Angélus: le Pape prône le repos contre «la dictature du faire»

L’alliance du cœur et de la lenteur. Avant de réciter la prière mariale de l’Angélus, dimanche 21 juillet, place Saint-Pierre, le Pape a exhorté chacun à cultiver son désert intérieur au milieu du bruit et de l’affairisme quotidiens. Seule manière selon lui d’être présent pour son prochain, sous le regard de Dieu.


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«Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu». Méditant sur l’Évangile selon saint Marc de ce dimanche 21 juillet, qui reflète la compassion de Jésus devant la foule qui l’attendait «comme des brebis sans berger», le Souverain pontife est revenu sur ce binôme en apparence «inconciliable» formé par le repos et la compassion.

«Une société prisonnière de la précipitation»

/Si Jésus apparait préoccupé par la fatigue des disciples, «peut-être saisit-il un danger qui peut aussi affecter notre vie et notre apostolat, lorsque, par exemple, l’enthousiasme dans l’accomplissement de la mission, ainsi que le rôle et les tâches qui nous sont confiés, nous rendent victimes de l’activisme, trop préoccupés par les choses à faire et par les résultats», s’est demandé François, déconseillant de trop s’agiter, au risque de perdre de vue l’essentiel et d’épuiser nos énergies en tombant dans la fatigue du corps et de l’esprit.

Un avertissement important pour la vie et la société contemporaine «souvent prisonnière de la précipitation», mais aussi pour l’Église et pour le service pastoral: «Prenons garde à la dictature du faire!», s’est exclamé le Pape.

La compassion ne s’éprouve que le cœur reposé

Ce repos proposé par Jésus n’est pas une fuite du monde ou une retraite dans le bien-être personnel, a précisé le Successeur de Pierre, au contraire, face aux personnes perdues, il éprouve de la compassion. L’Évangile nous apprend donc que ces deux réalités -repos et compassion- sont liées: «ce n’est que si nous apprenons à nous reposer que nous pourrons avoir de la compassion».

“Ce n’est que si nous apprenons à nous reposer que nous pourrons avoir de la compassion.”

«En effet, il n’est possible d’avoir un regard compatissant, qui sache saisir les besoins de l’autre, que si notre cœur n’est pas consumé par l’angoisse de faire, si nous savons nous arrêter et, dans le silence de l’adoration, recevoir la Grâce de Dieu.»

Un tête à tête entre Dieu et soi-même 

Et l’évêque de Rome d’interpeller fidèles et pèlerins de ce mois de juillet: «Est-ce que je sais m’arrêter au cours de ma journée? Est-ce que je sais prendre un moment pour être avec moi-même et avec le Seigneur, ou est-ce que je suis toujours pris dans la course des choses à faire?» En cette période estivale, François a donc exhorté chacun à trouver un peu de «désert» intérieur au milieu du bruit et des activités quotidiennes.

JO de Paris: le Pape espère que les athlètes seront des messagers de paix

À cinq jours des 33e Jeux olympiques d’été qui débuteront à Paris vendredi 26 juillet, le Souverain pontife a rappelé ce dimanche combien le sport est aussi «une grande force sociale, capable d’unir pacifiquement des personnes de cultures différentes». François a confié espérer que cet événement soit «un signe du monde inclusif que nous voulons construire» et que les athlètes, avec leur témoignage sportif, «soient des messagers de paix et de bons modèles pour les jeunes».

«En particulier, selon la tradition ancienne, les Jeux olympiques devraient être l’occasion d’établir une trêve dans les guerres, en démontrant un désir sincère de paix», a affirmé l’évêque de Rome, qui avait déjà fait parvenir un message sur la trêve olympique, vendredi 19 juillet, à l’occasion de la messe d’ouverture de la trêve en l’église parisienne de La Madeleine.

L’esprit olympique, antidote au tragique de la guerre

S’adressant à l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, François y décrit les JO comme «un lieu exceptionnel de rencontre entre les peuples, même les plus hostiles»«En cette période troublée où la paix mondiale se trouve gravement menacée, je souhaite ardemment que chacun ait à cœur de respecter cette trêve dans l’espoir d’une résolution des conflits et du retour à la concorde», y affirme encore le Pape. «L’authentique esprit olympique et paralympique est un antidote pour ne pas tomber dans la tragédie de la guerre et se racheter en mettant fin à la violence», a soutenu aussi François, préfaçant le 13 juin dernier un ouvrage de la Librairie éditrice vaticane (LEV) intitulé «Jeux de paix. L’âme des Jeux Olympiques et Paralympiques».

Le dispositif du 26 juillet au 11 août

Au Village olympique situé dans le nord de Paris, 2 000 sportifs sont déjà arrivés, selon le CIO. Le lieu doit accueillir 14 250 personnes, dont environ 9 000 athlètes. Outre des renforts étrangers, quelques 35 000 policiers et gendarmes et 18 000 militaires français seront mobilisés en moyenne chaque jour pour sécuriser les Jeux où sont attendus 15 millions de visiteurs, selon le ministère français de l’Intérieur.

François: «Les femmes souffrent souvent d’un manque de reconnaissance»

Le Pape François a signé la préface de «Femmes et ministères dans l’Église synodale», écrit par les cardinaux Hollerich et O’Malley et trois théologiennes, dont l’évêque anglican Jo Bailey Wells, qui ont participé à la réunion du C9 en février dernier. Pour le Saint-Père, «le drame des abus nous a obligés à ouvrir les yeux sur le fléau du cléricalisme qui est une manière déformée d’exercer le pouvoir dans l’Église dans laquelle tout le monde peut tomber: même les laïcs et les femmes».

Salvatore Cernuzio – Cité du Vatican

Les femmes, leur rôle et leur souffrance pour la reconnaissance «de ce qu’elles sont et de ce qu’elles font». Puis les ministères ordonnés, la synodalité, le drame des abus qui «nous a ouvert les yeux» sur le «fléau» du cléricalisme et l’exercice déformé du pouvoir dans l’Église, même par les laïcs, même par les femmes elles-mêmes.

Toutes ces questions ecclésiales sensibles sont abordées dans la préface que le Pape François a signée pour le livre, « Femmes et ministères dans l’Église synodale« , un ouvrage à dix mains écrit par trois théologiennes et deux cardinaux: la sœur salésienne Linda Pocher, professeur de christologie et de mariologie à l’Auxilium de Rome (qui a également signé l’introduction); Jo Bailey Wells, évêque de l’Église d’Angleterre et sous-secrétaire générale de la Communion anglicane; ainsi que Giuliva Di Berardino, consacrée de l’Ordre des Vierges du diocèse de Vérone, liturgiste, professeur et responsable de cours de spiritualité et d’exercices spirituels. Les cardinaux Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et rapporteur général du Synode, et Seán Patrick O’Malley, président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, ont également participé à l’écriture de ce livre.

Dialogue entre auteurs

Ce dialogue, en l’occurrence virtuel, ou plutôt «littéraire», est toutefois le fruit d’un véritable dialogue entre les auteurs eux-mêmes, ainsi qu’avec le Pape et le Conseil des cardinaux lors de la réunion du C9 du 5 février 2024. Une réunion à laquelle, pour la première fois depuis l’institution de cet organe, les trois théologiennes ont été invitées par le Souverain pontife à participer, afin d’offrir des contributions et des «provocations», selon la définition de François, sur le thème du «rôle de la femme dans l’Église».

La question est maintenant explorée dans cette nouvelle publication parue le 9 juillet. Elle fait suite au précédent livre de Sœur Linda Pocher et d’autres auteurs dont le titre « Démasculiniser l’Église« , s’inspire d’une expression du Pape lui-même.

Les ministères ecclésiaux, un sujet important et sensible

Dans la préface, publiée ce jeudi dans son intégralité par L’Osservatore Romano, le Pape déroule sa réflexion à partir de l’un des postulats clés de son pontificat: «la réalité est plus importante que l’idée». C’est le même principe -et François s’en dit satisfait- qui guide «le programme proposé par sœur Pocher pour la formation du Conseil des cardinaux sur le thème de la femme dans l’Église, même en ce qui concerne une question aussi importante que délicate comme celle des ministères dans la communauté ecclésiale».

Le drame des abus

Derrière ce thème se cache «une certaine souffrance des communautés ecclésiales quant à la manière de comprendre et de vivre le ministère». Ce n’est pas «une réalité nouvelle», a souligné le Saint-Père, rappelant comment «le drame des abus nous a obligés à ouvrir les yeux sur le fléau du cléricalisme, qui ne concerne pas seulement les ministres ordonnés, mais une manière déformée d’exercer le pouvoir dans l’Église dans laquelle tout le monde peut tomber: même les laïcs, même les femmes».

«Écouter les souffrances et les joies des femmes est certainement une façon de nous ouvrir à la réalité», a estimé François.

“En les écoutant sans jugement et sans préjugés, nous nous rendons compte qu’en de nombreux endroits et dans de nombreuses situations, les femmes dans l’Église souffrent précisément du manque de reconnaissance de ce qu’elles sont et de ce qu’elles font, mais aussi de ce qu’elles pourraient faire et être si seulement elles en avaient l’espace et l’opportunité. Les femmes qui souffrent le plus sont souvent celles qui sont les plus proches, les plus disponibles, préparées et prêtes à servir Dieu et son Royaume.”

Ne pas sacrifier la réalité sur l’autel des idées

Le Pape François nous invite donc à regarder la réalité plutôt que les idées, afin d’éviter de tomber dans le «piège» dans lequel l’Église elle-même a souvent trébuché au cours de l’ère moderne, à savoir celui de «considérer la fidélité aux idées plus importante que l’attention à la réalité».

«Cependant, la réalité est toujours plus grande que l’idée, et lorsque notre théologie tombe dans le piège des idées claires et distinctes, elle se transforme inévitablement en un lit de Procruste, qui sacrifie la réalité, ou une partie de celle-ci, sur l’autel de l’idée», a reconnu le Saint-Père. Le mérite du volume «Femmes et ministères dans l’Église synodale» est donc de «ne pas partir de l’idée, mais de l’écoute de la réalité, de l’interprétation sapientielle de l’expérience des femmes dans l’Église».

Les femmes dans l’Instrumentum laboris

La question du rôle des femmes dans l’Église a refait surface ces derniers jours avec la publication de l’Instrumentum laboris de la deuxième session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques en octobre prochain. En effet, le texte de base pour le travail des pères et mères synodaux souligne «la nécessité de mieux reconnaître» leurs charismes et leurs vocations. Les femmes, souligne le texte, «en vertu du baptême, sont dans une condition de pleine égalité, reçoivent la même effusion de dons de l’Esprit et sont appelées au service de la mission du Christ».

Ainsi poursuit l’Instrumentum laboris, le premier changement à opérer est donc «celui de la mentalité», avec «une conversion à une vision de relation, d’interdépendance et de réciprocité entre les femmes et les hommes, qui sont sœurs et frères dans le Christ, en vue de la mission commune».

Quant à la question du diaconat féminin, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, a rappelé, lors de la conférence de presse de présentation de l’Instrumentum laboris, qu’elle ne sera pas abordée lors de la prochaine assemblée car elle fait l’objet d’un des groupes d’étude mis en place par le Pape pour approfondir la réflexion théologique et pastorale sur des questions spécifiques. Cette question a donc été confiée par François au dicastère pour la Doctrine de la foi, dans le contexte plus large des formes ministérielles, en collaboration avec le Secrétariat général du synode. Le travail, annonce le document sur les groupes d’étude publié en mars, visera à répondre au désir de l’assemblée synodale d’une «plus grande reconnaissance et appréciation de la contribution des femmes et d’un accroissement des responsabilités pastorales qui leurs sont confiées dans tous les domaines de la vie et de la mission de l’Église».

La seule cause qui vaille : le refus de la violence

Devant l’escalade de la violence politique et son sinistre spectacle, les chrétiens portent la seule cause qui vaille : celle du refus de la violence. Curé doyen de la ville de Lille, le père Benoist de Sinety appelle à privilégier le dialogue sur l’anathème.

Benoist de Sinety – publié le 07/07/24

Et si on calmait le jeu ? Histoire de se rappeler, simplement, que nous sommes des hommes, des femmes, qui appartiennent à une même nation et qui avancent vers un même destin. Si on arrêtait de jouer la carte du pire pour espérer l’emporter ? Voici qu’un ministre de l’Intérieur évoque 51  actes de violences contre des militants ou des candidats. Autant d’actes répréhensibles, autant de poursuites et sans doute de condamnations. Mais c’est un peu rapidement oublier que toute campagne comporte des actes de violence : les colleurs d’affiches d’autrefois qui mettaient des lames de rasoir à destination de qui oserait les arracher, bagarres entre militants dans les collages de nuit…

Violences de part et d’autre

Une amie m’envoyait hier le SMS reçu par sa fille, que voici (avec l’orthographe digne d’un enfant de CP) : « Bonjour, votre profil a été repéré comme supportant de la propagande rn et a été ajouté à la liste des militants repertoriés rn qui sera utilisée pour la chasse au nazi qui aura lieu si le rn passe dimanche. Toute ces personnes sont déjà entrain (sic) d’être étudiées et retrouvées et seront défigurées par une milice dédiée (ils ont pour ordre que la personne nazi tabassée soit irreconnaissable) ». D’autres évoquent des militants d’extrême-droite prenant en photo des compatriotes sortant de réunion du Nouveau Front populaire et les menaçant, eux aussi, de « faire des listes ». 

On joue avec la violence de part et d’autre, des sommets de l’État jusque dans les quartiers. On joue à se faire peur, jusqu’au jour où on y arrive. Les chaînes d’infos vendent mieux leurs espaces de pub, les invités des plateaux prennent l’air grave et sentencieux. Nous rêvons tellement d’être des Américains, que nous fantasmons leurs hoquets démocratiques.

Une France « à vif » 

Il est vrai, par ailleurs, que la classe politique est depuis belle lurette, dévalorisée : séries télévisées qui présentent tout sous le prisme du complot et du cynisme, humoristes qui, pour combler leur manque d’inspiration, se ruent sur l’humour facile, commentateurs salariés qui ne cessent de dénoncer les erreurs des gouvernants sans avoir jamais eux-mêmes pris le risque d’y rechercher les choses positives.

Il faut infiniment plus de courage pour résister à la violence que pour y succomber.

Il y a une France « à vif » : une France qui souffre d’être méprisée, d’être relayée, qui s’entend dire que le bonheur se trouve de l’autre côté de la rue et qui ne comprend plus qui peut la représenter légitimement. Il manque un cap. Il manque une vision. Il manque une générosité. À qui la faute ? Sans doute pas simplement aux politiques, mais à l’esprit de show, d’entertainment dans lequel on les maintient. Il leur faut en permanence être dans les codes d’une communication, au risque de ne faire que répéter avec des intonations différentes, les mêmes choses. Mais cette France à vif n’est pas pour autant violente. Ils sont très peu nombreux ceux qui rêvent du grand soir : quelques dingues qui n’ont jamais enterré Trotski, et quelques nervis qui gonflent leurs muscles devant le miroir narcissique d’une nostalgie stérile. Il faut infiniment plus de courage pour résister à la violence que pour y succomber. Les vrais héros sont ceux qui se refusent à sombrer dans l’esprit de revanche et qui prennent le risque d’être conspués et traités de lâches par ceux qui s’y précipitent sans réfléchir. 

Le dialogue plutôt que l’anathème

Après avoir agité le spectre du fascisme, puis celui du marxisme, voici que paraît maintenant celui de l’absence de tout gouvernement. Cette danse macabre ne peut pas être l’avenir de notre pays. Nous valons collectivement mieux que cela. Et parce que tout cela ne présage rien de simple, il ne serait sans doute pas inutile que tous ceux qui se refusent à ce sinistre spectacle, s’affichent comme militants de la seule cause qui vaille : celle du refus de la violence, condition absolue de la démocratie. En commençant par exemple par se rendre au bureau de vote en arborant un symbole de paix : un brassard blanc par exemple ? Se manifestant ainsi comme désireux de privilégier le dialogue sur l’anathème, la rencontre sur la défiance, l’espérance sur le cynisme, la bonté sur le mépris…

On nous explique que le vote des baptisés est maintenant, lui aussi, explosé. On ose poser ici l’acte de foi de croire que dans leur immense majorité, les disciples du Christ sauront vivre l’Évangile quoi qu’il en coûte de leurs colères, parfois légitimes, et leurs désirs de revanche… Et qu’ils s’affichent au cœur de toute violence, comme porteurs de la présence du Prince de la Paix.

En juillet, le Pape invite à prier pour les malades

Dans sa vidéo mensuelle de prière, réalisée ce mois-ci en collaboration avec l’archidiocèse de Los Angeles, le Pape François élève sa prière pour que le sacrement de l’Onction des malades devienne toujours plus un « signe visible de compassion et d’espérance».

Dans son intention mensuelle de prière pour ce mois de juillet, le Pape François demande de prier pour les malades, et en particulier «pour que le sacrement de l’Onction des malades donne aux personnes qui le reçoivent, ainsi qu’à leurs proches, la force du Seigneur, et devienne de plus en plus pour tous un signe visible de compassion et d’espérance».

L’Église croit et confesse que le prêtre vient en aide en administrant l’Onction des malades, un sacrement qui « offre la consolation » à ceux qui souffrent d’une maladie, ainsi qu’à leurs proches. L’invitation du Pape François à la prière de toute l’Église est une façon de mettre en évidence que l’Onction des malades est un sacrement de nature communautaire et relationnelle.

La proximité de Jésus

Ce sacrement assure la proximité de Jésus à la douleur de celui qui est malade ou âgé, le soulagement de ses souffrances et le pardon de ses péchés, mais il n’est pas synonyme d’un miracle de guérison du corps ni même d’une mort imminente.

L’Onction des malades est, bien souvent, le sacrement oublié ou moins reconnu, souligne le Pape dans la vidéo. Cependant, «c’est Jésus lui-même qui vient pour soulager le malade, pour lui donner la force, pour lui donner l’espérance, pour l’aider ; et aussi pour lui pardonner ses péchés. Et cela est très beau !» 

Méditation du 12è Dimanche ordinaire, B: Jésus est présent et agit dans nos vies

Chers Frères et Sœurs,

En ce douzième dimanche du temps ordinaire, l’Eglise nous donne de méditer l’évangile de la «tempête apaisée». Nous connaissons bien cet épisode: Jésus qui invite ses disciples à prendre la barque et à passer sur l’autre rive. Il est là, dans la barque, avec eux. Mais la traversée n’est pas de tout repos. Le vent leur est contraire, et les vagues les submergent. Et devant tout cela, Jésus dort sur un coussin, en arrière; et ne semble pas inquiet de ce qui constitue, aux yeux des disciples, un danger imminent. Ceux-ci crient vers lui, et Jésus intervient en leur faveur, fait taire le vent et ramène au calme la mer, leur reprochant, au passage, leur manque de foi.

Cette intervention du Seigneur fait passer les disciples de la crainte devant les menaces de la mer à une grande crainte devant celui qui se présente comme maitre des éléments du monde: «Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent?» (Marc 4, 41). Cette intervention de Jésus renvoie, d’une certaine manière, aux paroles adressées à Job, qui servent de première lecture en ce dimanche. Oui, seul Dieu est le Seigneur de l’univers, lui qui trace à la mer et au vent leurs limites. L’interrogation des disciples sur ce Jésus, à qui la mer et le vent obéissent, constitue donc, en soi, une profession de foi en la divinité de Jésus, sa reconnaissance comme Seigneur de l’univers, celui qui les sauvera, non seulement de danger des éléments de la nature, mais aussi de la mort éternelle; celui qui se présente en eux comme le Messie, le «Oint de Dieu».

L’évangile de ce dimanche s’adresse aussi à nous aujourd’hui. Que de fois n’avons-nous pas l’impression d’une indifférence de Dieu, même lorsque, comme chrétiens, nous suivons ses indications, et essayons de ramer vers les divers horizons qu’il nous indique? Devant notre propre situation, devant la situation de nos pays et du monde, en face de ce que peut vivre l’église, nous aurions aujourd’hui envie de crier vers lui: «Maitre, nous sommes perdus: cela ne te fait rien?». Laissons-nous rejoindre par cette parole de Jésus: «Pourquoi êtes-vous si craintifs? N’avez-vous pas encore la foi?». C’est un appel à la confiance en sa présence constante dans nos vies, même lorsque nous avons le sentiment de ne plus sentir cette présence: «il est là au cœur de nos vies; et c’est lui qui nous fait vivre». Appel aussi à être attentifs à cette présence, que nous étouffons parfois par la crainte des vagues contraires qui, souvent, nous fait sombrer. Appel à reconnaitre l’amour infini du Père, qui, par son Fils Jésus, ne cesse de nous donner vie et souffle, malgré nos égarements.

Si, devant l’autorité de Jésus sur les vagues de la mer, les disciples ont entrevu sa divinité, nous aussi, devant cette présence aimante de Dieu dans nos vies, nous pouvons pousser cette exclamation admirative: «Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi?». Reconnaissance de l’amour de Dieu qui conduit à la transformation de nous, pour devenir des «créatures nouvelles». Invitation à centrer notre vie sur Jésus qui est mort et ressuscité pour nous, comme nous l’enseigne la deuxième lecture de ce jour: «le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux» (2 Cor. 5, 15)

En ce dimanche, demandons donc au Seigneur de nous donner de découvrir, jour après jour, sa présence agissante dans nos vies. Qu’il nous accorde de voir toute chose sous le regard de son amour infini; et de vivre de cet amour, car c’est cela le plus important.

Ainsi soit-il! 

Au sujet de la situation en France : prière des évêques du Conseil permanent de la CEF à l’attention des fidèles

Le résultat des élections européennes est un symptôme de plus d’une société inquiète, douloureuse, divisée. La dissolution de l’Assemblée nationale a placé notre pays dans un trouble inattendu. Comme tous nos concitoyens, nous, catholiques, avons à exercer notre responsabilité démocratique.

Comme chrétiens, cependant, nous avons une vive conscience que les élections législatives ne résoudront pas tout.  C’est dans l’espérance du Règne de Dieu inauguré par le mystère de la mort et de la résurrection de Jésus que nous voulons être des citoyens responsables et apporter notre contribution à la qualité de la vie démocratique et sociale de notre pays.

Le malaise social que nous constatons a certes partie liée à des décisions politiques, mais il est plus profond. Il tient aussi à l’individualisme et à l’égoïsme dans lesquels nos sociétés se laissent entraîner depuis des décennies, à la dissolution des liens sociaux, à la fragilisation des familles, à la pression de la consommation, à l’affaiblissement de notre sens du respect de la vie humaine, à l’effacement de Dieu dans la conscience commune. Les parlementaires et les responsables politiques ne peuvent pas tout. Ils ont à chercher le meilleur pour nous tous, pour l’unité, la prospérité et le rayonnement de notre pays dans un monde en profonde mutation. Ils ne peuvent agir qu’en fonction de la détermination de tous à agir pour le bien commun.

Demain, le 8 juillet, quels qu’auront été nos choix électoraux, nous tous Français, nous aurons encore et toujours à respecter nos concitoyens qui auront d’autres opinions que les nôtres et à œuvrer ensemble à la continuité et à l’amélioration de notre vie sociale commune. Nous aurons encore à vouloir que notre pays honore ses engagements et serve la paix et la justice dans le monde. Nous aurons toujours à nous garder de la violence, à veiller à ne pas diffuser la colère et la haine, à ne pas nous résigner à l’injustice mais à lutter pour la justice par les moyens de la vérité et de la fraternité. Demain, chacun devra toujours s’inquiéter de ceux qui vont moins bien que lui.

Nous, catholiques, nous le ferons en puisant dans la grâce de Dieu et dans notre foi en son salut, pour surmonter peurs, colères, angoisses et pour être des « artisans de paix » et des acteurs de l’amitié sociale. Nous pourrons nous appuyer sur la communion qu’est notre Église.

C’est pourquoi, évêques du Conseil permanent, nous formulons la prière suivante et nous la proposons aux fidèles qui voudront bien s’y associer.

« Dieu de vérité et de bonté, en ces temps de décisions fortes
pour notre pays la France,
aide-nous à discerner correctement ce qui est juste.

Renouvelle en nous, chaque matin, le goût de servir, pour que nous accomplissions nos tâches avec cœur
et garde-nous de mépriser quelque être humain que ce soit.

 Viens, Esprit-Saint, éclairer ceux et celles qui seront choisis comme députés ou auront à gouverner notre pays.

Qu’ils puissent ensemble chercher le meilleur pour nous tous.
Imprime en eux un grand sens du service du bien commun.

Sainte Vierge Marie, sainte Jeanne d’Arc, sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, patronnes de la France, veillez sur notre pays.
Qu’il soit une terre de liberté, de justice, de fraternité et se tienne à la hauteur de son rôle dans l’histoire.

 Aidez-nous à y être, à notre modeste place mais selon toute notre responsabilité, des disciples de l’Évangile.

Amen. »


Mgr Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France
Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours, Vice-président de la Conférence des évêques de France
Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil, Vice-président de la Conférence des évêques de France
S. Em. le Cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille
Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris
Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen
Mgr Sylvain Bataille, évêque de Saint-Étienne
Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges
Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre

«La prière du pauvre s’élève jusqu’à Dieu», rappelle le Pape

En cette Année de la prière, «nous devons faire nôtre la prière des pauvres et prier avec eux». Telle est l’invitation faite par le Pape dans son message pour la VIIIème Journée mondiale des pauvres qui aura lieu en novembre prochain. François encourage à plus d’action pastorale. En effet, estime-t-il «la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle».

Vatican News

Dimanche 17 novembre 2024, sera célébrée la 8ème édition de la Journée mondiale des pauvres. Une célébration devenue un rendez-vous pour chaque communauté ecclésiale. «C’est une opportunité pastorale à ne pas sous-estimer, car elle incite chaque croyant à écouter les prières des pauvres, à prendre conscience de leur présence et de leurs besoins». Elle reste également, rappelle le Pape dans son message paru jeudi 13 juin, une occasion propice pour mettre en œuvre des initiatives qui aident concrètement les pauvres, mais aussi pour reconnaître et soutenir les nombreux bénévoles qui se consacrent avec passion aux plus démunis.

François invite à «remercier le Seigneur pour les personnes qui se rendent disponibles pour écouter et soutenir les plus pauvres». Ces derniers occupent une place importante dans le cœur de Dieu, à tel point que, face à leur souffrance, Dieu est «impatient» tant qu’il ne leur a pas rendu justice. Et Ben Sira, auteur du livre du Siracide, sage scribe de Jérusalem enraciné dans la tradition d’Israël, qui enseignait dans divers domaines de la vie humaine l’a découvert durant son parcours, rappelle le Pape.

Un Père aimant qui n’oublie pas les pauvres 

François rassure de la présence de Dieu qui connaît les souffrances de ses enfants, car il est un Père attentif, bienveillant à l’égard de tous. Il prend soin de ceux qui ont le plus besoin de lui, souligne le Saint-Père: des pauvres, des marginalisés, des souffrants, des oubliés… Mais, précise-t-il, «personne n’est exclu de son cœur, car devant lui, nous sommes tous pauvres et nécessiteux. Nous sommes tous des mendiants, car sans Dieu, nous ne serions rien. Nous n’aurions même pas la vie si Dieu ne nous l’avait pas donnée».

“[Le bonheur ne s’acquiert pas en piétinant le droit et la dignité des autres]”

Les pauvres et les innocents, victimes des guerres 

Le Pape dénonce dans son message la violence causée par les guerres qui «montre bien quelle arrogance guide ceux qui se croient puissants devant les hommes, alors qu’ils sont misérables aux yeux de Dieu». Dans ces guerres, déplore-t-il, les plus faibles et les pauvres en paient malheureusement le prix: «Combien de nouveaux pauvres sont le produit de cette mauvaise politique faite avec des armescombien de victimes innocentes?». Devant cette situation, l’évêque de Rome invite «à écouter le cri des pauvres et à les secourir»

.En cette année consacrée à la prière, «nous devons faire nôtre la prière des pauvres et prier avec eux. C’est un défi que nous devons relever et une action pastorale qui doit être encouragée». Pour lui, «la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle». L’immense majorité des pauvres a une ouverture particulière à la foi, note-t-il: «Ils ont besoin de Dieu et nous ne pouvons pas négliger de leur offrir son amitié, sa bénédiction, sa Parole, la célébration des Sacrements et la proposition d’un chemin de croissance et de maturation dans la foi».

Se faire l’ami des pauvres

S’adressant également aux pauvres, François leur dit ceci: «Ne perdez pas cette certitude! Dieu est attentif à chacun de vous et il est proche de vous. Il ne vous oublie pas et ne pourra jamais le faire». Même lorsque parfois les prières adressées à Dieu semblent sans réponse, François précise que «le silence de Dieu n’est pas une distraction de notre souffrance; il contient plutôt une parole qui demande à être accueillie avec confiance, nous abandonnant à Lui et à sa volonté».

“[Le jugement de Dieu sera en faveur des pauvres” (cf. 21, 5). C’est donc de la pauvreté que peut jaillir le chant de l’espérance la plus authentique]”

La mission de Mère Teresa de Calcutta qui a donné sa vie pour les pauvres est aussi évoqué par le Pape: «La sainte répétait sans cesse que la prière était le lieu où elle puisait la force et la foi pour sa mission de service aux plus démunis».

Dans ce parcours de chemin vers l’Année Sainte, le Pape exhorte chacun à devenir un «pèlerin de l’espérance, en donnant des signes tangibles d’un avenir meilleur». En ces moments, «où le chant de l’espérance semble céder la place au vacarme des armes, au cri de tant d’innocents blessés et au silence des innombrables victimes des guerres», il invite à invoquer Dieu pour la paix. À se faire «amis des pauvres, en suivant les traces de Jésus qui, le premier, s’est montré solidaire des derniers». La prière du pauvre, insite-t-il, s’élève jusqu’à Dieu (cf. Si 21, 5).

Le Vatican plaide pour le travail décent et la protection de l’économie dans le monde

L’injustice est trop répandue dans certaines régions du monde, estime Mgr Balestrero, observateur permanent du Saint-Siège auprès de l’ONU à Genève, dans son intervention lors de la 112e session de la Conférence internationale du travail. En Afrique subsaharienne par exemple, plus de 80 % des personnes qui travaillent se trouvent dans une situation d’extrême pauvreté et surtout sans protection sociale.

Que les peuples du monde «embrassent et protègent» l’importance d’un travail digne, sur la voie d’une économie qui -en reprenant les mots du Pape- peut être définie avant tout comme «du soin». Tels sont les propos de Mgr Ettore Balestrero, observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations unies et d’autres organisations internationales à Genève, lors de la 112e session de la Conférence internationale du travail.

Au niveau mondial, a noté le nonce apostolique, «l’impact persistant et profond des inégalités sociales» est évident: en Afrique subsaharienne, plus de 80 % de la main-d’œuvre dépend du secteur informel, sans protection sociale, dans un contexte d’extrême pauvreté. Des aspects similaires apparaissent également en Asie du Sud, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Dans de nombreuses régions, a-t-il ajouté, les femmes continuent d’être désavantagées dans l’accès au marché du travail et le manque d’emploi pousse les jeunes vers la drogue et la criminalité. Des millions de personnes émigrent à la recherche d’un emploi ou parce qu’elles sont contraintes de fuir les guerres, de l’Ukraine à Gaza, la violence, le changement climatique, les persécutions et la pauvreté.

Préoccupation pour le vieillissement de la population

Le Saint-Siège a également exprimé «avec inquiétude» sa préoccupation concernant certaines données démographiques: avec le vieillissement de la population, «le nombre de travailleurs âgés augmente régulièrement» et les faibles taux de natalité mettent en péril les dispositions habituelles en matière de sécurité et de services sociaux.

Parallèlement, dans de nombreuses économies moins développées, la population est jeune et en croissance, ce qui rend nécessaire la création de nouvelles opportunités d’emploi. L’impact croissant des nouvelles technologies et le risque -déjà évoqué par le Souverain pontife- «d’un avantage disproportionné pour quelques-uns au détriment de l’appauvrissement du plus grand nombre» font également partie de ce tableau. L’appel final est donc celui d’une justice sociale qui reste «essentielle» aujourd’hui, dans un contexte où la valeur de la personne est gravement menacée par de simples critères d’utilité.

Semer l’Évangile et attendre que la graine semée croisse

Lors de la prière de l’Angélus place Saint-Pierre, le Pape a focalisé ce dimanche 16 juin son exhortation sur «l’attente confiante». S’appuyant sur l’Évangile de la liturgie qui parle aujourd’hui du Royaume de Dieu à travers l’image de la semence, François a souligné que le Seigneur nous enseigne à «semer avec confiance l’Évangile là où nous sommes» et «à attendre, ensuite, que la graine semée porte du fruit, sans nous décourager».

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La question de «la semence» évoquée plusieurs fois par Jésus dans ses enseignements permet de mieux percevoir le sens de «l’attente confiante». Dans les semailles, a fait observer le Pape, quelles que soient la qualité et l’abondance avec lesquelles l’agriculteur répand la semence, et quelle que soit la qualité de la préparation du sol, les plantes ne germent pas immédiatement: «il faut du temps», a déclaré François. C’est pourquoi, a-t-il expliqué, «il est nécessaire qu’après avoir semé, il sache attendre avec confiance», pour «permettre aux graines de s’ouvrir au bon moment et aux pousses de sortir du sol et de croître, suffisamment fortes pour garantir, à la fin, une récolte abondante» (cf. v. 28-29)

Un Dieu patient

Le miracle, invisible, se produit déjà sous la terre (cf. v. 27), «il faut de la patience, et entre-temps il faut continuer à soigner les mottes, à les arroser et à les garder propres, bien qu’en surface rien ne semble se passer». Il en est de même pour le Royaume de Dieu. En chacun, le Seigneur met les semences de sa Parole et de sa grâce, bonnes et abondantes, et ensuite, «sans jamais cesser de nous accompagner, il attend patiemment», a fait comprendre le Saint-Père.

Il «ne cesse de s’occuper de nous» et «nous donne du temps, pour que les semences s’ouvrent, grandissent et se développent pour porter des fruits de bonnes œuvres». Le Seigneur aimant et Père veut en réalité que «rien ne se perde dans son champ», et que «tout arrive à pleine maturité; il veut que nous puissions tous grandir comme des épis», a dit le Pape.

Annoncer l’Évangile sans se décourager

Partant de cet exemple du Seigneur «patient envers nous» pour que chacun de ses enfants soit sauvé, François a aussi exhorté à «semer avec confiance l’Évangile là où nous sommes», et à «attendre, ensuite, que la graine semée croisse et porte du fruit en nous et dans les autressans nous décourager, sans cesser de nous soutenir et de nous aider les uns les autres». Même si, malgré les efforts fournis, l’on ne voit pas de résultats immédiats. En effet, a affirmé le Souverain pontife, «souvent même parmi nous, au-delà des apparences, le miracle est déjà en marche et, le moment venu, il portera des fruits en abondance», s’est-il exprimé avec confiance.

François a, ensuite, invité les fidèles à s’interroger sur leur attitude dans leur vie quotidienne: est-ce que je sème avec confiance la Parole de Dieu dans les milieux où je vis? Suis-je patient dans l’attente, ou est-ce que je me décourage parce que je ne vois pas de résultats immédiats? Et suis-je capable de tout confier sereinement au Seigneur, tout en faisant de mon mieux pour annoncer l’Évangile?

Puis pour terminer, le Pape a prié pour que «la Vierge Marie, qui a accueilli et fait croître en elle la semence de la Parole, nous aide à être des semeurs généreux et confiants de l’Évangile».