Le Pape prône une éducation catholique sans idéologies

À rebours «des colonisations idéologiques» et d’une certaine «uniformisation de l’éducation» dans un monde globalisé, le Souverain pontife a plaidé ce samedi pour développer «l’art de la curiosité» dans l’enseignement catholique. François recevait en audience les 250 participants au symposium «Service-Learning et pacte éducatif global» en salle Clémentine du Palais apostolique.

Citant un extrait du film culte «Le Cercle des poètes disparus» où le professeur de littérature invite les élèves à se lever et à regarder la classe d’un autre point de vue, le Pape a rappelé que l’éducation n’est pas seulement la transmission d’un contenu, mais aussi «la transformation de la vie». Par celle-ci, il ne s’agit pas seulement de répéter des formules «comme des perroquets», mais d’apprendre à voir la complexité du monde.

L’uniformité éducative masque un conditionnement idéologique

Une pédagogie promue par Jésus à travers les paraboles, dans lesquelles Dieu ne parle pas «de manière abstraite» à destination d’une «élite» quelconque, mais de façon «simple et accessible» à tous. Or, François note que la mondialisation actuelle comporte un risque pour l’éducation: celui de l’uniformisation, certains programmes étant souvent soumis à des intérêts politiques et économiques. «Cette uniformité cache des formes de conditionnement idéologique qui falsifient le travail de l’éducation, en en faisant un instrument à des fins bien différentes de la promotion de la dignité humaine et de la recherche de la vérité», dénonce le Pape, vilipendant les idéologies, toujours réductrices. «L’idéologie se rétracte toujours, elle ne permet pas de se développer. Elle rétrécit toujours».

L’humanisme de l’Évangile

Dans ce contexte, le Successeur de Pierre loue la méthode pédagogique du Service-learning, ou «apprentissage par le service» employée par le réseau Uniservitate, du Centro Latinoamericano de Aprendizaje y Servizio Solidario (CLAYSS), association argentine fondée en 2002. Ainsi la responsabilité communautaire des étudiants à travers des projets sociaux fait partie intégrante de leur parcours académique. Selon le Pape argentin, c’est ainsi que les établissements d’enseignement catholiques sont à la hauteur de leur titre. En effet, être «catholique» ne se limite pas à ajouter un adjectif honorifique à son nom, mais signifie un engagement à cultiver un style pédagogique distinctif et un enseignement cohérent avec les enseignements de l’Évangile. «Il ne s’agit pas d’une idéologie évangélique, mais de l’humanisme selon l’Évangile.»

François cite à nouveau les intentions du Pacte éducatif mondial qu’il promeut depuis 2019: «Un proverbe africain dit que pour éduquer un enfant, il faut tout un village; construisons donc un ‘’village de l’éducation’’, où nous pouvons partager l’engagement de promouvoir des relations humaines positives et culturellement valables». Et de plaider pour une alliance éducative favorisantle dialogue entre les religions et l’attention portée à la Maison commune. Sur la base de son exhortation apostolique Evangelii gaudium, le Pape leur rappelle combien «la réalité est supérieure à l’idée», et «le tout est supérieur à la partie».

Cultiver la curiosité des enfants

Deuxièmement, l’enseignement catholique doit promouvoir selon lui une «culture de la curiosité». «Ce qui n’est pas la même chose que la culture du bavardage, non, rien à voir», mais celle qui valorise l’art de poser des questions, semblable à l’âge enfantin «des pourquoi», assure François, exhortant à écouter et à apprendre à poser ces questions des enfants, «curieux dans le bon sens du terme». Le Pape, défenseur d’une éducation intégrale, leur a aussi souligné la nécessité de ne pas réduire la connaissance à la seule capacité de l’esprit, mais à la coupler «à la dextérité de mains industrieuses et la générosité d’un cœur passionné». Elle est un triple langage qui se parle avec l’esprit, avec le cœur et avec les mains. Et, conclut, le Pape, le cœur est le meilleur pacificateur contre l’ennemi des idéologies. «Les idéologies ne nous font pas grandir, quel que soit leur signe, elles sont l’ennemi de la maturation.»

“Dilexit Nos” – l’encyclique du Pape François sur l’amour humain et divin du Coeur de Jésus-Christ

Le Pape François a publié ce 24 octobre 2024 sa quatrième encyclique «Dilexit nos» (Il nous a aimés) sur l’amour humain et divin du cœur de Jésus Christ. En ce 350 ème anniversaire des apparitions de Jésus à Sainte Marguerite-Marie à Paray-le-Monial, il nous invite à retrouver la valeur de la dévotion au Sacré Coeur de Jésus.

Son cœur ouvert nous précède et nous attend inconditionnellement, sans exiger de préalable pour nous aimer et nous offrir son amitié : “Il nous a aimés le premier” (1 Jn 4, 19).

Cette encyclique sur la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus s’articule en cinq chapitres et reprend « les précieuses réflexions des textes magistériels précédents et une longue histoire qui remonte aux Saintes Écritures, afin de reproposer aujourd’hui à toute l’Église ce culte chargé de beauté spirituelle » écrit le Pape. De nombreux saints  à travers les siècles sont aussi cités en référence.

5 chapitres pour s’imprégner de la dévotion au Cœur de Jésus

Jésus

Le premier chapitre redéfinit les dimensions du coeur, celui de Jésus, le nôtre.
« Devant le Cœur du Christ, je demande au Seigneur d’avoir à nouveau compassion pour cette terre blessée qu’Il a voulu habiter comme l’un de nous. Qu’Il répande les trésors de sa lumière et de son amour, afin que notre monde, qui survit au milieu des guerres, des déséquilibres socioéconomiques, du consumérisme et de l’utilisation antihumaine de la technologie, puisse retrouver ce qui est le plus important et le plus nécessaire : le cœur. » (n°31)

Le second chapitre traite des gestes et des paroles d’amour du Christ. « Nous avons dans les Écritures sa Parole toujours vivante et actuelle, mais il arrive aussi que Jésus nous parle intérieurement et nous appelle pour nous conduire au meilleur endroit. Ce lieu le meilleur, c’est son Cœur. Il nous appelle à entrer là où nous pouvons retrouver des forces et la paix : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi, je vous soulagerai » (Mt 11, 28). C’est pourquoi Il demande à ses disciples : « Demeurez en moi » (Jn 15, 4). » (n°43)

Le troisième chapitre est intitulé “Voici ce coeur qui a tant aimé le monde” nous invitant à l‘adoration et à la vénération de la totalité de la personne du Christ à travers son coeur. « la dévotion au Cœur du Christ est essentielle à notre vie chrétienne car elle signifie notre ouverture, pleine de foi et d’adoration, au mystère de l’amour divin et humain du Seigneur, au point que nous pouvons affirmer une fois de plus que le Sacré-Cœur est une synthèse de l’Évangile » (n. 83) La dévotion au Cœur du Christ permet aussi de contrer « de nouvelles manifestations d’une “spiritualité sans chair” qui se multiplient dans la société » (n. 87). Il est nécessaire de « revenir à la synthèse incarnée de l’Évangile » (n. 90)

Le quatrième chapitre fait référence au côté transpercé du Christ, sous le thème l’Amour qui donne à boire. « Il ne s’agit pas d’un amour simplement déclaré, mais son côté ouvert est source de vie pour celui qui est aimé, il est cette fontaine qui étanche la soif de son peuple. » (n°101)  Il explique comment dès les premiers chrétiens, le côté transpercé du Christ a été vénéré et relate l’apparition de Jésus à Sainte Marguerite Marie Alacoque à Paray-le-Monial en 1673 lorsqu’il lui déclare : «  Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen et qu’il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre » (n°119).

Le cinquième chapitre, Amour par amour“, traite des dimensions communautaire, sociale et missionnaire de la dévotion au Cœur du Christ qui « nous conduit au Père, nous envoie vers nos frères » (n. 163). En effet, l’amour pour nos frères est l’« acte plus grand que nous puissions offrir pour Lui rendre amour pour amour » (n. 167). Cet élan se traduit par la réparation, le pardon, l’humilité et la mission comme l’expliquait saint Jean-Paul II : « “la civilisation du Cœur du Christ pourra être bâtie sur les ruines accumulées par la haine et la violence” en nous abandonnant à ce Cœur » (n. 182).

Le Pape termine avec cette prière

« Je prie le Seigneur Jésus-Christ que jaillissent pour nous tous de son saint Cœur ces fleuves d’eau vive qui guérissent les blessures que nous nous infligeons, qui renforcent notre capacité d’aimer et de servir, qui nous poussent à apprendre à marcher ensemble vers un monde juste, solidaire et fraternel. Et ce, jusqu’à ce que nous célébrions ensemble, dans la joie, le banquet du Royaume céleste. Le Christ ressuscité sera là, harmonisant nos différences par la lumière jaillissant inlassablement de son Cœur ouvert. Qu’il soit béni ! » (n. 220).

« Les yeux levés, les mains jointes, les pieds nus »

Lettre du pape François aux nouveaux cardinaux

Le 6 octobre dernier, le pape François a écrit une lettre, qu’il a rendue publique ce samedi 12, aux 21 nouveaux cardinaux qui seront créés lors du consistoire du 7 décembre prochain.   Cher frère, Par ta création en tant que cardinal, tu vas rejoindre le clergé de Rome. Sois le bienvenu ! Une appartenance qui exprime l’unité de l’Église et le lien de toutes les Églises avec celle de Rome. Je t’encourage à faire en sorte que ton cardinalat incarne ces trois attitudes avec lesquelles un poète argentin (Francisco Luis Bernárdez) décrivait saint Jean de la Croix, mais qui nous conviennent également : “les yeux levés, les mains jointes, les pieds nus”. Les yeux levés parce que ton service te demandera d’élargir ton regard et de dilater ton cœur, afin de pouvoir regarder plus loin et aimer plus universellement, avec une plus grande intensité. Se mettre à l’école de Son regard (Benoît XVI) qui est le côté ouvert du Christ. Les mains jointes parce que ce dont l’Église a le plus besoin – avec la proclamation – c’est de ta prière pour paître au mieux le troupeau du Christ. La prière, qui appartient au domaine du discernement, pour m’aider à chercher et à trouver la volonté de Dieu pour notre peuple, et la suivre. Les pieds nus qui touchent la dureté de la réalité de tant de recoins du monde déchirés par la douleur et la souffrance de la guerre, de la discrimination, de la persécution, de la faim et de nombreuses formes de pauvreté qui demanderont beaucoup de compassion et de miséricorde de ta part.

En te remerciant de ta générosité, je prie pour toi afin que le titre de “serviteur” (diacre) prenne de plus en plus le pas sur celui d’“éminence”. Prie pour moi, que Jésus te bénisse et que la Sainte Vierge t’accompagne

. Fraternellement,

FRANÇOIS

Rome, Saint-Jean-de-Latran, le 6 octobre 2024  

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Le pape François annonce la création de 21 cardinaux

Le pape François a annoncé ce dimanche 6 octobre la création de 21 cardinaux lors d’un consistoire qui se tiendra le 8 décembre 2024. Parmi eux se trouvent un Français en poste à l’étranger, Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, et le frère dominicain Timothy Radcliffe, théologien britannique. (I-Media)

Le pape François a annoncé lors de l’Angélus ce dimanche 6 octobre la création de 21 cardinaux lors d’un consistoire qui se tiendra le 8 décembre 2024. Chili, Brésil, Canada, Algérie, Iran, Japon, Italie ou encore Serbie… Ces nouveaux cardinaux proviennent de 18 nationalités différentes. Parmi eux se trouvent un Français en poste à l’étranger, Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, et le frère dominicain Timothy Radcliffe, théologien britannique. Seul l’ancien nonce italien Angelo Acerbi a plus de 80 ans et ne sera donc pas électeur en cas de conclave. Le 8 décembre prochain, le collège des cardinaux électeurs devrait donc compter 141 cardinaux électeurs et 115 non votants.

La liste des 21 nouveaux cardinaux créés par le pape François le 6 octobre

  • 1- Mgr Angelo Acerbi, nonce apostolique émérite aux Pays-Bas, Italie.
    2- Mgr Carlos Castillo Mattasoglio, archevêque de Lima, Pérou.
    3- Mgr Vicente Bokalic Iglic, archevêque de Santiago del Estero, Argentine.
    4- Mgr Luis Gerardo Cabrera Herrera, archevêque de Guayaquil, Équateur,
    5- Fernando Natalio Chomalí Garib, arcehvêque de Santiago du Chili, Chili.
    6- Mgr Tarcisius Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, Japon.
    7- Mgr Pablo Virgilio Siongco David, évêque de Kalookan, Philippines.
    8- Mgr László Német, archevêque de Belgrade, Serbie.
    9- Mgr Jaime Spengler, archevêque de Porto Alegre, Brésil.
    10- Mgr Ignace Bessi Dogbo, archevêque d’Abidjan, Côte d’Ivoire.
    11- Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, Algérie.
    12- Mgr Paskalis Bruno Syukur, évêque de Bogor, Indonésie.
    13- Mgr Dominique Joseph Mathieu, archevêque de Téhéran Ispahan, Iran.
    14- Mgr Roberto Repole, archevêque de Turin, Italie.
    15- Mgr Baldassare Reina, évêque auxiliaire de Rome, anciennement Vice-gérant et, à partir d’aujourd’hui, Vicaire général pour le diocèse de Rome, Italie.
  • 16- Mgr Frank Leo, Archevêque de Toronto, Canada.
    17- Mgr Rolandas Makrickas, archiprêtre coadjuteur de la Basilique papale Sainte-Marie-Majeure, Lituanie.
    18- Mgr Mykola Bychok, évêque de l’éparchie Saints Pierre et Paul de Melbourne des Ukrainiens, Australie.
    19- Père Timothy Peter Joseph Radcliffe, théologien, Royaume-Uni.
    20- Père Fabio Baggio, sous-secrétaire de la Section migrants et réfugiés du dicastère pour le Service du développement humain intégral, Italie.
    21- Mgr George Jacob Koovakad, fonctionnaire de la Secrétairerie d’État, chargé des voyages pontificaux, Inde.

Gr Vesco, archevêque d’Alger

Le Rosaire dans la paroisse

Nous commençons le mois du rosaire le mardi prochain. Nous proposons le chapelet en communauté tous les jours à 17h selon la rotation ci-après :

  • Saint Vincent sur Graon du 1 er et 6
  • Angles du 7 au 13
    Moutiers du 14 au 20
    La Tranche du 21 au 27
    La Boissière du 28 au 31

Le Vatican va livrer son verdict sur les apparitions de Medjugorje

Jeudi, le Vatican donnera une conférence de presse sur le sanctuaire de Medjugorje (Bosnie-Herzégovine). Nombre de journaux italiens, mais aussi anglophones ou hispanophones, ont déjà fait leurs titres sur cet évènement qui suscite un grand intérêt, étant donné que ce lieu d’apparitions mariales présumées depuis les années 1980, fait preuve d’une attention toute particulière du Saint-Siège cette dernière décennie.

Anna Kurian – publié le 18/09/24

Ces derniers mois, le dicastère pour la Doctrine de la foi, doté de nouvelles normes d’investigation sur les phénomènes surnaturels depuis mai, s’est prononcé sur divers lieux de dévotion. Après Pellevoisin, Amsterdam ou encore Fontanelle, Rome va passer au crible « l’expérience spirituelle » du célèbre sanctuaire de Medjugorje qui attire chaque année plus d’un million de pèlerins. Mais cette fois-ci, le verdict sera annoncé d’une façon sensiblement différente : alors que les autres lieux ont suscité la publication d’une lettre, Medjugorje a droit à une conférence de presse qui fait couler déjà beaucoup d’encre par anticipation.

Et pour cause : la légitimité de cette dévotion et la gestion de ce sanctuaire sont au cœur de controverses. e Vatican a lancé une commission d’enquête en 2010, sous Benoît XVI, puis le pape François a nommé en 2018 un « visiteur apostolique » afin d’encadrer les dévotions et les pèlerinages autour de ce site, où les apparitions n’ont pas été formellement reconnues par le Saint-Siège. Le préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, le cardinal Victor Manuel Fernández, analysera donc ce phénomène initié autour de six « voyants »– qui étaient des enfants au moment des premières apparitions en 1981 – à la lumière des nouvelles normes. Celles-ci établissent un barème de six niveaux pour permettre de statuer, allant du « nihil obstat » – feu vert pour la dévotion – au « constat de caractère non-surnaturel » – correspondant à un voyant rouge. Sauf intervention du Pape, les normes expliquent que Rome ne reconnaîtra jamais la surnaturalité du phénomène étudié.

Des détails à clarifier

Le cardinal Fernández avait déjà évoqué le dossier Medjugorje il y a quatre mois en présentant les normes d’investigation. « Il n’y pas de conclusion encore mais avec ces normes nous pensons que ce sera plus facile d’avancer et de parvenir […] à une conclusion de prudence« , avait-il confié.  « Mais même en supposant qu’il y ait un nihil obstat, peut-être devra-t-on clarifier que certains détails ne doivent pas être pris au sérieux », avait précisé le prélat argentin. Et de glisser : « Si je me souviens bien, la Madone là-bas donnait des ordres, sur l’horaire, le lieu, ce que devait faire l’évêque… Cela doit être clarifié« . 

François : l’Abbé Pierre, Notre Dame de Paris…

Dans le vol Singapour-Rome, François a répondu aux journalistes qui l’accompagnent et évoqué le drame des civils tués. Sur les élections américaines: entre Harris et Trump, il a invité chacun à choisir en conscience. Le Pape a également clairement condamné l’avortement tout comme le rejet des migrants. Il a répondu aux questions sur l’abbé Pierre, Notre Dame de Paris…

Votre Sainteté, tout d’abord merci pour ce voyage fascinant. Au Timor oriental, vous avez mentionné les jeunes victimes d’abus sexuels. Nous avons évidemment pensé à Mgr Belo. En France, nous avons un cas similaire avec l’abbé Pierre, fondateur d’Emmaüs, qui fut élu pendant plusieurs années la personnalité préférée des Français. Dans les deux cas, leur charisme rendait les accusations plus difficiles à croire. Je voudrais demander: que savait le Vatican de l’abbé Pierre? Et que dire aux victimes et à la population en général qui ont du mal à croire qu’une personne qui a fait tant de bien puisse aussi avoir commis des crimes? Et en parlant de la France, on aimerait aussi savoir: serez-vous à Paris pour l’inauguration de Notre-Dame en décembre? (Simon Leplatre – LE MONDE)

Je réponds à la dernière: je n’irai pas à Paris, je n’irai pas à Paris. Puis la première. Vous avez touché un point très sensible et très délicat. Ce sont des gens bien, des gens qui font le bien, vous avez parlé de l’abbé Pierre. Avec tant de bien fait, vous pouvez voir que cette personne est un vilain pécheur. Et c’est notre condition humaine. Il ne faut pas dire: couvrons, couvrons pour que ça ne se voit pas. Les péchés publics sont publics et doivent être condamnés. Par exemple, l’abbé Pierre est un homme qui a fait beaucoup de bien mais c’est aussi un pécheur. Nous devons parler clairement de ces choses, et non les cacher. La lutte contre les abus est quelque chose que nous devons tous faire. Mais pas seulement contre les abus sexuels, contre tous les types d’abus: abus sociaux, abus éducatifs, changement de mentalité, suppression de liberté. L’abus est à mon avis une chose démoniaque, car tout type d’abus détruit la dignité de la personne, tout type d’abus tente de détruire ce que nous sommes tous: l’image de Dieu. Je suis heureux quand ces cas se révèlent. Je vais vous dire quelque chose que j’ai peut-être dit la dernière fois: il y a cinq ans, nous avons eu une réunion avec les présidents des conférences épiscopales sur des cas d’abus sexuels et autres abus. Nous avons une statistique très bien faite, je crois des Nations Unies. De 42 à 46 % des abus ont lieu au sein de la famille ou dans le quartier. Enfin, les abus sexuels sur enfants, des mineurs, est un crime et une honte.

[Ajout à la fin de la conférence] Une chose à laquelle je n’ai pas répondu: ce que le Vatican savait de l’abbé Pierre. Je ne sais pas quand le Vatican l’a découvert, je ne sais pas. Je ne sais pas parce que je n’étais pas là et l’idée de faire des recherches là-dessus ne m’est jamais venue à l’esprit, mais certainement après la mort c’est certain. Mais avant, je ne sais pas.

Le christianisme, une histoire de visages

François à Vanimo a couronné le rêve d’embrasser l’extrême périphérie du monde.

Andrea Tornielli**Directeur éditorial des médias du Vatican

Le christianisme n’est pas une philosophie, une idée, un manuel de règles morales. Le christianisme est un événement tissé d’émerveillements et de visages. À Vanimo, puis dans le village reculé de Baro, par un dimanche après-midi étouffant, nous en avons eu la preuve une fois de plus. Il y avait de l’étonnement et de la gratitude sur les visages de Miguel De la Calle, Martín Prado et Tomás Ravaioli, les missionnaires argentins du Verbe Incarné qui passent joyeusement leur vie à proclamer l’Évangile à la périphérie du monde, dans cette belle terre dont les couleurs rappellent des tableaux de Paul Gauguin. L’étonnement et la gratitude se lisaient sur le visage de François qui, à presque 88 ans, assis dans un fauteuil roulant, est monté à bord d’un Hercules C130 de l’armée de l’air australienne, chargé de colis d’aide et de cadeaux, pour couronner un rêve cultivé depuis une décennie: celui d’être ici, avec eux, et d’embrasser du regard et des mains d’un vieux père jésuite devenu pasteur universel ces hommes heureux, vêtus de blanc comme lui, et surtout leur peuple. Ce peuple qui a appris à connaître la Mère de Jésus sur le visage de «Mama Luján», la patronne de l’Argentine.

Il fallait voir le pape François, assis dans la petite salle de la maison en bois couverte de moustiquaires où résident les missionnaires, sirotant un maté à côté d’eux, après un bain de foule au milieu d’hommes, de femmes et d’enfants aux vêtements colorés, couverts de quelques plumes ou de paille, aux corps multicolores. Depuis des années, le Successeur de Pierre est en contact avec ses compatriotes qui témoignent de l’amour inconditionnel du Dieu de Jésus-Christ auprès de ce peuple. En particulier avec l’un d’entre eux, le père Martín. Le jeune missionnaire n’avait pas de mots pour remercier son ami qui avait défié tout et tout le monde pour être là ne serait-ce que quelques heures et voir de ses propres yeux le spectacle d’une église naissante et de ses mille défis vécus dans la joie.

Les problèmes ne manquent pas à Vanimo et à Baro. Les gens vivent dans la précarité, sans eau courante ni électricité. Il y a peu de médicaments. La violence, le tribalisme et l’exploitation des énormes richesses minières et forestières par les multinationales sont une réalité. Les missionnaires du Verbe Incarné, sur cette côte de l’océan Pacifique coincée entre la jungle et le récif corallien, ont donné naissance en 2018 à un orchestre à cordes composé d’enfants et de jeunes. Dans la tonne de colis transportés par le Pape dans l’avion militaire, il y avait aussi des violons et des violoncelles. François, heureux comme un enfant, a pu écouter quelques morceaux. En voyant cette scène, on ne peut s’empêcher de penser au miracle des reducciones, ces villages indigènes du Paraguay organisés par les Jésuites, avec leurs écoles de chant, dont les échos subsistent dans les livres d’histoire et les scènes du film “Mission”. De minuscules pousses de l’Évangile qui germent discrètement parmi les cultures ancestrales et font résonner la tendresse, la proximité, la compassion, l’amour inconditionnel pour les derniers et les oubliés. Des vies données par amour jusqu’à la dernière goutte. La joie se lit sur les visages des personnes âgées et des nombreux enfants souriants. De la joie sur les visages couverts de soleil et de sueur des missionnaires qui ont revêtu ce dimanche leur soutane blanche pour accueillir leur ami l’évêque de Rome. La joie aussi sur le visage de François, qui monte dans l’Airbus C130 de l’armée, mais qui aurait tant aimé rester ici.

Peuple de Dieu en marche vers le Royaume

                 Peuple de Dieu en marche vers le Royaume 

Sans que notre marche vers le Royaume ait été interrompue, l’été a été pour tous un temps de pause ou de changement d’activités, un temps de retrouvailles, de convivialités qui remontent le moral et qui avec la complicité du soleil donnent de la joie et du sourire aux cœurs et aux visages. Maintenant c’est l’heure de reprendre le travail, de repartir, de trouver de bonnes et de fortes raisons pour repartir de plus belle avec enthousiasme et détermination. Les raisons, nous pouvons les trouver dans plein de personnes, de choses ou d’endroits mais notre foi en est une d’incontournable, la personne du Christ qui nous a mis en route, en branle ou en mouvement et pour qui nous avons voulu tout quitter. Le Christ, c’est lui le moteur central en qui se concentrent les grandes motivations car, personne et Dieu, il nous amène en même temps vers l’homme et vers son Père, notre Dieu et Père de tous. Les motivations humaines ou matérielles peuvent s’éteindre ou décevoir mais lui, Jésus est l’ami fidèle et tendre qui relance chaque fois notre marche et l’accélère vers le Père.

En ce mois de rentrée, je nous appelle toutes et tous à faire du Christ notre raison primordiale de faire Église, de faire communauté. Puisse-t-il nous donner le courage et la détermination nécessaires pour ouvrir de nouveaux sentiers de marche joyeuse, stimulante et exaltante pour goûter en Église la bonté du
Seigneur. L’âge et la santé ne permettront pas à certains de tenir le rythme et auront besoin de bras pour aller plus loin. Nos prières et notre amitié les rejoindront et les porteront. Que nos opinions et nos ressentis personnels ne ralentissent pas la bonne marche du troupeau mais que notre désir et notre volonté de rejoindre le cœur de Dieu la relancent et la ragaillardissent.
Bonne reprise à toutes et à tous. Merci à tous les bénévoles qui se réinvestissent.

Fraternellement
Père Verkys NONVIGNON

Bulletin paroissial septembre 2024 n°185

François rappelle l’importance de la prière liturgique dans la vie de l’Église

Le Pape François a adressé un message aux participants de la 74e Semaine liturgique nationale, qui se tient dans la ville de Modène-Nonantola, dans le nord de l’Italie. Le rassemblement sur le thème «Le fruit des lèvres qui confessent son nom» met l’accent sur l’importance de la prière liturgique communautaire, de la musique sacrée, du silence et des ministères liturgiques.

Vatican News

Dans son message à la 74e Semaine liturgique nationale qui se déroule dans le nord de l’Italie, signé au nom du Pape par le cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’État du Vatican, François réfléchit sur la façon dont la prière liturgique est une expérience partagée qui transcende l’individualisme.

Citant le Catéchisme de l’Église catholique, il rappelle aux participants que la prière liturgique est «une participation à la prière du Christ, adressée au Père dans l’Esprit Saint».

Contrairement aux prières personnelles qui peuvent se concentrer sur les besoins individuels, explique-t-il, la prière liturgique unit les fidèles en un seul corps, leur permettant de participer à la prière collective de l’Église. Cette expérience d’unité, ajoute-t-il, est une pierre angulaire de la vie chrétienne, car elle rassemble les croyants de tous les temps et de tous les lieux.

L’art de célébrer la liturgie

Au cœur des discussions de la semaine se trouve le concept “ars celebrandi”, l’art de célébrer la liturgie. Le Saint-Père affirme que cela implique non seulement une observance formelle des rituels, mais aussi une attitude de révérence et de participation qui entraîne la communauté dans une communion plus profonde avec le Christ.

Il souligne comment une célébration liturgique efficace garantit que la grâce transmise par les rites touche la vie de tous ceux qui y participent. Cet appel s’étend à tous les membres baptisés de l’Église, qui sont invités à mettre de côté leur individualisme et à embrasser l’identité commune d’une Église en prière.

Le rôle de la musique sacrée

’un des aspects clés soulignés par le pape François est le rôle de la musique sacrée dans la liturgie. Loin d’être une simple décoration, la musique, dit-il, fait partie intégrante de la célébration et joue un rôle unique dans la transmission du mystère de la foi.

Citant saint Paul VI, qui a fait remarquer que lorsque les fidèles chantent, ils restent connectés à l’Église et préservent leur foi, le Pape a déclaré que cela met en évidence les dimensions communautaires et spirituelles du chant, où le mélange des voix symbolise l’unité des croyants et leur cheminement commun vers Dieu.

L’importance du silence dans le culte

Dans un monde souvent caractérisé par un bruit et une activité constante, le message du Pape attire également l’attention sur la valeur du silence dans la liturgie.

Le silence, écrit-il dans son message, n’est pas une absence mais un espace significatif où les fidèles peuvent écouter Dieu, cultiver un cœur contemplatif et se laisser transformer par l’Esprit Saint. Ce «silence sacré» est un élément clé du culte, permettant aux croyants de se connecter plus profondément avec le divin et les uns avec les autres.

Les ministères liturgiques et l’esprit de synodalité

François met également en lumière un autre aspect important de la Semaine liturgique de cette année: l’accent mis sur les ministères liturgiques.

Le Saint-Père souligne que ces ministères ne sont pas seulement des responsabilités fonctionnelles, mais qu’ils sont l’expression des divers dons que l’Esprit Saint accorde à l’Église.

Dans cette diversité, dit-il, l’unité de l’Église s’exprime, favorisant la participation active et la responsabilité partagée dans la mission de l’Église. Le Pape appelle à une formation continue pour garantir que ces ministères soient exercés avec humilité et esprit de service, en évitant toute tendance au personnalisme ou au protagonisme.