Le christianisme, une histoire de visages

François à Vanimo a couronné le rêve d’embrasser l’extrême périphérie du monde.

Andrea Tornielli**Directeur éditorial des médias du Vatican

Le christianisme n’est pas une philosophie, une idée, un manuel de règles morales. Le christianisme est un événement tissé d’émerveillements et de visages. À Vanimo, puis dans le village reculé de Baro, par un dimanche après-midi étouffant, nous en avons eu la preuve une fois de plus. Il y avait de l’étonnement et de la gratitude sur les visages de Miguel De la Calle, Martín Prado et Tomás Ravaioli, les missionnaires argentins du Verbe Incarné qui passent joyeusement leur vie à proclamer l’Évangile à la périphérie du monde, dans cette belle terre dont les couleurs rappellent des tableaux de Paul Gauguin. L’étonnement et la gratitude se lisaient sur le visage de François qui, à presque 88 ans, assis dans un fauteuil roulant, est monté à bord d’un Hercules C130 de l’armée de l’air australienne, chargé de colis d’aide et de cadeaux, pour couronner un rêve cultivé depuis une décennie: celui d’être ici, avec eux, et d’embrasser du regard et des mains d’un vieux père jésuite devenu pasteur universel ces hommes heureux, vêtus de blanc comme lui, et surtout leur peuple. Ce peuple qui a appris à connaître la Mère de Jésus sur le visage de «Mama Luján», la patronne de l’Argentine.

Il fallait voir le pape François, assis dans la petite salle de la maison en bois couverte de moustiquaires où résident les missionnaires, sirotant un maté à côté d’eux, après un bain de foule au milieu d’hommes, de femmes et d’enfants aux vêtements colorés, couverts de quelques plumes ou de paille, aux corps multicolores. Depuis des années, le Successeur de Pierre est en contact avec ses compatriotes qui témoignent de l’amour inconditionnel du Dieu de Jésus-Christ auprès de ce peuple. En particulier avec l’un d’entre eux, le père Martín. Le jeune missionnaire n’avait pas de mots pour remercier son ami qui avait défié tout et tout le monde pour être là ne serait-ce que quelques heures et voir de ses propres yeux le spectacle d’une église naissante et de ses mille défis vécus dans la joie.

Les problèmes ne manquent pas à Vanimo et à Baro. Les gens vivent dans la précarité, sans eau courante ni électricité. Il y a peu de médicaments. La violence, le tribalisme et l’exploitation des énormes richesses minières et forestières par les multinationales sont une réalité. Les missionnaires du Verbe Incarné, sur cette côte de l’océan Pacifique coincée entre la jungle et le récif corallien, ont donné naissance en 2018 à un orchestre à cordes composé d’enfants et de jeunes. Dans la tonne de colis transportés par le Pape dans l’avion militaire, il y avait aussi des violons et des violoncelles. François, heureux comme un enfant, a pu écouter quelques morceaux. En voyant cette scène, on ne peut s’empêcher de penser au miracle des reducciones, ces villages indigènes du Paraguay organisés par les Jésuites, avec leurs écoles de chant, dont les échos subsistent dans les livres d’histoire et les scènes du film “Mission”. De minuscules pousses de l’Évangile qui germent discrètement parmi les cultures ancestrales et font résonner la tendresse, la proximité, la compassion, l’amour inconditionnel pour les derniers et les oubliés. Des vies données par amour jusqu’à la dernière goutte. La joie se lit sur les visages des personnes âgées et des nombreux enfants souriants. De la joie sur les visages couverts de soleil et de sueur des missionnaires qui ont revêtu ce dimanche leur soutane blanche pour accueillir leur ami l’évêque de Rome. La joie aussi sur le visage de François, qui monte dans l’Airbus C130 de l’armée, mais qui aurait tant aimé rester ici.

Peuple de Dieu en marche vers le Royaume

                 Peuple de Dieu en marche vers le Royaume 

Sans que notre marche vers le Royaume ait été interrompue, l’été a été pour tous un temps de pause ou de changement d’activités, un temps de retrouvailles, de convivialités qui remontent le moral et qui avec la complicité du soleil donnent de la joie et du sourire aux cœurs et aux visages. Maintenant c’est l’heure de reprendre le travail, de repartir, de trouver de bonnes et de fortes raisons pour repartir de plus belle avec enthousiasme et détermination. Les raisons, nous pouvons les trouver dans plein de personnes, de choses ou d’endroits mais notre foi en est une d’incontournable, la personne du Christ qui nous a mis en route, en branle ou en mouvement et pour qui nous avons voulu tout quitter. Le Christ, c’est lui le moteur central en qui se concentrent les grandes motivations car, personne et Dieu, il nous amène en même temps vers l’homme et vers son Père, notre Dieu et Père de tous. Les motivations humaines ou matérielles peuvent s’éteindre ou décevoir mais lui, Jésus est l’ami fidèle et tendre qui relance chaque fois notre marche et l’accélère vers le Père.

En ce mois de rentrée, je nous appelle toutes et tous à faire du Christ notre raison primordiale de faire Église, de faire communauté. Puisse-t-il nous donner le courage et la détermination nécessaires pour ouvrir de nouveaux sentiers de marche joyeuse, stimulante et exaltante pour goûter en Église la bonté du
Seigneur. L’âge et la santé ne permettront pas à certains de tenir le rythme et auront besoin de bras pour aller plus loin. Nos prières et notre amitié les rejoindront et les porteront. Que nos opinions et nos ressentis personnels ne ralentissent pas la bonne marche du troupeau mais que notre désir et notre volonté de rejoindre le cœur de Dieu la relancent et la ragaillardissent.
Bonne reprise à toutes et à tous. Merci à tous les bénévoles qui se réinvestissent.

Fraternellement
Père Verkys NONVIGNON

Bulletin paroissial septembre 2024 n°185

François rappelle l’importance de la prière liturgique dans la vie de l’Église

Le Pape François a adressé un message aux participants de la 74e Semaine liturgique nationale, qui se tient dans la ville de Modène-Nonantola, dans le nord de l’Italie. Le rassemblement sur le thème «Le fruit des lèvres qui confessent son nom» met l’accent sur l’importance de la prière liturgique communautaire, de la musique sacrée, du silence et des ministères liturgiques.

Vatican News

Dans son message à la 74e Semaine liturgique nationale qui se déroule dans le nord de l’Italie, signé au nom du Pape par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, François réfléchit sur la façon dont la prière liturgique est une expérience partagée qui transcende l’individualisme.

Citant le Catéchisme de l’Église catholique, il rappelle aux participants que la prière liturgique est «une participation à la prière du Christ, adressée au Père dans l’Esprit Saint».

Contrairement aux prières personnelles qui peuvent se concentrer sur les besoins individuels, explique-t-il, la prière liturgique unit les fidèles en un seul corps, leur permettant de participer à la prière collective de l’Église. Cette expérience d’unité, ajoute-t-il, est une pierre angulaire de la vie chrétienne, car elle rassemble les croyants de tous les temps et de tous les lieux.

L’art de célébrer la liturgie

Au cœur des discussions de la semaine se trouve le concept “ars celebrandi”, l’art de célébrer la liturgie. Le Saint-Père affirme que cela implique non seulement une observance formelle des rituels, mais aussi une attitude de révérence et de participation qui entraîne la communauté dans une communion plus profonde avec le Christ.

Il souligne comment une célébration liturgique efficace garantit que la grâce transmise par les rites touche la vie de tous ceux qui y participent. Cet appel s’étend à tous les membres baptisés de l’Église, qui sont invités à mettre de côté leur individualisme et à embrasser l’identité commune d’une Église en prière.

Le rôle de la musique sacrée

’un des aspects clés soulignés par le pape François est le rôle de la musique sacrée dans la liturgie. Loin d’être une simple décoration, la musique, dit-il, fait partie intégrante de la célébration et joue un rôle unique dans la transmission du mystère de la foi.

Citant saint Paul VI, qui a fait remarquer que lorsque les fidèles chantent, ils restent connectés à l’Église et préservent leur foi, le Pape a déclaré que cela met en évidence les dimensions communautaires et spirituelles du chant, où le mélange des voix symbolise l’unité des croyants et leur cheminement commun vers Dieu.

L’importance du silence dans le culte

Dans un monde souvent caractérisé par un bruit et une activité constante, le message du Pape attire également l’attention sur la valeur du silence dans la liturgie.

Le silence, écrit-il dans son message, n’est pas une absence mais un espace significatif où les fidèles peuvent écouter Dieu, cultiver un cœur contemplatif et se laisser transformer par l’Esprit Saint. Ce «silence sacré» est un élément clé du culte, permettant aux croyants de se connecter plus profondément avec le divin et les uns avec les autres.

Les ministères liturgiques et l’esprit de synodalité

François met également en lumière un autre aspect important de la Semaine liturgique de cette année: l’accent mis sur les ministères liturgiques.

Le Saint-Père souligne que ces ministères ne sont pas seulement des responsabilités fonctionnelles, mais qu’ils sont l’expression des divers dons que l’Esprit Saint accorde à l’Église.

Dans cette diversité, dit-il, l’unité de l’Église s’exprime, favorisant la participation active et la responsabilité partagée dans la mission de l’Église. Le Pape appelle à une formation continue pour garantir que ces ministères soient exercés avec humilité et esprit de service, en évitant toute tendance au personnalisme ou au protagonisme.

Face à la tentation, les deux réponses de Joseph de Panépho

Que nous disent les Pères du Désert pour guider notre vie spirituelle, dans les circonstances très concrètes de notre vie ? Face à la tentation, que faire par exemple ? La fuir ou la regarder en face ? Abba Joseph de Panépho, ermite des IVe-Ve siècle, offre quelques pistes.

Abba Joseph de Panépho est un moine d’Égypte à la grande époque. Il donnait ce conseil : « Si tu veux devenir moine, dis à toute occasion : qui suis-je moi ? Et ne juge personne. » Ce jour-là, face à une question simple, posée par des personnes en proie à la tentation, il donne deux réponses d’apparence opposée. 

Que faire face à la tentation ?

C’est Poemen — qui sera plus tard l’un des maîtres du désert — qui l’interroge en premier : « Que faire, lorsque les passions s’approchent ? Dois-je leur résister ou les laisser entrer ? » 

Le vieillard lui dit : “Laisse-les entrer et combats avec elles.” Poemen revint alors à Scété et y demeura. Or, quelqu’un de Thèbes vint à Scété et dit aux frères : “J’ai demandé à abba Joseph si, lorsque s’approchent les passions, je devais leur résister ou les laisser entrer ; et il me répondit de ne pas les laisser du tout pénétrer et aussitôt de les retrancher.” Abba Poemen apprenant qu’abba Joseph avait parlé ainsi au Thébain, se leva et partit le voir à Panépho et lui dit : “Abba, je t’ai confié mes pensées, et voici que tu as parlé d’une façon à moi et d’une autre façon au Thébain.” Le vieillard lui dit : “Ne sais-tu pas que je t’aime ?” Et il dit que oui. “Et ne m’as-tu pas dit : Parle-moi comme si tu parlais à toi-même ? — C’est vrai.” Le vieillard dit alors : “En effet, si les passions entrent, et si tu combats avec elles en donnant et recevant des coups, elles te rendront plus éprouvé. Tu vois, je t’ai parlé comme à moi-même. Mais il y en a d’autres pour lesquels il n’est pas bon de s’approcher des passions, et qui doivent aussitôt les retrancher.” 

La première réponse : laisser entrer

La première question, celle de Poemen, parle des « passions qui s’approchent ». Dans la langue du désert, la passion a un sens forcément négatif, c’est une sollicitation soit d’orgueil, soit de gourmandise, soit de luxure. Le conseil est inattendu : « Laisse-les entrer et combat avec elles. » Laisser entrer n’est pas céder, mais regarder le danger en face, ne pas faire simplement la sourde oreille, parce qu’à la fin, s’il n’y a pas une résistance claire, la tentation se glissera insensiblement dans l’esprit, embrumera l’imagination et finira par entraîner un consentement à demi conscient. Il faut au contraire repérer l’ennemi, l’agresser même sur son terrain, pour pouvoir lui résister, car il aime, lui, frapper par derrière les fuyards, ceux qui essaient d’échapper au combat, par  lassitude ou secrète complicité. « J’ai vu, j’ai repéré mes espions » dit le psaume (92,12). 

L’autre option : fermer la porte

À la deuxième question, celle du Thébain, dont on ne saura pas le nom, est sensiblement la même, le conseil de Joseph est de ne pas du tout laisser les passions pénétrer, mais aussitôt de les retrancher. La préoccupation est différente. À cet homme, qui débute sans doute dans le combat spirituel, il faut apprendre à ne pas flirter avec la tentation, de ne pas se figurer que parce qu’on refuse par principe ses avances, on peut rester inaccessible jusqu’au bout. Combien se sont fait avoir par cette fausse assurance, se figurant qu’ils pourraient toujours dire « non » à la dernière minute,  même au bord de la bêtise à ne pas faire… et qui l’ont faite quand même ? Il y a là une présomption qui est le premier péché qui en entraîne d‘autres.

Pas de recettes passe-partout

Les deux réponses sont donc justes, mais ne s’appliquent pas au même point du cheminement de l’âme en quête de servir Dieu. La première concerne un homme qui a déjà fait l’expérience d’un retranchement net avec le « monde » et qui s’étonne de devoir encore affronter les mêmes tentations qu’il a pourtant voulu bien souvent rejeter. L’autre  vient en aide à l’inexpérience d’un débutant, qui risque de jouer avec le feu. 

Il y a souvent chez les Pères du désert des sentences paradoxales ou contradictoires, qui exercent le discernement et évitent les recettes passe-partout. À nous de comprendre leur finesse ! Aujourd’hui Abba Joseph nous donne deux grandes leçons pour combattre la tentation : il faut identifier notre ennemi et ne lui faire aucune concession, il ne faut pas nous lasser dans le combat, en sachant que la couronne est à celui qui aura résisté une énième fois — qui sera la bonne ! 

Sophie Baron – publié le 05/04/24 – mis à jour le 09/08/24

LA TRAVERSAINE DE MARIE

La Traversaine de Marie est une marche autour de la Vendée qui aura lieu du

La marche de la Traversaine de Marie fera le tour du diocèse en environ six semaines, de Maillezais à Luçon. Elle a pour but de prier pour la France et la Vendée et permettra de redécouvrir le patrimoine spirituel, historique et artistique vendéen.
En ce qui concerne notre paroisse, La Traversaine fera étape à la Boissière des Landes les 17 et 18 août pour un dimanche de repos.
Mgr François Jacolin, évêque de Luçon, accorde sa bénédiction à tous les bénévoles et marcheurs de la Traversaine de Marie.

Programme du week-end des 17 et 18 août :

Samedi 17 août

  • Halte déjeuner à St Avaugourd (en provenance d’Avrillé) vers 13h
  • Arrivée à La Boissière, place de l’église, vers 16h30 ; accueil
  • Veillée à 20h30, à l’église de La Boissière « La Spiritualité des Saints Cœurs unis de Jésus et Marie » par l’abbé Jean Marie Parrat

Dimanche 18 août :

  • Messe à 11h, église de La Boissière : louange « Les cœurs unis et Ste Jeanne d’Arc »
  • Veillée à 20h30, église de la Boissière par « Servantes du Seigneur et de la Vierge de Matara »

Lundi 19 août :

  • Départ vers 8h45 en direction d’Aubigny

En août, le Pape invite à prier pour les dirigeants politiques

Dans sa vidéo mensuelle de prière, François demande aux fidèles de prier pour que les dirigeants politiques travaillent «au service de leur peuple» et donnent «la priorité aux plus pauvres».

La publication du message vidéo diffusé par le Réseau Mondial de Prière du Pape, dévoilant les intentions de prière du Saint-Père pour le mois d’août, est consacrée aux dirigeants politiques.François propose donc aux fidèles de prier pour que ces hommes et ces femmes «soient au service de leur peuple» mais aussi «qu’ils œuvrent en faveur du développement humain intégral et du bien commun, tout en se souciant de ceux qui ont perdu leur emploi et en donnant la priorité aux plus pauvres».

Une politique de la charité

eprenant les propos de Paul VI, l’évêque de Rome rappelle que «la politique est l’une des formes les plus élevées de la charité, parce qu’elle recherche le bien commun». C’est pourquoi le Pape plaide pour «non pas de la politique politicienne» mais pour «une politique qui est à l’écoute de la réalité, qui est au service des pauvres, et non pour une politique qui est enfermée dans de grands bâtiments avec de longs couloirs». Il ajoute qu’il ne sera possible de «progresser vers la fraternité universelle» qu’à travers «une bonne politique». Car assure t-il si «la politique n’a pas bonne réputation: corruption, scandales, éloignement de la vie quotidienne des gens, elle est beaucoup plus noble».

 La vidéo du Pape appelle donc tous les fidèles à dépasser l’individualisme au profit d’un plus grand ensemble, à savoir le peuple.

Pour terminer, le Souverain pontife invite également les chrétiens catholiques du monde entier à remercier les «nombreux hommes politiques qui accomplissent leur tâche, avec le désir de servir et non d’être au pouvoir, et pour tous les efforts qu’ils déploient en faveur du bien commun».

Augustine Asta – Cité du Vatican

Angélus: le Pape prône le repos contre «la dictature du faire»

L’alliance du cœur et de la lenteur. Avant de réciter la prière mariale de l’Angélus, dimanche 21 juillet, place Saint-Pierre, le Pape a exhorté chacun à cultiver son désert intérieur au milieu du bruit et de l’affairisme quotidiens. Seule manière selon lui d’être présent pour son prochain, sous le regard de Dieu.


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«Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu». Méditant sur l’Évangile selon saint Marc de ce dimanche 21 juillet, qui reflète la compassion de Jésus devant la foule qui l’attendait «comme des brebis sans berger», le Souverain pontife est revenu sur ce binôme en apparence «inconciliable» formé par le repos et la compassion.

«Une société prisonnière de la précipitation»

/Si Jésus apparait préoccupé par la fatigue des disciples, «peut-être saisit-il un danger qui peut aussi affecter notre vie et notre apostolat, lorsque, par exemple, l’enthousiasme dans l’accomplissement de la mission, ainsi que le rôle et les tâches qui nous sont confiés, nous rendent victimes de l’activisme, trop préoccupés par les choses à faire et par les résultats», s’est demandé François, déconseillant de trop s’agiter, au risque de perdre de vue l’essentiel et d’épuiser nos énergies en tombant dans la fatigue du corps et de l’esprit.

Un avertissement important pour la vie et la société contemporaine «souvent prisonnière de la précipitation», mais aussi pour l’Église et pour le service pastoral: «Prenons garde à la dictature du faire!», s’est exclamé le Pape.

La compassion ne s’éprouve que le cœur reposé

Ce repos proposé par Jésus n’est pas une fuite du monde ou une retraite dans le bien-être personnel, a précisé le Successeur de Pierre, au contraire, face aux personnes perdues, il éprouve de la compassion. L’Évangile nous apprend donc que ces deux réalités -repos et compassion- sont liées: «ce n’est que si nous apprenons à nous reposer que nous pourrons avoir de la compassion».

“Ce n’est que si nous apprenons à nous reposer que nous pourrons avoir de la compassion.”

«En effet, il n’est possible d’avoir un regard compatissant, qui sache saisir les besoins de l’autre, que si notre cœur n’est pas consumé par l’angoisse de faire, si nous savons nous arrêter et, dans le silence de l’adoration, recevoir la Grâce de Dieu.»

Un tête à tête entre Dieu et soi-même 

Et l’évêque de Rome d’interpeller fidèles et pèlerins de ce mois de juillet: «Est-ce que je sais m’arrêter au cours de ma journée? Est-ce que je sais prendre un moment pour être avec moi-même et avec le Seigneur, ou est-ce que je suis toujours pris dans la course des choses à faire?» En cette période estivale, François a donc exhorté chacun à trouver un peu de «désert» intérieur au milieu du bruit et des activités quotidiennes.

JO de Paris: le Pape espère que les athlètes seront des messagers de paix

À cinq jours des 33e Jeux olympiques d’été qui débuteront à Paris vendredi 26 juillet, le Souverain pontife a rappelé ce dimanche combien le sport est aussi «une grande force sociale, capable d’unir pacifiquement des personnes de cultures différentes». François a confié espérer que cet événement soit «un signe du monde inclusif que nous voulons construire» et que les athlètes, avec leur témoignage sportif, «soient des messagers de paix et de bons modèles pour les jeunes».

«En particulier, selon la tradition ancienne, les Jeux olympiques devraient être l’occasion d’établir une trêve dans les guerres, en démontrant un désir sincère de paix», a affirmé l’évêque de Rome, qui avait déjà fait parvenir un message sur la trêve olympique, vendredi 19 juillet, à l’occasion de la messe d’ouverture de la trêve en l’église parisienne de La Madeleine.

L’esprit olympique, antidote au tragique de la guerre

S’adressant à l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, François y décrit les JO comme «un lieu exceptionnel de rencontre entre les peuples, même les plus hostiles»«En cette période troublée où la paix mondiale se trouve gravement menacée, je souhaite ardemment que chacun ait à cœur de respecter cette trêve dans l’espoir d’une résolution des conflits et du retour à la concorde», y affirme encore le Pape. «L’authentique esprit olympique et paralympique est un antidote pour ne pas tomber dans la tragédie de la guerre et se racheter en mettant fin à la violence», a soutenu aussi François, préfaçant le 13 juin dernier un ouvrage de la Librairie éditrice vaticane (LEV) intitulé «Jeux de paix. L’âme des Jeux Olympiques et Paralympiques».

Le dispositif du 26 juillet au 11 août

Au Village olympique situé dans le nord de Paris, 2 000 sportifs sont déjà arrivés, selon le CIO. Le lieu doit accueillir 14 250 personnes, dont environ 9 000 athlètes. Outre des renforts étrangers, quelques 35 000 policiers et gendarmes et 18 000 militaires français seront mobilisés en moyenne chaque jour pour sécuriser les Jeux où sont attendus 15 millions de visiteurs, selon le ministère français de l’Intérieur.

François: «Les femmes souffrent souvent d’un manque de reconnaissance»

Le Pape François a signé la préface de «Femmes et ministères dans l’Église synodale», écrit par les cardinaux Hollerich et O’Malley et trois théologiennes, dont l’évêque anglican Jo Bailey Wells, qui ont participé à la réunion du C9 en février dernier. Pour le Saint-Père, «le drame des abus nous a obligés à ouvrir les yeux sur le fléau du cléricalisme qui est une manière déformée d’exercer le pouvoir dans l’Église dans laquelle tout le monde peut tomber: même les laïcs et les femmes».

Salvatore Cernuzio – Cité du Vatican

Les femmes, leur rôle et leur souffrance pour la reconnaissance «de ce qu’elles sont et de ce qu’elles font». Puis les ministères ordonnés, la synodalité, le drame des abus qui «nous a ouvert les yeux» sur le «fléau» du cléricalisme et l’exercice déformé du pouvoir dans l’Église, même par les laïcs, même par les femmes elles-mêmes.

Toutes ces questions ecclésiales sensibles sont abordées dans la préface que le Pape François a signée pour le livre, « Femmes et ministères dans l’Église synodale« , un ouvrage à dix mains écrit par trois théologiennes et deux cardinaux: la sœur salésienne Linda Pocher, professeur de christologie et de mariologie à l’Auxilium de Rome (qui a également signé l’introduction); Jo Bailey Wells, évêque de l’Église d’Angleterre et sous-secrétaire générale de la Communion anglicane; ainsi que Giuliva Di Berardino, consacrée de l’Ordre des Vierges du diocèse de Vérone, liturgiste, professeur et responsable de cours de spiritualité et d’exercices spirituels. Les cardinaux Jean-Claude Hollerich, archevêque de Luxembourg et rapporteur général du Synode, et Seán Patrick O’Malley, président de la Commission pontificale pour la protection des mineurs, ont également participé à l’écriture de ce livre.

Dialogue entre auteurs

Ce dialogue, en l’occurrence virtuel, ou plutôt «littéraire», est toutefois le fruit d’un véritable dialogue entre les auteurs eux-mêmes, ainsi qu’avec le Pape et le Conseil des cardinaux lors de la réunion du C9 du 5 février 2024. Une réunion à laquelle, pour la première fois depuis l’institution de cet organe, les trois théologiennes ont été invitées par le Souverain pontife à participer, afin d’offrir des contributions et des «provocations», selon la définition de François, sur le thème du «rôle de la femme dans l’Église».

La question est maintenant explorée dans cette nouvelle publication parue le 9 juillet. Elle fait suite au précédent livre de Sœur Linda Pocher et d’autres auteurs dont le titre « Démasculiniser l’Église« , s’inspire d’une expression du Pape lui-même.

Les ministères ecclésiaux, un sujet important et sensible

Dans la préface, publiée ce jeudi dans son intégralité par L’Osservatore Romano, le Pape déroule sa réflexion à partir de l’un des postulats clés de son pontificat: «la réalité est plus importante que l’idée». C’est le même principe -et François s’en dit satisfait- qui guide «le programme proposé par sœur Pocher pour la formation du Conseil des cardinaux sur le thème de la femme dans l’Église, même en ce qui concerne une question aussi importante que délicate comme celle des ministères dans la communauté ecclésiale».

Le drame des abus

Derrière ce thème se cache «une certaine souffrance des communautés ecclésiales quant à la manière de comprendre et de vivre le ministère». Ce n’est pas «une réalité nouvelle», a souligné le Saint-Père, rappelant comment «le drame des abus nous a obligés à ouvrir les yeux sur le fléau du cléricalisme, qui ne concerne pas seulement les ministres ordonnés, mais une manière déformée d’exercer le pouvoir dans l’Église dans laquelle tout le monde peut tomber: même les laïcs, même les femmes».

«Écouter les souffrances et les joies des femmes est certainement une façon de nous ouvrir à la réalité», a estimé François.

“En les écoutant sans jugement et sans préjugés, nous nous rendons compte qu’en de nombreux endroits et dans de nombreuses situations, les femmes dans l’Église souffrent précisément du manque de reconnaissance de ce qu’elles sont et de ce qu’elles font, mais aussi de ce qu’elles pourraient faire et être si seulement elles en avaient l’espace et l’opportunité. Les femmes qui souffrent le plus sont souvent celles qui sont les plus proches, les plus disponibles, préparées et prêtes à servir Dieu et son Royaume.”

Ne pas sacrifier la réalité sur l’autel des idées

Le Pape François nous invite donc à regarder la réalité plutôt que les idées, afin d’éviter de tomber dans le «piège» dans lequel l’Église elle-même a souvent trébuché au cours de l’ère moderne, à savoir celui de «considérer la fidélité aux idées plus importante que l’attention à la réalité».

«Cependant, la réalité est toujours plus grande que l’idée, et lorsque notre théologie tombe dans le piège des idées claires et distinctes, elle se transforme inévitablement en un lit de Procruste, qui sacrifie la réalité, ou une partie de celle-ci, sur l’autel de l’idée», a reconnu le Saint-Père. Le mérite du volume «Femmes et ministères dans l’Église synodale» est donc de «ne pas partir de l’idée, mais de l’écoute de la réalité, de l’interprétation sapientielle de l’expérience des femmes dans l’Église».

Les femmes dans l’Instrumentum laboris

La question du rôle des femmes dans l’Église a refait surface ces derniers jours avec la publication de l’Instrumentum laboris de la deuxième session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques en octobre prochain. En effet, le texte de base pour le travail des pères et mères synodaux souligne «la nécessité de mieux reconnaître» leurs charismes et leurs vocations. Les femmes, souligne le texte, «en vertu du baptême, sont dans une condition de pleine égalité, reçoivent la même effusion de dons de l’Esprit et sont appelées au service de la mission du Christ».

Ainsi poursuit l’Instrumentum laboris, le premier changement à opérer est donc «celui de la mentalité», avec «une conversion à une vision de relation, d’interdépendance et de réciprocité entre les femmes et les hommes, qui sont sœurs et frères dans le Christ, en vue de la mission commune».

Quant à la question du diaconat féminin, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode, a rappelé, lors de la conférence de presse de présentation de l’Instrumentum laboris, qu’elle ne sera pas abordée lors de la prochaine assemblée car elle fait l’objet d’un des groupes d’étude mis en place par le Pape pour approfondir la réflexion théologique et pastorale sur des questions spécifiques. Cette question a donc été confiée par François au dicastère pour la Doctrine de la foi, dans le contexte plus large des formes ministérielles, en collaboration avec le Secrétariat général du synode. Le travail, annonce le document sur les groupes d’étude publié en mars, visera à répondre au désir de l’assemblée synodale d’une «plus grande reconnaissance et appréciation de la contribution des femmes et d’un accroissement des responsabilités pastorales qui leurs sont confiées dans tous les domaines de la vie et de la mission de l’Église».

La seule cause qui vaille : le refus de la violence

Devant l’escalade de la violence politique et son sinistre spectacle, les chrétiens portent la seule cause qui vaille : celle du refus de la violence. Curé doyen de la ville de Lille, le père Benoist de Sinety appelle à privilégier le dialogue sur l’anathème.

Benoist de Sinety – publié le 07/07/24

Et si on calmait le jeu ? Histoire de se rappeler, simplement, que nous sommes des hommes, des femmes, qui appartiennent à une même nation et qui avancent vers un même destin. Si on arrêtait de jouer la carte du pire pour espérer l’emporter ? Voici qu’un ministre de l’Intérieur évoque 51  actes de violences contre des militants ou des candidats. Autant d’actes répréhensibles, autant de poursuites et sans doute de condamnations. Mais c’est un peu rapidement oublier que toute campagne comporte des actes de violence : les colleurs d’affiches d’autrefois qui mettaient des lames de rasoir à destination de qui oserait les arracher, bagarres entre militants dans les collages de nuit…

Violences de part et d’autre

Une amie m’envoyait hier le SMS reçu par sa fille, que voici (avec l’orthographe digne d’un enfant de CP) : « Bonjour, votre profil a été repéré comme supportant de la propagande rn et a été ajouté à la liste des militants repertoriés rn qui sera utilisée pour la chasse au nazi qui aura lieu si le rn passe dimanche. Toute ces personnes sont déjà entrain (sic) d’être étudiées et retrouvées et seront défigurées par une milice dédiée (ils ont pour ordre que la personne nazi tabassée soit irreconnaissable) ». D’autres évoquent des militants d’extrême-droite prenant en photo des compatriotes sortant de réunion du Nouveau Front populaire et les menaçant, eux aussi, de « faire des listes ». 

On joue avec la violence de part et d’autre, des sommets de l’État jusque dans les quartiers. On joue à se faire peur, jusqu’au jour où on y arrive. Les chaînes d’infos vendent mieux leurs espaces de pub, les invités des plateaux prennent l’air grave et sentencieux. Nous rêvons tellement d’être des Américains, que nous fantasmons leurs hoquets démocratiques.

Une France « à vif » 

Il est vrai, par ailleurs, que la classe politique est depuis belle lurette, dévalorisée : séries télévisées qui présentent tout sous le prisme du complot et du cynisme, humoristes qui, pour combler leur manque d’inspiration, se ruent sur l’humour facile, commentateurs salariés qui ne cessent de dénoncer les erreurs des gouvernants sans avoir jamais eux-mêmes pris le risque d’y rechercher les choses positives.

Il faut infiniment plus de courage pour résister à la violence que pour y succomber.

Il y a une France « à vif » : une France qui souffre d’être méprisée, d’être relayée, qui s’entend dire que le bonheur se trouve de l’autre côté de la rue et qui ne comprend plus qui peut la représenter légitimement. Il manque un cap. Il manque une vision. Il manque une générosité. À qui la faute ? Sans doute pas simplement aux politiques, mais à l’esprit de show, d’entertainment dans lequel on les maintient. Il leur faut en permanence être dans les codes d’une communication, au risque de ne faire que répéter avec des intonations différentes, les mêmes choses. Mais cette France à vif n’est pas pour autant violente. Ils sont très peu nombreux ceux qui rêvent du grand soir : quelques dingues qui n’ont jamais enterré Trotski, et quelques nervis qui gonflent leurs muscles devant le miroir narcissique d’une nostalgie stérile. Il faut infiniment plus de courage pour résister à la violence que pour y succomber. Les vrais héros sont ceux qui se refusent à sombrer dans l’esprit de revanche et qui prennent le risque d’être conspués et traités de lâches par ceux qui s’y précipitent sans réfléchir. 

Le dialogue plutôt que l’anathème

Après avoir agité le spectre du fascisme, puis celui du marxisme, voici que paraît maintenant celui de l’absence de tout gouvernement. Cette danse macabre ne peut pas être l’avenir de notre pays. Nous valons collectivement mieux que cela. Et parce que tout cela ne présage rien de simple, il ne serait sans doute pas inutile que tous ceux qui se refusent à ce sinistre spectacle, s’affichent comme militants de la seule cause qui vaille : celle du refus de la violence, condition absolue de la démocratie. En commençant par exemple par se rendre au bureau de vote en arborant un symbole de paix : un brassard blanc par exemple ? Se manifestant ainsi comme désireux de privilégier le dialogue sur l’anathème, la rencontre sur la défiance, l’espérance sur le cynisme, la bonté sur le mépris…

On nous explique que le vote des baptisés est maintenant, lui aussi, explosé. On ose poser ici l’acte de foi de croire que dans leur immense majorité, les disciples du Christ sauront vivre l’Évangile quoi qu’il en coûte de leurs colères, parfois légitimes, et leurs désirs de revanche… Et qu’ils s’affichent au cœur de toute violence, comme porteurs de la présence du Prince de la Paix.