église de St Cyr en Talmondais

HISTOIRE

Alors que depuis l’époque Néolithique, les eaux salées du Golfe des Pictons baignent la région, la qualité de l’eau pure, jaillissant des multiples sources sur les places hautes a, depuis des milliers d’années, incité l’homme à s’installer et l’y a retenu. (témoins : moultes vestiges de camps enceints de fossés, d’habitats groupés, nécropoles , dolmens, outils de la vie courante, silex ). Le village s’appelait alors Aron. (nom d’origine celtique signifiant Eau )

De la Préhistoire à la Renaissance :

Le premier édifice religieux d’Aron est mentionné en 1080 sur les registres de l’abbaye Saint-Cyprien de Poitiers, comme Prieuré Notre-Dame. La chapelle du Prieuré, fondations de l’église actuelle, survécut à l’incendie qui détruisit l’église érigée à dater du 15 décembre 1373. En 1534 on note la présence de « neuf religieux bénédictins, dont un Prieur ».
Détruite en 1568 par les calvinistes, elle fut reconstruite sur «la Motte», une place fortifiée dans le prolongement Nord du Prieuré, près de la ferme seigneuriale appelée «La Court», emplacement du château actuel. La voie Limoges-littoral n’étant pas encore ouverte. L’église est alors dédiée à Saint-Cyr, enfant martyr et à Sainte-Julitte, sa maman martyrisée devant son enfant. Elle devient église paroissiale en 1604 puis propriété communale par le don qu’en fit la famille Joussemet en 1801 à la commune.

La Révolution :

Notre église fut le sinistre théâtre de violents affrontements lors de la troisième des guerres de Vendée : le 25 septembre 1795 (3 vendémiaire de l’An IV de la République) (1793-1796), le Capitaine Lesseudre et 300 volontaires de Charente Inférieure se retranchent à l’intérieur de l’église, sans munitions lourdes. Le Lieutenant Guérin, seul à la tête de ses 900 insurgés, les exhorte à capituler. Devant le refus des républicains, de violents combats qui vont durer plus de sept heures, faisant de nombreuses pertes débutent. Incendies des maisons alentours, assauts parmi la fumée jettent la confusion.

Le chœur de nos jours


Arrive en renfort François Athanase Charette de la Contrie, chef de l’armée catholique et royale du bas Poitou et du Pays de Retz sur le site enfumé. Les combattants, n’ont plus de points de repères, d’où une hécatombe de victimes imprécises.
Il est finalement, décidé d’incendier l’église, mais lors de l’assaut, à coups de hache contre la porte, par Guérin, deux balles atteignent mortellement le courageux lieutenant. Désespérées les troupes vendéennes et Charette se retirent, ce qui anéantira le moral des troupes.
Charette organisa de grandioses obsèques militaires à son valeureux lieutenant, à Bourg sous la Roche. Quelques combats sanglants plus tard, plus au nord de la Vendée, découragé, mais refusant de s’expatrier, d’abandonner ses troupes clairsemées, Charrette est débusqué à la Chabotterie. Fait prisonnier, il fut fusillé à Nantes, le 29 mars 1796, évènement qui marqua la fin des guerres de Vendée. (La place de Saint-Cyr en Talmondais porte le nom du lieutenant, devenu Général Guérin)

L’EGLISE

L’église de Saint-Cyr en Talmondais présente une architecture s’apparentant à l’austère style cistercien. Les travaux de réhabilitation extérieure, réalisés à l’occasion de son 400ème anniversaire, en 2004, l’ont métamorphosée et revêtue d’un certain panache.
Son large fronton surmonté d’une petite croix de fer, est percé d’un portail de style roman. Orné d’une double rangée de colonnettes insérées dans des nervures, il est encadré de deux niches rectangulaires (1). L’oeil de boeuf au-dessus du portail a reçu un vitrail étoilé, très lumineux. En ouvrant le lourd vantail de chêne (financé récemment par souscription), on est surpris par la nudité des murs blanchis, agrémentés toutefois d’appliques en fer forgé rappelant les torches médiévales

Crédence polylobée

De part et d’autre de l’allée, deux rangées de bancs de chêne, ornés de rosaces stylisées, sont mis en valeur par un sol de pierre immaculée de Crazannes (Charente).
Les murs sont percés de six hautes fenêtres avec vitraux aux dessins géométriques, contemporains, d’entrelacs aux coloris vifs. En avançant dans l’allée, deux autres vitraux de plus petite dimension et de couleur pastel. (on en cherche désespérément le nom de l’auteur…)
L’étonnement vient de la découverte du chœur dont le sol, apparait lui aussi rénové de pierres de Charente. Au plafond, une succession de trois arcs de grès blancs, en ogives de cintres différents, nous met en présence des seuls vestiges de l’ancienne chapelle du Prieuré Notre Dame, édifié au 11ème siècle, alors que la nef de l’église actuelle fut bâtie dans le prolongement de la chapelle au 14ème siècle.
Au plafond, un orifice circulaire nous permet d’imaginer le passage des deux cloches (en bronze d’airain), (dont l’une a eu pour parrain Auguste Morin, curé de Saint Cyr), hissées dans le clocher quadrangulaire, habillé d’ardoises, dominé par un coq en métal, visibles de l’extérieur.
La croisée d’ogives reliant les deuxième et troisième arcs laisse deviner une petite clé de voûtes au décor de feuille d’Acanthes sous quatre visages, rongés par les ans. Le mur du fond, en pierres apparentes (1) est percé d’une double fenêtre à fines lancettes polylobées, incrustées de vitraux de même époque que les neuf autres. Tous créés, réalisés et posés par un maître verrier dont le nom reste une énigme.

Bernadette MATTHIJSSE-  Avec l’aimable collaboration de Claude RABILLE et Claude GLUMINEAU