Son histoire

Construite en granit vers 1170/1180, l’église succède peut-être à une première construction en bois liée à un prieuré dédié à Saint Jacques, dont la fin est mentionnée au Xllème siècle. Il n’y a pas de certitude sur l’emplacement du premier prieuré.

De type roman poitevin, cette église fut d’abord dédiée à Saint Michel et accolée à un second prieuré du même nom relié par la petite porte côté sud, donnant aujourd’hui sur l’esplanade. Ce second prieuré disparaît avec la Révolution.

En 1451, l’église Saint Michel est rattachée au diocèse et devient donc église paroissiale, dédiée de nouveau à Saint Jacques. A Moutiers-Les-Mauxfaits, nous sommes sur une des voies secondaires du chemin vers Saint Jacques de Compostelle. Ce changement de nom peut correspondre à une période de relative prospérité liée à l’activité des halles ; le bourg se développe et la communauté forme donc une paroisse. Initialement de plan rectangulaire, avec sa nef et ses bas-côtés, sans transept et sans chevet, c’est au XIXème siècle (vers 1840) que furent rajoutées l’abside semi-circulaire et la sacristie. En 1867, le clocher actuel remplaça l’ancien clocher qui était plus écrasé et davantage décalé côté nord.

Enfin, c’est en 1890 que fut mis en place le mobilier actuel. Les bancs des deux bas-côtés ont été restaurés en 2019. Le temps de ces travaux a laissé apparaître plusieurs pierres tombales dont les inscriptions restent difficiles à lire : la plupart remonte au XVIIIème siècle.

Classée monument historique en 1908, cette église connut, durant ces huit siècles et à son échelle, les aléas de la Grande Histoire :

– En 1305, elle reçoit la visite de Bertrand de Goth, archevêque de Bordeaux et futur pape Clément V.

Durant les Guerres de religion, elle fut incendiée et pillée en 1568 et 1622 par les troupes huguenotes
– En pleine Révolution, elle fut attaquée deux fois en 1793 et 1794, par les troupes de
Charrette, chef vendéen. Moutiers-Les-Mauxfaits était rebaptisée « Moutiers-La-fidèle ». Elle était ville de garnison et l’église transformée en entrepôt de vivres et de munitions.

Après les Guerres de Vendée et la Révolution française, l’église Saint Jacques redevient un lieu de culte en 1803 suite au Concordat signé entre Bonaparte et la papauté.

Parmi les éléments de décor, il faut signaler les deux tableaux du début XXème siècle (le baptême du Christ et la Résurrection) réalisés par Gustave Delhummeau, peintre copiste moutierrois de notoriété nationale.

Les statues de Saint Pierre et de Saint Jean, en bois polychrome, remonteraient à la fin du XVIIIème siècle. Elles sont recensées en bois blanc dans l’inventaire de 1905, et les couleurs primitives ont été redécouvertes récemment.

Ces derniers mois, la voûte de la nef laisse apparaître certaines fissures, donc une fragilité accentuée, peut-être due au poids du clocher. Debout depuis huit cents ans, l’église Saint Jacques a traversé les siècles mais nécessite toujours une vigilance
particulière.

Thierry Pain

Sa visite

Intérieur…

L’église comporte une nef et deux bas-côtés. Elle a 5 travées et les 8 puissants piliers supportent la voûte en pierre.

La première travée ayant la charge du clocher les piliers sont formés de 4 colonnes et de 8 colonnettes. Par contre les autres piliers n’ont que 4 colonnettes.

Les chapiteaux sont peu sculptés , car le granit utilisé était sans doute trop dur.

Le dallage ne date pas de la construction, le sol devait être sans doute 30 cm plus bas. 11 n’y avait pas de siège mais autour des piliers il y avait possibilité de s’asseoir. On en trouve des restes bien visibles surtout aux piliers du fond. Ces sièges ont été démolis lors de la mise en place des bancs vers les années 1890. De même couraient le long des murs des bancs en pierre: eux-aussi démolis .

Si vous avancez dans l’église, on s’habitue au peu de lumière. L’éclairage naturel est assuré par des croisés plein cintre très évasées en dedans, ouvertes dans les murs latéraux. Sur les piliers à l’entrée du choeur vous découvrirez 2 Statues du XVII° en bois polychrome : à droite St Pierre et à gauche St Jean.

L’abside actuelle est donc récente (1840). Il semblerait qu’elle ait remplacé une autre abside beaucoup plus petite dont nous n’avons aucune trace. Certains prétendent que l’église se terminait par un mur avec une rosace ou 3 vitraux. Mais reste le point d’Interrogation. Le dallage en mosaïque du choeur date de l’époque de cette construction. (1840)

Côté Nord : La porte donnait sur le cimetière. Nous trouvons près de cette porte des pierres tombales. Il y a celle de Raoul III de Mauléon près du bénitier, mais c’est peu lisible. Sur ce même bas côté d’autres inscriptions sur des pierres dépassent des bancs. La Chapelle de la Ste Vierge remonte à la restauration du choeur de l’église.

Côté Sud : La porte de sortie est avec linteau, ce qui indiquerait qu’elle ne donnait pas dehors, comme les deux autres portes. Elle devait donner directement dans le prieuré ou du moins dans un local attenant à l’église… un local plus bas que le vitrail au dessus de la porte. En 1840 ce local ou ce qui en restait servait de sacristie.

La Chapelle St Joseph recevait le baptistère : une cuve en marbre noir. Les tableaux qui ornent cette chapelle sont de Mr DELHUMEAU, un peintre mort au début du siècle à Moutiers. Il s’agit du « Baptême de Jésus dans le Jourdain » et « de la Résurrection du Christ « 

Extérieur

Façade Ouest : Nous sommes face à l’entrée principale. On note 2 étages que délimite un cordon horizontal, mouluré, armé de consoles à figures symboliques dont il ne reste que quelques traces. Dans la partie inférieure 3 arcades plein cintre . Celles de droite et de gauche, dites « aveugles », sont approfondies en forme de niche pour recevoir, soit une statue, soit un bas-relief. L’arcade centrale ornée de 5 archivoltes à claveaux cunéiformes soutenues par autant de colonnes cylindriques donne accès à l’intérieur. Les 5 archivoltes annoncent déjà les 5 travées de la nef. A la partie supérieure de la façade une baie et 2 oculus donnent de la lumière à l’église .

Façade nord et sud. Rien de particulier…

Face est. Il reste à droite la forme d’un ancien vitrail, que l’on devine d’ailleurs aussi à gauche de l’abside