c’est déjà le « célébrer » aux yeux de tous !

Ce que ressent une personne âgée (mais qu’elle n’exprime pas toujours)

Voici quatre éléments importants à avoir en tête lorsque vous vous occupez d’une personne âgée.

Cerith Gardiner – publié le 22/09/23

Alors que la société évolue à une vitesse vertigineuse, il est important de se rappeler qu’il existe une génération – les personnes âgées – qui n’évolue peut-être pas au même rythme. Cependant, sans ces dames et messieurs âgés, nous ne serions pas là aujourd’hui. Lorsque vous prenez soin de vos aînés, il est important de garder à l’esprit certains sentiments auxquels ils peuvent être confrontés, et qu’ils n’expriment pas toujours.

ELLE PEUT RESSENTIR UNE FRUSTRATION PHYSIQUE

À partir d’un certain âge, une personne âgée est confrontée à ses limites physiques. Par exemple, elle ne peut plus gravir les montagnes comme elle le faisait autrefois. Elle marche d’un pas moins rapide. Elle entend moins bien. Autant de changements qui peuvent être source de frustration. Comment pouvez-vous l’aider ? Tout d’abord en ralentissant votre propre rythme, de paroles, de marche etc… pour s’assurer qu’elle puisse suivre sans que cela ne crée de frustration ou d’énervement. Il peut être bon également de commenter tout ce qu’elle est encore capable de faire.

Dans la perspective d’une dépendance, il est bon de rassurer une personne âgée sur le fait qu’elle ne sera pas seule. Il est important pour elle de savoir que si l’entretien de la maison est une charge trop lourde, vous pouvez trouver des solutions.

Nombreuses sont les personnes âgées à avoir une certaine réticence à l’idée de demander de l’aide. Une façon de devancer cette situation consiste à leur donner un coup de main avant qu’elles ne se rendent compte qu’elles en ont besoin. Accomplissez certaines tâches lors de vos visites, comme sortir les poubelles ou effectuer de petites réparations par exemple.

ELLE EST CONFRONTÉE À LA MORT DE SES PROCHES

Lorsque nous sommes jeunes, nous nous sentons invincibles. Nous reportons facilement les choses au lendemain car nous prenons le futur pour acquis. Cependant, à mesure que les années passent, on se rend de plus en plus compte de la valeur de la vie.

Au fur et à mesure qu’elles vieillissent, les personnes âgées perdent certains de leurs proches. Elles voient leur cercle d’amis se rétrécir. Des épreuves douloureuses qui soulignent la vulnérabilité de l’être humain et qui peuvent faire peur. Il ne s’agit pas nécessairement de la peur de mourir, mais, dans un couple, de la peur de vivre sans l’autre. 

La mort est inévitable, bien sûr, mais la meilleure façon d’aider un membre âgé de sa famille est d’être présent. Parfois, c’est aussi simple que de passer un appel téléphonique pour vérifier son état. Il est également important de planifier vos visites, cela lui donne de la joie et de l’espérance face à un avenir plus incertain.

ELLE A BESOIN DE PARLER DU PASSÉ

Une personne âgée a besoin d’évoquer les histoires du passé, de parler de personnes que vous n’avez peut-être jamais rencontrées ! Néanmoins, c’est important de les laisser partager ces moments avec vous. Vous en apprendrez davantage sur eux, ce qui est toujours intéressant voire amusant !

Il peut être agréable de faire des voyages dans le passé avec vos proches âgés. S’il fait beau, montez dans la voiture et voyagez ensemble vers des endroits qui leur tiennent à cœur. Ces moments peuvent être précieux pour les petits comme pour les grands.

ELLE A BESOIN DE SE SENTIR VALORISÉE

L’une des choses les plus cruciales dont nos aînés ont besoin est de se sentir valorisés. Cela passe surtout par l’écoute de leurs conseils, d’autant qu’ils en ont souvent beaucoup à partager. Vous pouvez également les inviter à être actifs dans vos vies. Assurez-vous simplement de faire preuve de patience s’ils ont des difficultés à gérer les derniers équipements pour bébés ou les dernières technologies.

En parlant de technologie, il est important de prendre le temps de les aider à découvrir de nouvelles façons de faire dans la vie quotidienne, comme les systèmes de paiement sans contact par exemple.

Une autre façon de valoriser un aîné est de passer du temps avec lui. Alors, recherchez vos proches âgés, profitez de leur compagnie et rappelez-vous que même s’ils ont vieilli physiquement, ils se sentent bien souvent plus jeunes de plusieurs décennies et pleins d’entrain pour s’engager dans la vie.

«La médecine qui renonce à guérir n’est plus l’art de guérir», dit le Pape

Recevant en audience le 18 novembre au Vatican, les membres de la Fédération italienne des médecins pédiatres et l’Association italienne d’oto-rhino-laryngologie, l’évêque de Rome a souhaité «que les jeunes redécouvrent le courage et la joie de devenir parents» en Italie. Il a aussi évoqué la condition du malade, qui «doit être approché avec l’attitude du Bon Samaritain, qui ne regarde pas ailleurs, mais se penche sur l’homme blessé», a-t-il déclaré.

Heureux de rencontrer ces professionnels de la santé, «au service des personnes qui ont besoin de soins», le Pape a d’emblée exprimé sa reconnaissance pour leur travail quotidien.

S’adressant aux pédiatres italiens présents, «une référence pour les jeunes couples», François a mis en avant un aspect important dans l’exercice de leur métier, celui de «les aider dans leur tâche d’accompagnement des enfants pour leur croissance». En effet, les enfants sont toujours un don et une bénédiction du Seigneur, soutient le Pape, espérant que dans «un pays malheureusement vieillissant» comme «l’Italie», des conditions favorables soient créées «pour que les jeunes aient davantage confiance et redécouvrent le courage et la joie de devenir parents».

Jésus, médecin par excellence 

Et se tournant ensuite vers les médecins ORL (spécialistes en oto-rhino-laryngologie, dans le diagnostic et le traitement des troubles du nez, de la gorge, de l’oreille, et de la tête et cou), le Pape a tenu à leur rappeler notamment qu’ils «traitent certains organes qui sont nécessaires à nos relations et qui nous permettent de rester en contact avec les autres et la communauté». Et Jésus qui est le médecin par excellence peut inspirer chacun d’entre eux, comme le témoigne l’Évangile. «Nous voyons Jésus s’approcher de personnes sourdes et muettes qui vivaient dans la solitude et l’isolement. Et on observe qu’en les guérissant, il fait des gestes particuliers et prononce des paroles particulières», raconte le Souverain pontife, pour qui «ces gestes et ces paroles peuvent inspirer», car ils témoignent de «la compassion et de la tendresse de Dieu pour nous, en particulier pour ceux qui souffrent de la fatigue des relations».

Pandémie et système de santé en Italie

Le Pape se souvient encore de la pandémie liée au coronavirus qui a terriblement touché l’Italie, et loue le dévouement, le sacrifice et l’engagement des professionnels de la santé, sans lesquels de nombreuses autres vies auraient été perdues.

François a aussi évoqué «le manque de personnel constant, qui, relève-t-il, entraîne des charges de travail ingérables et, par conséquent, une fuite des professionels de la santé». À cela s’ajoute le facteur «crise économique» persistant qui affecte, souligne l’évêque de Rome, la qualité de vie des patients et médecins: «Combien de diagnostics précoces ne sont pas posés? Combien de personnes renoncent à un traitement? Combien de médecins et d’infirmières, découragés et fatigués, abandonnent ou préfèrent aller travailler à l’étranger?», s’interroge François. Cela compromet selon lui l’exercice du droit à la santé, qui fait partie de l’héritage de la doctrine sociale de l’Église et qui est inscrit dans la Constitution italienne.

La rencontre fut l’occasion pour le Pape d’inviter à préserver le système de santé italien, «qui doit être soigné, développé, parce qu’il s’agit d’un système de service à la population», et de faire observer qu’une «médecine qui renonce aux soins et se retranche derrière des procédures déshumanisées et déshumanisantes n’est plus l’art de guérir». Le malade selon lui doit être approché avec l’attitude du Bon Samaritain, qui ne regarde pas ailleurs, mais se penche sur l’homme blessé et apaise sa souffrance, sans poser de questions, sans laisser son cœur et son esprit se fermer par des préjugés, sans penser à son propre intérêt.

Accueillir les patients et donner de l’espoir 

Cette parabole de l’Évangile «vous aidera à toujours regarder le visage des patients, petits et grands: à les accueillir et à leur donner de l’espoir, à écouter leurs histoires, à les soutenir dans les moments difficiles. Le mot clé est la compassion, qui n’est pas de la pitié! C’est un outil de diagnostic irremplaçable!», déclare-t-il.

L’appel pour les jeunes 

La proximité, la compassion et la tendresse, sont trois attitudes qui aident à toujours avancer, et à construire la société, répète le Pape. «Je vous souhaite d’être proches, compatissants et tendres», affirme le Saint-Père, encourageant «les jeunes à s’engager dans cette voie professionnelle, qui est une façon exigeante de travailler tout en s’occupant des autres».

Secours Catholique : »Notre société est malade », assure Jean Merckaert

Dans son rapport dévoilé aujourd’hui, le Secours Catholique dresse l’état de la pauvreté en France. Et le constat est sans appel : « le sort des plus vulnérables s’aggrave », et ce sont les femmes les premières victimes de la précarité, comme l’affirme Jean Merckaert, directeur Action-plaidoyer France Europe au Secours catholique invité de la matinale.

« Notre société est malade », déplore Jean Merckaert. Avec une dégradation de 7% du pouvoir d’achat constatée entre 2021 et 2022 chez les bénéficiaires du Secours catholique, la précarité se fait de plus en plus prégnante. Une pauvreté qui a plusieurs visages : les jeunes de 18 à 25 ans, les étrangers et surtout les femmes. « En 1989, le secours catholique accueillait à peu près pour moitié des hommes et des femmes ; en 2022 on est à +57% de femmes accueillies », illustre le directeur Action-plaidoyer de l’association. 

Ruptures et emplois précaires, accélérateurs de pauvreté

Plusieurs raisons expliquent cette vulnérabilité des femmes, à commencer par les ruptures conjugales. « Bien souvent ce sont les femmes qui trinquent parce qu’elles ont la charge des enfants dans neuf cas sur dix », explique Jean Merckaert. En devenant mère solo, les femmes ont d’importantes charges à assumer qui les met en difficulté financière. « Souvent elles se privent de choses pour elles-mêmes » afin que leur enfant ne soit privé de rien, constate-t-il. 


L’autre facteur de pauvreté résulte de l’inégalité économique avec les hommes. « Les femmes occupent souvent des métiers moins bien rémunérés, notamment des métiers du soin, et on s’aperçoit aussi qu’elles occupent des emplois plus précaires avec des CDD et des temps partiels subis », détaille le membre du Secours catholique

Ces personnes prennent soin du lien social, il serait temps qu’on prenne soin d’elles

Ces difficultés à boucler le budget sont sources d’angoisse pour les femmes et les mères seules. A cette « obsession quotidienne » s’ajoute le poids du regard de la société : « elles se sentent jugées, coupables, comme si on leur enfonçait la tête sous l’eau », rapporte-t-il. Un sentiment empiré par les termes administratifs employés à l’encontre de ces femmes, considérées pour la plupart comme « inactives », alors que de nombreuses charges leur incombent, notamment concernant l’éducation des enfants. « Ces personnes prennent soin du lien social, il serait temps qu’on prenne soin d’elles », conclut Jean Merckaert. 

Jean Merckaert a été rédacteur en chef de la « Revue Projet » de 2010 à 2018. Il est désormais directeur du plaidoyer France au Secours catholique – Caritas France. Il a animé, pour le CCFD-Terre Solidaire, des collectifs d’associations et de syndicats sur la dette des pays du Sud et la lutte contre les paradis fiscaux, et dirigé de nombreux rapports, dont « L’économie déboussolée » (déc. 2010) et « Biens mal acquis, à qui profite le crime ? » (juin 2009). Il est membre du conseil d’administration de l’association Sherpa, cofondateur de la plate-forme paradis fiscaux et judiciaires et du collectif « Tournons la page » pour la démocratie en Afrique, engagé dans la campagne pour le désinvestissement des énergies fossiles. ©Aurore Chaillou

[HOMÉLIE] Aux noces du Royaume, êtes-vous vierge folle ou vierge sage ?

James Tissot (Nantes, France, 1836–1902, Chenecey-Buillon, France). The Wise Virgins (Les vierges sages), 1886-1894. Opaque watercolor over graphite on gray wove paper, (Photo: Brooklyn Museum,)

Le Fr. Matthieu, chanoine prémontré de l’abbaye de Mondaye, commente l’évangile du 32e dimanche ordinaire (Mt 25, 1-13). Tous invités aux noces du Royaume des cieux, avons-nous veillé, comme les vierges sages, à remplir nos lampes de l’huile de la charité ?

Matthieu Ricquier-Didio – publié le 11/11/23

Il est parfois des temps qui semblent se conjuguer fortuitement. Nous sommes dans la fin de l’année liturgique où les textes ont une couleur d’annonce des derniers temps. En effet, au cours de ces trois dimanches, nous méditerons les trois paraboles évoquant le retour du Christ à la fin des temps chez saint Matthieu : parabole des dix jeunes filles (Mt 25, 1-13), puis celle des talents (Mt 25, 14-21)et enfin celle du jugement dernier (Mt 25, 31-46). Et par ailleurs, les médias ne cesse de nous rabattre les oreilles d’un monde où tout va mal ; on ne peut certes ignorer les conflits et les guerres, mais il est aussi un discours alarmiste qui semble nous laisser penser que nous coulons nos derniers jours heureux, une tempête en novembre suffit pour déclencher une avalanche de propos sur d’énigmatiques lendemains et au sein de l’Église elle-même, nous pourrions parfois croire que la fin est proche. 

Alors que le Christ s’apprête à entrer dans le drame de sa Passion, il vient nous présenter ce que sera l’avènement du Royaume à travers l’image d’une noce, noce où il se présente comme l’Époux. Il nous enseigne sur les temps à venir, sur ce que seront les temps qui précèdent le retour définitif du Fils de l’homme. Mais quel est le but de cette parabole sinon celui d’éclairer notre présent ? 

Se tenir prêt

Dans le plafond de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi, une fresque du XVIe siècle représente cette scène d’évangile dans un décor théâtral. Deux éléments attirent l’œil du visiteur. Le premier intrigue car de la maison de l’Époux sortent des rayons qui semblent dire que cette habitation se confond avec un ciel de lumière et de gloire, c’est le lieu même où le Christ siège en plénitude. Le second nous est donné à travers la présence de deux chiens. Le chien évoque symboliquement la figure de la fidélité, de la vigilance. On trouve donc un chien totalement endormi aux côtés des vierges folles et un chien bien dressé sur ses pattes attentif, évocateur d’une loyauté à son maître qu’il attend vigilant quant à son retour, du côté des vierges sages. 

Jésus ne dit pas qu’il ne faut pas dormir, mais qu’il faut être prêt ; il en va peut-être d’un sommeil avisé et d’un sommeil fou. Le sommeil de celui qui dort paisiblement car il est dans la confiance et le sommeil de l’oubli, de la fuite, ce fameux sommeil qui s’oppose à la veille, celui-là même dont les disciples seront atteint à Gethsémani qui fera dire au Christ (Mc 14, 38) :

Veillez et priez, afin de ne pas entrer dans l’épreuve ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible.

L’huile de la charité

Mais alors, de quoi doit être faite cette veille ? Cette huile qui est l’objet de convoitise entre les vierges qui toutes se sont endormies, quelle est son essence ? Notre Père saint Augustin, commentant ce passage d’évangile répond ainsi : 

Quelques-unes seulement [les vierges sages] ont eu soin de remplir d’huile leurs lampes : cette huile désigne la charité proprement dite ou la pureté d’intention qui les anime dans leurs bonnes œuvres, tandis que les vierges folles pratiquent le bien dans des vues humaines, par amour des louanges. Toutes s’endorment du sommeil de la mort ; mais quand il faut paraître devant Dieu, c’en est fait des louanges humaines, l’huile manque, la lampe s’éteint, la vierge folle est réprouvée. En vain elle implore la compassion des vierges sages. Celles-ci ne peuvent rien pour leurs malheureuses compagnes ; elles ont assez de leurs propres affaires. Ayons donc soin d’agir par un motif de charité véritable et n’attendons pas le réveil de la mort pour nous convertir : ce serait trop tard. (Sermon 93)

Voilà qui est clairement annoncé, notre attente du Royaume des cieux ne doit pas nous détourner de nos tâches quotidiennes mais les imprégner totalement en leur donnant un sens. C’est pourquoi il n’est pas possible malheureusement de donner ou prêter de notre huile. Nous pouvons inciter, inviter, orienter mais nous ne pouvons pas agir à la place des autres, nous ne pouvons pas exercer la charité à la place de notre prochain, nous ne pouvons pas tourner les yeux de notre prochain vers le ciel à sa place. Il ne s’agit donc pas tant de posséder quelque chose de matériel qui se partagerait, mais il s’agit de notre être profond duquel émane cet amour des autres, ce service mutuel, qui se concrétise en paroles et en actes. 

Cet amour qui doit grandir en nous 

Au portail sud de la cathédrale de Strasbourg, est représentée, en sculpture cette fois, notre parabole. On trouve le tentateur sous la figure d’un bel homme, qui tend une pomme et dont le dos est dévoré par les crapauds et les reptiles. Plus intéressante est la représentation des vierges folles qui tiennent leurs lampes retournées, reversées et serrent fermées contre elles les tables de la loi. On pourrait lire comme en creux cette scène avec au cœur ce verset du psaume 119 : « Ta parole est une lampe pour mes pas, une lumière sur ma route » (Ps 119, 105). Ces vierges insensées ont entendu la loi, la torah, la parole de Dieu, mais elles ne l’ont tout simplement pas mise en pratique. Comment entretenir un lien avec l’Époux attendu si je ne me laisse pas rejoindre par sa parole ? Comment dire que je connais l’Époux, si je ne connais pas sa parole qui me le révèle ? Oubliant en quelque sorte la volonté de Dieu, oubliant l’importance de la vie, elles ont négligé leur tâche, étourdies par d’autres amours que le vrai, celui de l’Époux. Inutile d’aller chercher ailleurs qu’en soi, et surtout pas chez un marchand cet amour qui doit grandir en nous : amour de Dieu, amour des autres, amour de soi. 

Notre croissance dans la vie spirituelle passe par des « nuits obscures » (saint Jean de la Croix) ou des « nuits privées d’étoiles » (Thomas Merton) ; nous ne pouvons être constants dans une attitude, soyons humbles pour reconnaître que nous-mêmes alternons entre l’attitude des insensées et des sages. À nous de reconnaître que nous avons reçu des grâces, des talents : ce peut être la lampe, reçue comme un don. Mais pour offrir tout son potentiel, cette lampe a besoin d’un apport d’huile qui serait notre libre réponse à la grâce. Finalement, être reconnu comme sage ce serait alors actualiser chaque jour notre potentiel de réceptivité de la grâce et porter de la lumière. 

L’œuvre de l’Église

Un personnage brille par son absence dans le texte : l’épouse ! L’Époux est là, les jeunes filles sont là, la salle des noces est prête, mais l’épouse… En prenant chair, le Christ a épousé notre condition humaine. En donnant chair au Christ dans nos vies parfois jusqu’à la croix, nous épousons ce qu’il a offert pour nous. Quand chacun de nous œuvre, c’est l’Église tout entière qui œuvre ; elle devient alors l’image de l’union sponsale avec le Christ. Elle est l’Église épouse du Christ Époux. « Viens Seigneur Jésus » (Ap 22,20).

IVG dans la Constitution : la vive inquiétude des évêques de France

« Toute vie est un don pour ce monde » : ainsi s’intitule la déclaration des évêques de France relative à l’inscription de « la liberté d’avorter » dans la Constitution, adoptée le 8 novembre alors que se clôturait leur Assemblée plénière d’automne, à Lourdes. Alors que se profilent un projet de loi sur la fin de vie et un autre sur l’inscription du « droit à l’IVG » dans la Constitution, les évêques ont tenu à exprimer avec force leur inquiétude.« Nous le réaffirmons : toute vie est un don pour ce monde, un don fragile et précieux, infiniment digne, à accueillir et à servir depuis son commencement jusqu’à sa fin naturelle », déclare ainsi la Conférence des évêques de France (CEF). Rappelant que l’année 2022 a vu bondir le nombre d’avortements, qui a atteint son plus haut niveau depuis 1990, les évêques pointent du doigt une réalité qui « dépasse la seule question d’un droit pour les femmes ». « Notre société devrait y voir surtout le signe de son échec dans l’éducation, l’accompagnement et le soutien social, économique et humain de celles et ceux qui en ont besoin », regrettent les prélats avant de rappeler le sixième commandement donné par Dieu : « Tu ne tueras point ».

La réforme du conclave par le Pape ? De la « pure fantaisie » selon le Saint-Siège

Par Camille Dalmas : Lundi, le Bureau de presse du Saint-Siège a démenti formellement les rumeurs affirmant que le Pape souhaite changer le déroulement des futurs conclaves, les qualifiant de « pure fantaisie ». Le cardinal Gianfranco Ghirlanda, qui est décrit dans deux articles comme l’artisan de cette réforme, a lui aussi fermement démenti.

Samedi dernier, le média américain The Pillar a publié un article qui révèle l’existence d’un soi-disant projet de réforme confié par le pape François au cardinal Gianfranco Ghirlanda. Le pontife laisserait le soin au canoniste italien de réformer la constitution apostolique Universi Dominici Gregis, qui régit le déroulement de la période de vacance du Pape après sa mort ou sa renonciation.

Cette information, transmise par « des sources proches des discussions », prévoit trois évolutions importantes pendant les congrégations générales, la grande réunion à huis clos organisée avant le conclave, à laquelle participent habituellement tous les cardinaux, électeurs ou non.

Serait étudiée en premier lieu la possibilité d’exclure les cardinaux de plus de 80 ans des congrégations générales. Ensuite, une autre piste envisagerait de revoir le format des congrégations générales, en organisation des sessions similaires à celles du Synode sur la synodalité, avec des tables rondes d’environ dix personnes où les conversations seraient suivies par des rapports, et non plus une suite de discours de maximum sept minutes, lus à une tribune, comme c’est le cas actuellement. Enfin, le projet d’intégrer des laïcs aux Congrégations générales – pour l’heure exclusivement réservées aux cardinaux – aurait été évoqué, rapporte encore The Pillar, citant une source.

L’annonce d’une réforme du conclave a aussi été relayée par le site The Remnant par la journaliste Diane Montagna, mais avec plusieurs différences. Le but de la réforme répondrait, selon ses sources, au souhait du Pape de promouvoir un conclave plus « synodal », affirme la journaliste américaine. Selon elle, le Pape souhaiterait donner le statut d’électeur à des laïcs et des femmes religieuses afin qu’ils représentent un quart du collège cardinalice.

Démenti du Saint-Siège et du cardinal Ghirlanda

Le Bureau de presse du Saint-Siège a apporté un démenti formel à l’ensemble de ces affirmations, les qualifiant de « pure fantaisie ». « C’est absolument faux », a pour sa part déclaré le cardinal Ghirlanda au site américain Life Site News. L’Italien a même qualifié ces informations de « pur mensonge », selon le site Catholic News Service.

Interrogé sur ces rumeurs, le canoniste français Mgr Patrick Valdrini estime pour sa part que ces rumeurs, peu crédibles en soi, témoignent avant tout d’une « volonté de déstabilisation à l’encontre du pape François ».

Une réforme des obsèques papales ?

François ne s’est jamais exprimé sur une quelconque réforme du conclave. L’unique point sur lequel il s’est prononcé concerne les obsèques des papes. Dans un entretien accordé le 12 mars 2023 à la presse suisse, il avait annoncé qu’il avait confié à plusieurs personnes le soin de les réformer. « Ils sont en train d’étudier et aussi de simplifier un peu les choses, retirer les choses qui liturgiquement ne vont pas, les choses vieilles », avait-il affirmé.

La constitution apostolique Universi dominici gregis (1996) de Jean Paul II a été modifiée à deux reprises par le pape Benoît XVI : en 2007, il a demandé que le choix du nouveau Pape soit décidé par les deux tiers des votants même si le conclave est bloqué. En 2013, peu avant sa renonciation, il a promulgué un motu proprio autorisant le Sacré Collège à anticiper l’élection avant les 15 jours habituellement requis après le décès du Pape.