Ce que ressent une personne âgée (mais qu’elle n’exprime pas toujours)

Voici quatre éléments importants à avoir en tête lorsque vous vous occupez d’une personne âgée.

Cerith Gardiner – publié le 22/09/23

Alors que la société évolue à une vitesse vertigineuse, il est important de se rappeler qu’il existe une génération – les personnes âgées – qui n’évolue peut-être pas au même rythme. Cependant, sans ces dames et messieurs âgés, nous ne serions pas là aujourd’hui. Lorsque vous prenez soin de vos aînés, il est important de garder à l’esprit certains sentiments auxquels ils peuvent être confrontés, et qu’ils n’expriment pas toujours.

ELLE PEUT RESSENTIR UNE FRUSTRATION PHYSIQUE

À partir d’un certain âge, une personne âgée est confrontée à ses limites physiques. Par exemple, elle ne peut plus gravir les montagnes comme elle le faisait autrefois. Elle marche d’un pas moins rapide. Elle entend moins bien. Autant de changements qui peuvent être source de frustration. Comment pouvez-vous l’aider ? Tout d’abord en ralentissant votre propre rythme, de paroles, de marche etc… pour s’assurer qu’elle puisse suivre sans que cela ne crée de frustration ou d’énervement. Il peut être bon également de commenter tout ce qu’elle est encore capable de faire.

Dans la perspective d’une dépendance, il est bon de rassurer une personne âgée sur le fait qu’elle ne sera pas seule. Il est important pour elle de savoir que si l’entretien de la maison est une charge trop lourde, vous pouvez trouver des solutions.

Nombreuses sont les personnes âgées à avoir une certaine réticence à l’idée de demander de l’aide. Une façon de devancer cette situation consiste à leur donner un coup de main avant qu’elles ne se rendent compte qu’elles en ont besoin. Accomplissez certaines tâches lors de vos visites, comme sortir les poubelles ou effectuer de petites réparations par exemple.

ELLE EST CONFRONTÉE À LA MORT DE SES PROCHES

Lorsque nous sommes jeunes, nous nous sentons invincibles. Nous reportons facilement les choses au lendemain car nous prenons le futur pour acquis. Cependant, à mesure que les années passent, on se rend de plus en plus compte de la valeur de la vie.

Au fur et à mesure qu’elles vieillissent, les personnes âgées perdent certains de leurs proches. Elles voient leur cercle d’amis se rétrécir. Des épreuves douloureuses qui soulignent la vulnérabilité de l’être humain et qui peuvent faire peur. Il ne s’agit pas nécessairement de la peur de mourir, mais, dans un couple, de la peur de vivre sans l’autre. 

La mort est inévitable, bien sûr, mais la meilleure façon d’aider un membre âgé de sa famille est d’être présent. Parfois, c’est aussi simple que de passer un appel téléphonique pour vérifier son état. Il est également important de planifier vos visites, cela lui donne de la joie et de l’espérance face à un avenir plus incertain.

ELLE A BESOIN DE PARLER DU PASSÉ

Une personne âgée a besoin d’évoquer les histoires du passé, de parler de personnes que vous n’avez peut-être jamais rencontrées ! Néanmoins, c’est important de les laisser partager ces moments avec vous. Vous en apprendrez davantage sur eux, ce qui est toujours intéressant voire amusant !

Il peut être agréable de faire des voyages dans le passé avec vos proches âgés. S’il fait beau, montez dans la voiture et voyagez ensemble vers des endroits qui leur tiennent à cœur. Ces moments peuvent être précieux pour les petits comme pour les grands.

ELLE A BESOIN DE SE SENTIR VALORISÉE

L’une des choses les plus cruciales dont nos aînés ont besoin est de se sentir valorisés. Cela passe surtout par l’écoute de leurs conseils, d’autant qu’ils en ont souvent beaucoup à partager. Vous pouvez également les inviter à être actifs dans vos vies. Assurez-vous simplement de faire preuve de patience s’ils ont des difficultés à gérer les derniers équipements pour bébés ou les dernières technologies.

En parlant de technologie, il est important de prendre le temps de les aider à découvrir de nouvelles façons de faire dans la vie quotidienne, comme les systèmes de paiement sans contact par exemple.

Une autre façon de valoriser un aîné est de passer du temps avec lui. Alors, recherchez vos proches âgés, profitez de leur compagnie et rappelez-vous que même s’ils ont vieilli physiquement, ils se sentent bien souvent plus jeunes de plusieurs décennies et pleins d’entrain pour s’engager dans la vie.

«La médecine qui renonce à guérir n’est plus l’art de guérir», dit le Pape

Recevant en audience le 18 novembre au Vatican, les membres de la Fédération italienne des médecins pédiatres et l’Association italienne d’oto-rhino-laryngologie, l’évêque de Rome a souhaité «que les jeunes redécouvrent le courage et la joie de devenir parents» en Italie. Il a aussi évoqué la condition du malade, qui «doit être approché avec l’attitude du Bon Samaritain, qui ne regarde pas ailleurs, mais se penche sur l’homme blessé», a-t-il déclaré.

Heureux de rencontrer ces professionnels de la santé, «au service des personnes qui ont besoin de soins», le Pape a d’emblée exprimé sa reconnaissance pour leur travail quotidien.

S’adressant aux pédiatres italiens présents, «une référence pour les jeunes couples», François a mis en avant un aspect important dans l’exercice de leur métier, celui de «les aider dans leur tâche d’accompagnement des enfants pour leur croissance». En effet, les enfants sont toujours un don et une bénédiction du Seigneur, soutient le Pape, espérant que dans «un pays malheureusement vieillissant» comme «l’Italie», des conditions favorables soient créées «pour que les jeunes aient davantage confiance et redécouvrent le courage et la joie de devenir parents».

Jésus, médecin par excellence 

Et se tournant ensuite vers les médecins ORL (spécialistes en oto-rhino-laryngologie, dans le diagnostic et le traitement des troubles du nez, de la gorge, de l’oreille, et de la tête et cou), le Pape a tenu à leur rappeler notamment qu’ils «traitent certains organes qui sont nécessaires à nos relations et qui nous permettent de rester en contact avec les autres et la communauté». Et Jésus qui est le médecin par excellence peut inspirer chacun d’entre eux, comme le témoigne l’Évangile. «Nous voyons Jésus s’approcher de personnes sourdes et muettes qui vivaient dans la solitude et l’isolement. Et on observe qu’en les guérissant, il fait des gestes particuliers et prononce des paroles particulières», raconte le Souverain pontife, pour qui «ces gestes et ces paroles peuvent inspirer», car ils témoignent de «la compassion et de la tendresse de Dieu pour nous, en particulier pour ceux qui souffrent de la fatigue des relations».

Pandémie et système de santé en Italie

Le Pape se souvient encore de la pandémie liée au coronavirus qui a terriblement touché l’Italie, et loue le dévouement, le sacrifice et l’engagement des professionnels de la santé, sans lesquels de nombreuses autres vies auraient été perdues.

François a aussi évoqué «le manque de personnel constant, qui, relève-t-il, entraîne des charges de travail ingérables et, par conséquent, une fuite des professionels de la santé». À cela s’ajoute le facteur «crise économique» persistant qui affecte, souligne l’évêque de Rome, la qualité de vie des patients et médecins: «Combien de diagnostics précoces ne sont pas posés? Combien de personnes renoncent à un traitement? Combien de médecins et d’infirmières, découragés et fatigués, abandonnent ou préfèrent aller travailler à l’étranger?», s’interroge François. Cela compromet selon lui l’exercice du droit à la santé, qui fait partie de l’héritage de la doctrine sociale de l’Église et qui est inscrit dans la Constitution italienne.

La rencontre fut l’occasion pour le Pape d’inviter à préserver le système de santé italien, «qui doit être soigné, développé, parce qu’il s’agit d’un système de service à la population», et de faire observer qu’une «médecine qui renonce aux soins et se retranche derrière des procédures déshumanisées et déshumanisantes n’est plus l’art de guérir». Le malade selon lui doit être approché avec l’attitude du Bon Samaritain, qui ne regarde pas ailleurs, mais se penche sur l’homme blessé et apaise sa souffrance, sans poser de questions, sans laisser son cœur et son esprit se fermer par des préjugés, sans penser à son propre intérêt.

Accueillir les patients et donner de l’espoir 

Cette parabole de l’Évangile «vous aidera à toujours regarder le visage des patients, petits et grands: à les accueillir et à leur donner de l’espoir, à écouter leurs histoires, à les soutenir dans les moments difficiles. Le mot clé est la compassion, qui n’est pas de la pitié! C’est un outil de diagnostic irremplaçable!», déclare-t-il.

L’appel pour les jeunes 

La proximité, la compassion et la tendresse, sont trois attitudes qui aident à toujours avancer, et à construire la société, répète le Pape. «Je vous souhaite d’être proches, compatissants et tendres», affirme le Saint-Père, encourageant «les jeunes à s’engager dans cette voie professionnelle, qui est une façon exigeante de travailler tout en s’occupant des autres».

Secours Catholique : »Notre société est malade », assure Jean Merckaert

Dans son rapport dévoilé aujourd’hui, le Secours Catholique dresse l’état de la pauvreté en France. Et le constat est sans appel : « le sort des plus vulnérables s’aggrave », et ce sont les femmes les premières victimes de la précarité, comme l’affirme Jean Merckaert, directeur Action-plaidoyer France Europe au Secours catholique invité de la matinale.

« Notre société est malade », déplore Jean Merckaert. Avec une dégradation de 7% du pouvoir d’achat constatée entre 2021 et 2022 chez les bénéficiaires du Secours catholique, la précarité se fait de plus en plus prégnante. Une pauvreté qui a plusieurs visages : les jeunes de 18 à 25 ans, les étrangers et surtout les femmes. « En 1989, le secours catholique accueillait à peu près pour moitié des hommes et des femmes ; en 2022 on est à +57% de femmes accueillies », illustre le directeur Action-plaidoyer de l’association. 

Ruptures et emplois précaires, accélérateurs de pauvreté

Plusieurs raisons expliquent cette vulnérabilité des femmes, à commencer par les ruptures conjugales. « Bien souvent ce sont les femmes qui trinquent parce qu’elles ont la charge des enfants dans neuf cas sur dix », explique Jean Merckaert. En devenant mère solo, les femmes ont d’importantes charges à assumer qui les met en difficulté financière. « Souvent elles se privent de choses pour elles-mêmes » afin que leur enfant ne soit privé de rien, constate-t-il. 


L’autre facteur de pauvreté résulte de l’inégalité économique avec les hommes. « Les femmes occupent souvent des métiers moins bien rémunérés, notamment des métiers du soin, et on s’aperçoit aussi qu’elles occupent des emplois plus précaires avec des CDD et des temps partiels subis », détaille le membre du Secours catholique

Ces personnes prennent soin du lien social, il serait temps qu’on prenne soin d’elles

Ces difficultés à boucler le budget sont sources d’angoisse pour les femmes et les mères seules. A cette « obsession quotidienne » s’ajoute le poids du regard de la société : « elles se sentent jugées, coupables, comme si on leur enfonçait la tête sous l’eau », rapporte-t-il. Un sentiment empiré par les termes administratifs employés à l’encontre de ces femmes, considérées pour la plupart comme « inactives », alors que de nombreuses charges leur incombent, notamment concernant l’éducation des enfants. « Ces personnes prennent soin du lien social, il serait temps qu’on prenne soin d’elles », conclut Jean Merckaert. 

Jean Merckaert a été rédacteur en chef de la « Revue Projet » de 2010 à 2018. Il est désormais directeur du plaidoyer France au Secours catholique – Caritas France. Il a animé, pour le CCFD-Terre Solidaire, des collectifs d’associations et de syndicats sur la dette des pays du Sud et la lutte contre les paradis fiscaux, et dirigé de nombreux rapports, dont « L’économie déboussolée » (déc. 2010) et « Biens mal acquis, à qui profite le crime ? » (juin 2009). Il est membre du conseil d’administration de l’association Sherpa, cofondateur de la plate-forme paradis fiscaux et judiciaires et du collectif « Tournons la page » pour la démocratie en Afrique, engagé dans la campagne pour le désinvestissement des énergies fossiles. ©Aurore Chaillou

[HOMÉLIE] Aux noces du Royaume, êtes-vous vierge folle ou vierge sage ?

James Tissot (Nantes, France, 1836–1902, Chenecey-Buillon, France). The Wise Virgins (Les vierges sages), 1886-1894. Opaque watercolor over graphite on gray wove paper, (Photo: Brooklyn Museum,)

Le Fr. Matthieu, chanoine prémontré de l’abbaye de Mondaye, commente l’évangile du 32e dimanche ordinaire (Mt 25, 1-13). Tous invités aux noces du Royaume des cieux, avons-nous veillé, comme les vierges sages, à remplir nos lampes de l’huile de la charité ?

Matthieu Ricquier-Didio – publié le 11/11/23

Il est parfois des temps qui semblent se conjuguer fortuitement. Nous sommes dans la fin de l’année liturgique où les textes ont une couleur d’annonce des derniers temps. En effet, au cours de ces trois dimanches, nous méditerons les trois paraboles évoquant le retour du Christ à la fin des temps chez saint Matthieu : parabole des dix jeunes filles (Mt 25, 1-13), puis celle des talents (Mt 25, 14-21)et enfin celle du jugement dernier (Mt 25, 31-46). Et par ailleurs, les médias ne cesse de nous rabattre les oreilles d’un monde où tout va mal ; on ne peut certes ignorer les conflits et les guerres, mais il est aussi un discours alarmiste qui semble nous laisser penser que nous coulons nos derniers jours heureux, une tempête en novembre suffit pour déclencher une avalanche de propos sur d’énigmatiques lendemains et au sein de l’Église elle-même, nous pourrions parfois croire que la fin est proche. 

Alors que le Christ s’apprête à entrer dans le drame de sa Passion, il vient nous présenter ce que sera l’avènement du Royaume à travers l’image d’une noce, noce où il se présente comme l’Époux. Il nous enseigne sur les temps à venir, sur ce que seront les temps qui précèdent le retour définitif du Fils de l’homme. Mais quel est le but de cette parabole sinon celui d’éclairer notre présent ? 

Se tenir prêt

Dans le plafond de la cathédrale Sainte-Cécile d’Albi, une fresque du XVIe siècle représente cette scène d’évangile dans un décor théâtral. Deux éléments attirent l’œil du visiteur. Le premier intrigue car de la maison de l’Époux sortent des rayons qui semblent dire que cette habitation se confond avec un ciel de lumière et de gloire, c’est le lieu même où le Christ siège en plénitude. Le second nous est donné à travers la présence de deux chiens. Le chien évoque symboliquement la figure de la fidélité, de la vigilance. On trouve donc un chien totalement endormi aux côtés des vierges folles et un chien bien dressé sur ses pattes attentif, évocateur d’une loyauté à son maître qu’il attend vigilant quant à son retour, du côté des vierges sages. 

Jésus ne dit pas qu’il ne faut pas dormir, mais qu’il faut être prêt ; il en va peut-être d’un sommeil avisé et d’un sommeil fou. Le sommeil de celui qui dort paisiblement car il est dans la confiance et le sommeil de l’oubli, de la fuite, ce fameux sommeil qui s’oppose à la veille, celui-là même dont les disciples seront atteint à Gethsémani qui fera dire au Christ (Mc 14, 38) :

Veillez et priez, afin de ne pas entrer dans l’épreuve ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible.

L’huile de la charité

Mais alors, de quoi doit être faite cette veille ? Cette huile qui est l’objet de convoitise entre les vierges qui toutes se sont endormies, quelle est son essence ? Notre Père saint Augustin, commentant ce passage d’évangile répond ainsi : 

Quelques-unes seulement [les vierges sages] ont eu soin de remplir d’huile leurs lampes : cette huile désigne la charité proprement dite ou la pureté d’intention qui les anime dans leurs bonnes œuvres, tandis que les vierges folles pratiquent le bien dans des vues humaines, par amour des louanges. Toutes s’endorment du sommeil de la mort ; mais quand il faut paraître devant Dieu, c’en est fait des louanges humaines, l’huile manque, la lampe s’éteint, la vierge folle est réprouvée. En vain elle implore la compassion des vierges sages. Celles-ci ne peuvent rien pour leurs malheureuses compagnes ; elles ont assez de leurs propres affaires. Ayons donc soin d’agir par un motif de charité véritable et n’attendons pas le réveil de la mort pour nous convertir : ce serait trop tard. (Sermon 93)

Voilà qui est clairement annoncé, notre attente du Royaume des cieux ne doit pas nous détourner de nos tâches quotidiennes mais les imprégner totalement en leur donnant un sens. C’est pourquoi il n’est pas possible malheureusement de donner ou prêter de notre huile. Nous pouvons inciter, inviter, orienter mais nous ne pouvons pas agir à la place des autres, nous ne pouvons pas exercer la charité à la place de notre prochain, nous ne pouvons pas tourner les yeux de notre prochain vers le ciel à sa place. Il ne s’agit donc pas tant de posséder quelque chose de matériel qui se partagerait, mais il s’agit de notre être profond duquel émane cet amour des autres, ce service mutuel, qui se concrétise en paroles et en actes. 

Cet amour qui doit grandir en nous 

Au portail sud de la cathédrale de Strasbourg, est représentée, en sculpture cette fois, notre parabole. On trouve le tentateur sous la figure d’un bel homme, qui tend une pomme et dont le dos est dévoré par les crapauds et les reptiles. Plus intéressante est la représentation des vierges folles qui tiennent leurs lampes retournées, reversées et serrent fermées contre elles les tables de la loi. On pourrait lire comme en creux cette scène avec au cœur ce verset du psaume 119 : « Ta parole est une lampe pour mes pas, une lumière sur ma route » (Ps 119, 105). Ces vierges insensées ont entendu la loi, la torah, la parole de Dieu, mais elles ne l’ont tout simplement pas mise en pratique. Comment entretenir un lien avec l’Époux attendu si je ne me laisse pas rejoindre par sa parole ? Comment dire que je connais l’Époux, si je ne connais pas sa parole qui me le révèle ? Oubliant en quelque sorte la volonté de Dieu, oubliant l’importance de la vie, elles ont négligé leur tâche, étourdies par d’autres amours que le vrai, celui de l’Époux. Inutile d’aller chercher ailleurs qu’en soi, et surtout pas chez un marchand cet amour qui doit grandir en nous : amour de Dieu, amour des autres, amour de soi. 

Notre croissance dans la vie spirituelle passe par des « nuits obscures » (saint Jean de la Croix) ou des « nuits privées d’étoiles » (Thomas Merton) ; nous ne pouvons être constants dans une attitude, soyons humbles pour reconnaître que nous-mêmes alternons entre l’attitude des insensées et des sages. À nous de reconnaître que nous avons reçu des grâces, des talents : ce peut être la lampe, reçue comme un don. Mais pour offrir tout son potentiel, cette lampe a besoin d’un apport d’huile qui serait notre libre réponse à la grâce. Finalement, être reconnu comme sage ce serait alors actualiser chaque jour notre potentiel de réceptivité de la grâce et porter de la lumière. 

L’œuvre de l’Église

Un personnage brille par son absence dans le texte : l’épouse ! L’Époux est là, les jeunes filles sont là, la salle des noces est prête, mais l’épouse… En prenant chair, le Christ a épousé notre condition humaine. En donnant chair au Christ dans nos vies parfois jusqu’à la croix, nous épousons ce qu’il a offert pour nous. Quand chacun de nous œuvre, c’est l’Église tout entière qui œuvre ; elle devient alors l’image de l’union sponsale avec le Christ. Elle est l’Église épouse du Christ Époux. « Viens Seigneur Jésus » (Ap 22,20).

IVG dans la Constitution : la vive inquiétude des évêques de France

« Toute vie est un don pour ce monde » : ainsi s’intitule la déclaration des évêques de France relative à l’inscription de « la liberté d’avorter » dans la Constitution, adoptée le 8 novembre alors que se clôturait leur Assemblée plénière d’automne, à Lourdes. Alors que se profilent un projet de loi sur la fin de vie et un autre sur l’inscription du « droit à l’IVG » dans la Constitution, les évêques ont tenu à exprimer avec force leur inquiétude.« Nous le réaffirmons : toute vie est un don pour ce monde, un don fragile et précieux, infiniment digne, à accueillir et à servir depuis son commencement jusqu’à sa fin naturelle », déclare ainsi la Conférence des évêques de France (CEF). Rappelant que l’année 2022 a vu bondir le nombre d’avortements, qui a atteint son plus haut niveau depuis 1990, les évêques pointent du doigt une réalité qui « dépasse la seule question d’un droit pour les femmes ». « Notre société devrait y voir surtout le signe de son échec dans l’éducation, l’accompagnement et le soutien social, économique et humain de celles et ceux qui en ont besoin », regrettent les prélats avant de rappeler le sixième commandement donné par Dieu : « Tu ne tueras point ».

La réforme du conclave par le Pape ? De la « pure fantaisie » selon le Saint-Siège

Par Camille Dalmas : Lundi, le Bureau de presse du Saint-Siège a démenti formellement les rumeurs affirmant que le Pape souhaite changer le déroulement des futurs conclaves, les qualifiant de « pure fantaisie ». Le cardinal Gianfranco Ghirlanda, qui est décrit dans deux articles comme l’artisan de cette réforme, a lui aussi fermement démenti.

Samedi dernier, le média américain The Pillar a publié un article qui révèle l’existence d’un soi-disant projet de réforme confié par le pape François au cardinal Gianfranco Ghirlanda. Le pontife laisserait le soin au canoniste italien de réformer la constitution apostolique Universi Dominici Gregis, qui régit le déroulement de la période de vacance du Pape après sa mort ou sa renonciation.

Cette information, transmise par « des sources proches des discussions », prévoit trois évolutions importantes pendant les congrégations générales, la grande réunion à huis clos organisée avant le conclave, à laquelle participent habituellement tous les cardinaux, électeurs ou non.

Serait étudiée en premier lieu la possibilité d’exclure les cardinaux de plus de 80 ans des congrégations générales. Ensuite, une autre piste envisagerait de revoir le format des congrégations générales, en organisation des sessions similaires à celles du Synode sur la synodalité, avec des tables rondes d’environ dix personnes où les conversations seraient suivies par des rapports, et non plus une suite de discours de maximum sept minutes, lus à une tribune, comme c’est le cas actuellement. Enfin, le projet d’intégrer des laïcs aux Congrégations générales – pour l’heure exclusivement réservées aux cardinaux – aurait été évoqué, rapporte encore The Pillar, citant une source.

L’annonce d’une réforme du conclave a aussi été relayée par le site The Remnant par la journaliste Diane Montagna, mais avec plusieurs différences. Le but de la réforme répondrait, selon ses sources, au souhait du Pape de promouvoir un conclave plus « synodal », affirme la journaliste américaine. Selon elle, le Pape souhaiterait donner le statut d’électeur à des laïcs et des femmes religieuses afin qu’ils représentent un quart du collège cardinalice.

Démenti du Saint-Siège et du cardinal Ghirlanda

Le Bureau de presse du Saint-Siège a apporté un démenti formel à l’ensemble de ces affirmations, les qualifiant de « pure fantaisie ». « C’est absolument faux », a pour sa part déclaré le cardinal Ghirlanda au site américain Life Site News. L’Italien a même qualifié ces informations de « pur mensonge », selon le site Catholic News Service.

Interrogé sur ces rumeurs, le canoniste français Mgr Patrick Valdrini estime pour sa part que ces rumeurs, peu crédibles en soi, témoignent avant tout d’une « volonté de déstabilisation à l’encontre du pape François ».

Une réforme des obsèques papales ?

François ne s’est jamais exprimé sur une quelconque réforme du conclave. L’unique point sur lequel il s’est prononcé concerne les obsèques des papes. Dans un entretien accordé le 12 mars 2023 à la presse suisse, il avait annoncé qu’il avait confié à plusieurs personnes le soin de les réformer. « Ils sont en train d’étudier et aussi de simplifier un peu les choses, retirer les choses qui liturgiquement ne vont pas, les choses vieilles », avait-il affirmé.

La constitution apostolique Universi dominici gregis (1996) de Jean Paul II a été modifiée à deux reprises par le pape Benoît XVI : en 2007, il a demandé que le choix du nouveau Pape soit décidé par les deux tiers des votants même si le conclave est bloqué. En 2013, peu avant sa renonciation, il a promulgué un motu proprio autorisant le Sacré Collège à anticiper l’élection avant les 15 jours habituellement requis après le décès du Pape.

Croire en les anges, est-ce bien raisonnable ?

Croire en l’existence et l’action des anges relève toujours de la foi, mais cette présence invisible est éminemment conforme à la raison humaine, montre le père Jean-Baptiste Édart, doyen de la faculté de théologie de l’Université catholique de l’Ouest.

Jean-Baptiste Édart – publié le 06/11/23

La culture actuelle accorde une place importante aux anges. Il suffit de parcourir les rayons dédiés à la spiritualité (au sens large) dans les grandes librairies, ou de regarder les programmes proposés par les sites de VOD. Croire en Dieu peut être difficile, mais croire en l’existence des anges ne pose aucun problème pour de nombreux contemporains. Toutefois, il est opportun d’exercer un discernement.Les anges qui envahissent nos écrans, fréquentent les sites Internet et les séries de Netflix, n’ont pas grand-chose à voir avec les anges de la tradition judéo-chrétienne. Quelle trace nos amis célestes ont-ils laissée dans la littérature, la peinture, la sculpture, et même la science, ainsi que sur les présupposés théologiques de ces représentations ?

Les anges de la superstition

L’ange contemporain n’est pas un être personnel créé par Dieu par amour pour participer à son action. Il est souvent présenté comme une énergie vibratoire, un rayonnement de la divinité elle-même entendue comme une énergie. De nombreux noms sont attribués à ces êtres, dont la principale raison d’être n’est pas la glorification de Dieu et le service de sa création, mais la satisfaction des besoins immédiats de notre humanité : besoin de protection, de guérison, de pouvoir et de consolation. Plus que leur nature, c’est la manière de recourir à leur aide qui sera recherchée.

Dans cette perspective, il sera important de connaître leur nom, mais aussi l’astre ou le signe du zodiaque auquel les rattacher. Les auteurs, très prolixes, recourront ainsi à la kabbale pour identifier l’ange chargé des affaires juridiques, ou des problèmes de cœur, de travail, etc. C’est ainsi qu’on déterminera une heure pour les invoquer et la modalité de cette invocation. Tout est précisé pour que cela fonctionne. Nous ne sommes pas dans une communion d’amour, mais dans une démarche magique et superstitieuse où l’accomplissement d’un rituel précis est censé soumettre une puissance céleste pour obtenir un bienfait.

Une source d’équilibre nécessaire au salut

Bien différente est la figure angélique rencontrée dans les foi juives et chrétiennes. Elle contraste nettement avec la figure moderne évoquée ci-dessus. Il est nécessaire de rappeler que la croyance dans le monde angélique a traversé les siècles, y compris en philosophie, trouvant des racines dans le monde grec avec la figure d’Hermès, et mésopotamien, même si à l’époque, ils n’avaient pas encore nécessairement gagné leurs ailes, une réalité apparue après le VIe siècle av. J.-C.

Le monde créé n’a jamais été limité au monde visible, mais a toujours inclus un monde invisible dont l’interaction avec la réalité visible a toujours été reconnue.

Le monde créé n’a jamais été limité au monde visible, mais a toujours inclus un monde invisible dont l’interaction avec la réalité visible a toujours été reconnue. Certes, cette action a pu être perçue à travers des causalités aujourd’hui perçues comme naturelles. Le mouvement des astres n’est plus considéré comme le fruit de l’action angélique. Néanmoins, leur action, au milieu des causes naturelles, est apparue comme source d’équilibre afin de permettre la réalisation du plan du salut, malgré l’action maléfique des anges déchus et du péché de l’homme.

Cette présence invisible est apparue comme un véritable soutien à l’humanité. Leur activité, à travers l’auscultation de l’Évangile de Luc, de la liturgie de saint Jean Chrysostome, de textes de sainte Hildegarde, de saint François de Sales, de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus ou dans l’étude d’auteurs de la grande littérature (Saint-Amant, PéguyClaudel, etc.), apparaît indissociable de l’histoire des hommes. Cette présence semble nécessaire pour manifester la gloire divine et guider l’humanité sur le chemin étroit de la vie parfaite. Les nombreux témoignages dans la peinture et la sculpture témoignent de cette mission de pédagogues de la vie céleste dont ils ne cessent de s’acquitter, que ce soit sur les tympans de nos cathédrales, dans les mandorles des représentations picturales de la gloire divine ou chez un peintre comme Chagall.

Conforme à la raison

Les philosophes, y compris Kant, ne s’y sont pas trompés. La perfection du monde créé demande de reconnaître que des créatures spirituelles existent, mais pour être raisonnable, la foi en ces créatures demande qu’elles soient conçues dans une étroite dépendance avec un Créateur transcendant et au service de son projet d’amour. Si croire en l’existence et l’action angéliques relèvera toujours de l’objet de la foi, il n’en reste pas moins que cette présence est éminemment conforme à la raison humaine, et la place qu’elle occupe dans l’art témoigne non contre elle, mais au contraire, atteste de sa profonde cohérence avec le cœur de l’homme qui sait, lui, voir l’invisible

En novembre, François demande de prier pour le ministère pétrinien

Dans son intention de prière du mois de novembre 2023, François affirme qu’«être Pape est aussi un processus» et demande de prier afin que le Pape «quel qu’il soit, reçoive l’aide de l’Esprit Saint».

«Demandez au Seigneur de me bénir. Votre prière me donne de la force et m’aide à discerner et à accompagner l’Église à l’écoute de l’Esprit Saint. Être Pape ne signifie pas que l’on perd son humanité. Au contraire, mon humanité grandit chaque jour davantage avec le peuple saint et fidèle de Dieu. Car être Pape, c’est aussi un processus. On prend conscience de ce que signifie être pasteur. Et dans ce processus, on apprend à être plus charitable, plus miséricordieux et, surtout, plus patient, comme l’est notre père Dieu, qui est si patient. Je peux imaginer que tous les papes, au début de leur pontificat, ont eu ce sentiment de peur, de vertige, de celui qui sait qu’il va être jugé sévèrement. Car le Seigneur va nous demander, à nous évêques, de rendre des comptes sérieusement.

S’il vous plaît, je vous demande de juger avec bienveillance. Et de prier afin que le Pape, quel qu’il soit, et aujourd’hui c’est mon tour, reçoive l’aide de l’Esprit Saint, et qu’il soit docile à cette aide. Prions pour le Pape, afin que, dans l’exercice de sa mission, il continue à accompagner dans la foi le troupeau qui lui est confié par Jésus et toujours avec l’aide de l’Esprit Saint. Faisons cette prière en silence de vous tous sur moi. Priez pour moi, en ma faveur bien-sûr!»

«La sainteté est un don et un chemin»

Devant les fidèles rassemblés place Saint-Pierre, le Pape François a rappelé la signification de la Solennité de la Toussaint. Les saints ne sont pas des héros inaccessibles ou lointains, a t-il souligné, mais des personnes comme nous, nos amis, dont le point de départ est le même don que nous avons reçu.

Olivier Bonnel – Cité du Vatican

En cette solennité de la Toussaint, des milliers de fidèles se sont retrouvés place Saint-Pierre pour prier l’Angélus avec le Pape François. Depuis la fenêtre du palais apostolique, le Souverain pontife s’est arrêté sur la signification de cette fête. La Toussaint, a t-il dit, «est à la fois un don et un chemin». «La sainteté est un don de Dieu que nous avons reçu au moment du baptême : si nous la laissons grandir, elle peut changer complètement notre vie (cf. Exhortation apostolique Gaudete et Exsultate, 15), en l’illuminant de la joie de l’Évangile» a expliqué François. Ainsi, les saints «ne sont donc pas des héros inaccessibles ou lointains, mais des personnes comme nous, nos amis, dont le point de départ est le même don que nous avons reçu». 

Le Pape a expliqué que dans nos vies, nous avons sûrement déjà rencontré «des saints ou des saintes d’ »à côté » : des personnes généreuses qui, avec l’aide de Dieu, ont assorti le don qu’elles ont reçu et se sont laissées transformer jour après jour par l’action de l’Esprit Saint». «Tout don doit être accueilli, et comporte la responsabilité d’une réponse et l’invitation à s’engager pour qu’il ne soit pas gaspillé», a poursuivi l’évêque de Rome, citant la constitution de Vatican II Lumen Gentium qui affirme que tous les baptisés ont reçu le même appel à conserver et achever par leur vie cette sanctification qu’ils ont reçue. 

Cheminer sur le chemin de la sainteté 

La sainteté est aussi un chemin à parcourir ensemble, en s’aidant mutuellement,  a encore souligné le Pape, «unis à ces excellents compagnons que sont les saints». Ces saints «sont nos frères et nos sœurs aînés, sur lesquels nous pouvons toujours compter : ils nous soutiennent et, lorsque nous prenons une mauvaise direction sur le chemin, ils ne manquent jamais de nous corriger par leur présence silencieuse ; ce sont des amis sincères, en qui nous pouvons avoir confiance, parce qu’ils veulent notre bien, ils ne nous montrent pas du doigt et ne nous trahissent jamais».

Avec les saints, nous formons ainsi «une grande famille en marche». Un don et un chemin, deux notions qui ont conduit François a interroger les fidèles : «est-ce que je me souviens avoir reçu le don de l’Esprit Saint, qui m’appelle à la sainteté et m’aide à y parvenir ? Est-ce que je l’en remercie ? Est-ce que je sens les saints près de moi, est-ce que je me tourne vers eux ? Est-ce que je connais l’histoire de quelques-uns d’entre eux ?». Cela nous fait du bien de connaître la vie des saints, d’êtres mus par leur exemple, de nous tourner vers eux dans la prière a conclu le Saint-Père.