Dans le vol Singapour-Rome, François a répondu aux journalistes qui l’accompagnent et évoqué le drame des civils tués. Sur les élections américaines: entre Harris et Trump, il a invité chacun à choisir en conscience. Le Pape a également clairement condamné l’avortement tout comme le rejet des migrants. Il a répondu aux questions sur l’abbé Pierre, Notre Dame de Paris…
Votre Sainteté, tout d’abord merci pour ce voyage fascinant. Au Timor oriental, vous avez mentionné les jeunes victimes d’abus sexuels. Nous avons évidemment pensé à Mgr Belo. En France, nous avons un cas similaire avec l’abbé Pierre, fondateur d’Emmaüs, qui fut élu pendant plusieurs années la personnalité préférée des Français. Dans les deux cas, leur charisme rendait les accusations plus difficiles à croire. Je voudrais demander: que savait le Vatican de l’abbé Pierre? Et que dire aux victimes et à la population en général qui ont du mal à croire qu’une personne qui a fait tant de bien puisse aussi avoir commis des crimes? Et en parlant de la France, on aimerait aussi savoir: serez-vous à Paris pour l’inauguration de Notre-Dame en décembre? (Simon Leplatre – LE MONDE)
Je réponds à la dernière: je n’irai pas à Paris, je n’irai pas à Paris. Puis la première. Vous avez touché un point très sensible et très délicat. Ce sont des gens bien, des gens qui font le bien, vous avez parlé de l’abbé Pierre. Avec tant de bien fait, vous pouvez voir que cette personne est un vilain pécheur. Et c’est notre condition humaine. Il ne faut pas dire: couvrons, couvrons pour que ça ne se voit pas. Les péchés publics sont publics et doivent être condamnés. Par exemple, l’abbé Pierre est un homme qui a fait beaucoup de bien mais c’est aussi un pécheur. Nous devons parler clairement de ces choses, et non les cacher. La lutte contre les abus est quelque chose que nous devons tous faire. Mais pas seulement contre les abus sexuels, contre tous les types d’abus: abus sociaux, abus éducatifs, changement de mentalité, suppression de liberté. L’abus est à mon avis une chose démoniaque, car tout type d’abus détruit la dignité de la personne, tout type d’abus tente de détruire ce que nous sommes tous: l’image de Dieu. Je suis heureux quand ces cas se révèlent. Je vais vous dire quelque chose que j’ai peut-être dit la dernière fois: il y a cinq ans, nous avons eu une réunion avec les présidents des conférences épiscopales sur des cas d’abus sexuels et autres abus. Nous avons une statistique très bien faite, je crois des Nations Unies. De 42 à 46 % des abus ont lieu au sein de la famille ou dans le quartier. Enfin, les abus sexuels sur enfants, des mineurs, est un crime et une honte.
[Ajout à la fin de la conférence] Une chose à laquelle je n’ai pas répondu: ce que le Vatican savait de l’abbé Pierre. Je ne sais pas quand le Vatican l’a découvert, je ne sais pas. Je ne sais pas parce que je n’étais pas là et l’idée de faire des recherches là-dessus ne m’est jamais venue à l’esprit, mais certainement après la mort c’est certain. Mais avant, je ne sais pas.