Marie, la bien-aimée de la liturgie

L’année civile commence avec une solennité de la Vierge Marie, honorée le 1er janvier comme « Mère de Dieu ». Le début d’un long chapelet de fêtes consacrées à la mère de tous les croyants. Combien sont-elles, au juste ?

Valdemar de Vaux – publié le 26/01/24

Peut-on vraiment donner une réponse définitive à la question de savoir combien de fois est fêtée la Vierge Marie dans l’année liturgique ? Impossible pour l’homme, mais Dieu doit bien le savoir, lui pour qui « rien n’est impossible » (Lc 1, 37), comme le rappelle l’ange Gabriel à Marie, justement. Dans son ouvrage La Vierge Marie fêtée par l’Église, le bénédictin dom Guy Oury, qui fut moine de Solesmes, en explique treize. Plus d’une par mois, donc, même si ni mars ni avril n’honore la mère des croyants.

Pourtant, les choses ne sont pas si simples. D’abord parce que deux fêtes du Seigneur sont intimement liées à Notre-Dame. Le 2 février, fête de la « Présentation du Seigneur », fut jusqu’à la réforme conciliaire celle de la « Purification de la Vierge Marie ». Le mystère du Christ contemplé alors ne change pas, mais la primauté est accordée au Fils, bien que Marie, en offrant son nouveau-né à Dieu, offre aussi son âme « traversée d’un glaive » d’après la prophétie d’Anne. Quant au 25 mars, solennité du Seigneur commémorant l’Annonciation, il met à l’honneur l’Incarnation, qui unit les chairs filiale et maternelle. 

L’œuvre de Dieu pour l’humanité au cœur de la liturgie

Ce mystère de l’Incarnation est d’ailleurs, d’après dom Oury, ce qui permet de comprendre « la fonction capitale de Notre-Dame : Marie a mis au monde le Fils de Dieu, lui donnant un corps semblable au nôtre, tiré de sa chair virginale, et a rendu possible par là son insertion dans la famille humaine. […] Notre-Dame est donc l’assise toute première de l’édifice surnaturel que l’Église vient réaliser sur terre ; sans Marie, l’Église n’aurait pu naître, Dieu en ayant ainsi disposé. »

L’Église, dont la Vierge Marie est la figure et qui a pour acte de naissance le fiat de la « servante du Seigneur », rend donc à la mère du Sauveur le culte qui lui est dû, mais qui est toujours ordonné à Jésus lui-même, selon l’adage spirituel de saint Louis-Marie : « à Jésus, par Marie ». Du 1er janvier (Mère de Dieu) au 8 décembre (Immaculée conception), en passant par le 11 février (Notre-Dame de Lourdes), le lendemain du Sacré-Cœur (Cœur immaculé), le 31 mai (la Visitation), le 16 juillet (Notre-Dame du Mont-Carmel), le 5 août (Dédicace de sainte Marie Majeure), le 15 août (l’Assomption), le 22 août (Marie Reine), le 8 septembre (la Nativité), le 15 septembre (Notre-Dame des Douleurs), le 7 octobre (Notre-Dame du Rosaire) et le 21 novembre (Présentation de Marie au Temple), c’est l’œuvre de Dieu pour l’humanité qui est au cœur de la liturgie. 

De nombreuses apparitions de Marie

La constitution conciliaire sur la liturgie l’explicite ainsi : « En célébrant le cycle annuel des mystères du Christ, la sainte Église vénère avec un particulier amour la bienheureuse Marie, mère de Dieu, qui est unie à son Fils dans l’œuvre salutaire par un lien indissoluble ; en Marie, l’Église admire et exalte le fruit le plus excellent de la Rédemption, et, comme dans une image très pure, elle contemple avec joie ce qu’elle-même désire et espère tout entière. » (Sacrosanctum concilium, §103)

Et, si le nombre de fêtes qui honorent Notre-Dame est innombrable, c’est aussi à cause de la multitude des lieux où la Vierge est apparue, de celle des sanctuaires qui lui sont dédiés et de celle des endroits où la tradition la prie depuis des siècles entiers : du Mexique (Guadalupe, le 12 décembre) à la Terre sainte (Palestine, le 25 octobre), en passant par la Mongolie (Mozishan, le 2 août) ou le Rwanda (Kibeho, le 28 novembre). Rien qu’en France, la Mère du Sauveur est apparue dans dix-huit lieux reconnus par l’Église… terre bénie où la patronne n’est autre que Notre-Dame de l’Assomption.

Dans la vigne comme dans la vie, respect et humanité sont indispensables

À l’agenda du Pape François ce lundi 22 janvier, une rencontre avec le monde du vin italien. Le Saint-Père a livré un discours sur les valeurs du travail de la terre, inspiré de saint François d’Assise.

Vatican News

Ils étaient une centaine en salle du Consistoire devant le Pape dans la matinée du 22 janvier, tous participants à une conférence sur «L’économie de François et le monde du vin italien». Le Poverello d’Assise est justement un exemple à suivre pour ces travailleurs de la vigne et de la terre, a expliqué l’évêque de Rome tout au long de son discours.  

Œnologues, vignerons ou commerçants…. «Pour un produit de qualité, l’application des techniques industrielles et de la logique commerciale ne suffit pas, leur a dit François, la terre, la vigne, les processus de culture, de fermentation et de maturation exigent de la constance, de l’attention et de la patience.»D’ailleurs, l’Ecriture Sainte elle-même parle de ces questions, par exemple dans la Lettre de Jacques, citée par François: «Regardez le cultivateur: il attend avec constance le précieux fruit de la terre, jusqu’à ce qu’il ait reçu la première et la dernière pluie».  Ainsi, a continué le Pape, «Le respect, la persévérance, la capacité de tailler pour porter du fruit sont des messages précieux pour l’âme, qui sont bien appris des rythmes de la nature, de la vigne et du travail de la terre.»

Respect et humanité

Dans l’utilisation de la terre comme dans la gestion du travail, le respect et l’humanité sont des valeurs décisives, a continué le Saint-Père en citant Laudato si’ et invitant à considérer «l’impact causé par chaque action et chaque décision personnelle en dehors de soi.» 

Enfin, a conclu le Souverain pontife, «le vin, la terre, les compétences agricoles et l’activité entrepreneuriale sont des dons de Dieu, mais n’oublions pas que le Créateur nous les a confiés, à notre sensibilité et à notre honnêteté, afin que nous en fassions, comme le dit l’Écriture, une véritable source de joie pour « le cœur de l’homme »».

Communiqué du Conseil permanent de la Conférence des évêques de France au sujet de la déclaration Fiducia Supplicans

La déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi Fiducia Supplicans, datée du 18 décembre 2023, a eu un retentissement certain dans l’opinion publique, en particulier à cause des sujets sensibles qu’elle aborde : celui de l’accompagnement dans l’Église des personnes homosexuelles vivant en couple d’une part et celui des personnes divorcées engagées dans une vie de couple d’autre part.

Le Conseil permanent reçoit cette déclaration comme un encouragement aux pasteurs à bénir généreusement les personnes qui s’adressent à eux en demandant humblement l’aide de Dieu. Ils les accompagnent ainsi sur leur chemin de foi pour qu’elles découvrent l’appel de Dieu dans leur propre existence et y répondent concrètement.

Fiducia Supplicans rappelle la doctrine de l’Église catholique qui, conformément « aux desseins de Dieu inscrits dans la création et pleinement révélés par le Christ Seigneur » (n° 11), comprend le mariage comme « union exclusive, stable et indissoluble, entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la génération d’enfants » (n° 4). C’est ce que nous recevons de Jésus lui-même sur le mariage et son indissolubilité (cf. Mt 19, 3-9).

Nous recevons également de Jésus-Christ l’appel à un accueil inconditionnel et miséricordieux, puisque Jésus n’est « pas venu appeler des justes mais des pécheurs » (Mc 2, 17), que nous sommes tous. Fiducia Supplicans rappelle que ceux qui ne vivent pas dans une situation leur permettant de s’engager dans le sacrement de mariage, ne sont exclus ni de l’Amour de Dieu, ni de son Église. Elle les encourage dans leur désir de s’approcher de Dieu pour bénéficier du réconfort de sa présence et pour implorer la grâce de conformer leur vie à l’Évangile.

C’est en particulier à travers des prières de bénédiction, données sous une forme spontanée, « non ritualisée » (n° 36), hors de tout signe susceptible d’assimilation à la célébration du mariage, que les ministres de l’Église pourront manifester cet accueil large et inconditionnel.

Mgr Éric de Moulins-Beaufort, Président de la Conférence des évêques de France
Mgr Dominique Blanchet, évêque de Créteil, vice-président de la Conférence des évêques de France
Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours, vice-président de la Conférence des évêques de France
S. Em. le Cardinal Jean-Marc Aveline, archevêque de Marseille
Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris
Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen
Mgr Sylvain Bataille, évêque de Saint-Étienne
Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges
Mgr Alexandre Joly, évêque de Troyes
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre

Fiducia supplicans : réflexions et orientations des évêques de la Province de Rennes 

Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a publié la Déclaration Fiducia supplicans du 18 décembre 2023 « sur la signification pastorale des bénédictions ». Ne nous laissons pas happer par le tourbillon des réactions variées qu’ elle suscite. Cette Déclaration appelle de notre part une lecture attentive de l’ ensemble du texte afin de recevoir « le cœur ouvert » (n. 27) l’ enseignement du pape François sur lequel elle s’ appuie.

« Étant donné le contexte sociétal qui est le nôtre, nous voudrions attirer votre attention sur quatre attitudes pastorales auxquelles nous invite la Déclaration ». C’est avec ces mots que les évêques de la Province de Rennes débute leur lettre adressée aux prêtres et diacres au sujet de Fiducia supplicans. 

4 attitudes pastorales

Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a publié la Déclaration Fiducia supplicans le 18 décembre 2023 « sur la signification pastorale des bénédictions ». Un document qui a fait réagir nombres de personnes et fait couler beaucoup d’encre.

Les évêques de la Province ecclésiastique de Rennes ont adressé aux prêtres et aux diacres un document pour leur apporter leurs réflexions et orientations. Ils attirent notre attention sur quatre attitudes pastorales : « la charité pastorale », « la doctrine catholique pérenne du mariage », « enrichir le sens des bénédictions » et « bénir les couples de même sexe ? ».

Des explications qui sont claires

Aux prêtres et diacres des diocèses de Quimper, Rennes, Saint-Brieuc, Vannes, Angers, Laval, Le Mans, Luçon, Nantes

Chers frères prêtres et diacres,

Le Dicastère pour la Doctrine de la Foi a publié la Déclaration Fiducia supplicans du 18 décembre 2023 « sur la signification pastorale des bénédictions ». Ne nous laissons pas happer par le tourbillon des réactions variées qu’elle suscite. Cette Déclaration appelle de notre part une lecture attentive de l’ensemble du texte afin de recevoir « le cœur ouvert » (n. 27) l’enseignement du pape François sur lequel elle s’appuie.

Étant donné le contexte sociétal qui est le nôtre, nous voudrions attirer votre attention sur quatre attitudes pastorales auxquelles nous invite la Déclaration :

1 – « La charité pastorale »

Si le concile Vatican II a enseigné que l’Église est « sacrement universel de salut » (Lumen gentium, n. 48), la Déclaration le rappelle (n. 20) et précise que l’Église est « le sacrement de l’amour infini de Dieu » (n. 43). Cette expression est le titre de la dernière partie de la Déclaration. Paul VI a commencé sa première encyclique – Ecclesiam suam dont nous fêterons le 60ème anniversaire – par : « L’Église du Christ Jésus a été voulue par son Fondateur comme mère aimante de tous les hommes et dispensatrice du salut. »

La Déclaration nous conduit ainsi à cette grande considération sur l’amour infini de Dieu, dont l’Église est le sacrement dans l’histoire des hommes. Elle nous invite à ne pas « perdre la charité pastorale qui doit passer par toutes nos décisions et nos attitudes » (n. 13). Le 15 octobre dernier, le pape François a rappelé le message de sainte Thérèse de Lisieux, Docteur de l’Église, qui reçut une forte compréhension du rôle central de la charité : « Je compris que l’Amour seul faisait agir les membres de l’Église, que si l’Amour venait à s’éteindre, les Apôtres n’annonceraient plus l’Évangile. » (C’est la confiance, n. 39)

Saint Paul nous enseigne que cette charité est un don de l’Esprit Saint (cf. Rm 5,5). Elle est sans cesse à demander dans la prière. Elle est patiente et met sa joie dans le « petit pas [accompli] au milieu de grandes limites humaines » (n. 43). Elle se traduit dans l’accueil sans jugement et dans l’écoute bienveillante sans a priori. Elle nous conduit à apporter consolation et apaisement grâce à une parole de vérité prononcée avec humilité et douceur, de façon adaptée à la situation et au chemin de la personne. Elle se poursuit dans l’espérance par la prière pour cette personne accueillie et écoutée.

2 – « La doctrine catholique pérenne du mariage »

La Déclaration pose un discernement sans ambiguïté : « L’Église n’a pas le pouvoir de conférer sa bénédiction liturgique lorsque celle-ci peut, d’une certaine manière, offrir une forme de légitimité morale à une union qui se présente comme un mariage ou à une pratique sexuelle extra maritale. » (n. 11) Cela clarifie les débats au sein de certaines Églises locales, notamment européennes ou américaines, qui opposent ceux qui pratiquent les bénédictions liturgiques de couples de même sexe et ceux qui se l’interdisent. En effet, pour que la bénédiction liturgique soit donnée, « il faut veiller à ce qu’il ne s’agisse pas de choses, de lieux ou d’événements contraires à la loi ou à l’esprit de l’Évangile » (n. 10).

Ainsi, « sont inadmissibles les rites et les prières qui pourraient créer une confusion entre ce qui est constitutif du mariage […] et ce qui le contredit » (n. 4). La Déclaration fournit des indications de telle sorte que la confusion soit à tout prix évitée et que la compréhension du mariage, qui ne se réalise qu’entre un homme et une femme selon le dessein de Dieu, soit préservée. Dans sa réponse aux Dubia présentés par cinq Cardinaux le 10 juillet 2023, le pape François rappelle que « l’Église a une conception très claire du mariage : une union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la génération d’enfants. Elle n’appelle « mariage » que cette seule union. C’est pourquoi l’Église évite toute forme de rite ou de sacramental qui pourrait contredire cette conviction et donner à entendre que l’on reconnaît comme mariage ce qui n’en est pas un ».

Plus que par le passé, dans notre société sécularisée qui a perdu la compréhension de l’admirable signification de la différence sexuelle, le mariage est perçu comme une réponse à l’appel de Dieu. Il est une vocation. Soyons heureux de nous mettre avec charité au service des couples qui se préparent au mariage ou qui sont mariés. Accompagnons avec attention ceux qui peinent, ceux qui oublient ou ne savent plus prendre soin de leur amour. Il est beau de permettre à l’amour conjugal et parental de se fortifier et purifier grâce à la lumière vivante de l’Évangile, avec la grâce et la bénédiction du Christ !

3 – « Enrichir le sens des bénédictions »

La Déclaration développe une compréhension des bénédictions (2ème partie). Après s’être référée à l’Écriture sainte, elle invite à les considérer « du point de vue de la pastorale populaire » : aux bénédictions liturgiques s’ajoute alors la « bénédiction spontanée » grâce à laquelle s’exprime « la proximité de l’Église avec toute situation où l’on recherche l’aide de Dieu » (n. 38). Cette bénédiction, sans vêtement liturgique, est un « simple geste » « de grande valeur », qui relève « de la liberté et de la spontanéité » (n. 36) du ministre ordonné et qui ne peut être codifié (n. 37).

« Celui qui demande une bénédiction montre qu’il a besoin de la présence salvifique de Dieu dans son histoire, et celui qui demande une bénédiction à l’Église reconnaît l’Église comme sacrement du salut que Dieu offre. » (n. 20) « Les personnes qui viennent spontanément demander une bénédiction manifestent […] leur ouverture sincère à la transcendance, la confiance de leur cœur qui ne s’appuie pas uniquement sur leurs propres forces, leur besoin de Dieu et leur désir de sortir de l’étroitesse de ce monde refermé sur lui-même. » (n. 21)

Dans ces affirmations, nous reconnaissons bon nombre de personnes qui nous demandent la bénédiction de Dieu. Cela ne rejoint-il pas de façon évidente notre pastorale lors de pèlerinages, dans des sanctuaires et dans tant d’autres situations ?

Bien que la Déclaration distingue les bénédictions liturgiques de celles qui sont données en dehors du cadre liturgique et qui peuvent être pratiquées avec « une plus grande spontanéité et liberté », il faut souligner que le ministre ordonné donne la bénédiction de Dieu au nom du Christ. La Déclaration fait référence au Ressuscité qui vit son Ascension en bénissant (cf. Lc 24,50-51) (n. 18). Cette finale de l’Évangile selon saint Luc a une haute signification pour la foi. Le Christ ressuscité est notre nouveau et éternel Grand Prêtre. Rempli d’une charité extrême (cf. Jn 13,1), il agit en son Église et par elle, en bénissant toujours et sans cesse. Ministres ordonnés, nous sommes les médiateurs de sa sainte bénédiction. L’Église est en quelque sorte sacrement de l’éternelle bénédiction dont le Christ, par amour, bénit les êtres humains au long de leur vie avec leurs joies et leurs malheurs.

Écoutons Benoît XVI conclure son Jésus de Nazareth : « Jésus part en bénissant. En bénissant il s’en va et dans la bénédiction il demeure. Ses mains restent étendues sur ce monde. Les mains du Christ qui bénissent sont comme un toit qui nous protège. Mais elles sont en même temps un geste d’ouverture qui déchire le monde afin que le ciel pénètre en lui et puisse y devenir une présence. Dans le geste des mains qui bénissent s’exprime la relation durable de Jésus avec ses disciples, avec le monde. […] Dans la foi, nous savons que Jésus, en bénissant, tient ses mains étendues sur nous. Voilà la raison permanente de la joie chrétienne. »

La Déclaration nous donne l’occasion de méditer sur la bénédiction qui descend du ciel et dont nous sommes les ministres, ainsi que sur la bénédiction qui monte vers Dieu par la louange pour ses bienfaits visibles ou invisibles. Sommes-nous des ministres ordonnés qui conduisent les fidèles à bénir Dieu, à Le louer pour sa miséricorde ? Offrons-nous suffisamment la bénédiction de Dieu ? Avons-nous conscience que nous avons la belle mission de bénir ? Faisons mémoire des occasions qui se présentent pour que nous conduisions à la louange ou que nous offrions la bénédiction de Dieu. Que ce soit avec une personne malade, une famille en deuil, un groupe de jeunes, une famille, une rencontre de fidèles … Accompagnons notre bénédiction d’une prière spontanée qui présente à Dieu les personnes qui vont être bénites. Pour nous, bénir est un acte de notre charité.

« Dans le monde où nous vivons » (n. 33) et qui est habité par l’indifférence à Dieu, il est important de conforter le « sens de Dieu ». La bénédiction en est un moyen significatif car elle « offre aux personnes un moyen d’accroître leur confiance en Dieu » (n. 33).

4 – « Bénir les couples de même sexe » ?

La 3ème partie de la Déclaration commence en affirmant que « dans l’horizon ainsi tracé, il est possible de bénir les couples en situation irrégulière et les couples de même sexe » (n. 31). De fait, la Déclaration arrive à son objet : « Considérer diverses questions, formelles et informelles, sur la possibilité de bénir les couples de même sexe. » (n. 2) Alors qu’elle traite maintenant de son objet, la Déclaration n’explicite pas le raisonnement qui la fait passer des « personnes » aux « couples », terme absent des 2 premières parties. Pourtant, le mot « couple » a une signification particulière qui aurait mérité une explicitation [1].

Cependant, tout en posant la « possibilité » – qui n’est donc pas une obligation – de bénir les « couples de même sexe », la Déclaration en balise soigneusement les contours. De fait, elle nous invite à opérer un discernement.

Tout d’abord, la bénédiction n’est pas adéquate au désir de ceux qui « revendiquent la légitimité de leur propre statut » (n. 31) ou qui cherchent « une forme de légitimé morale à [leur] union » (n. 11). Elle est au contraire destinée aux personnes qui « demandent que tout ce qui est vrai, bon, humainement valable dans leur vie et dans leurs relations soit investi, guéri et élevé par la présence de l’Esprit Saint » (n. 31). Elle peut susciter en retour la louange : « Personne ne peut être exclu de cette action de grâce et chacun, même s’il vit dans des situations qui ne sont pas conformes au plan du Créateur, a des éléments positifs pour lesquels il peut louer le Seigneur. » (n. 28) Saint Paul nous l’enseigne : « Enfin, mes frères, tout ce qui est vrai et noble, tout ce qui est juste et pur, tout ce qui est digne d’être aimé et honoré, tout ce qui s’appelle vertu et qui mérite des éloges, tout cela, prenez-le à votre compte. » (Phi 4,8)

Les bénédictions sont une réponse au désir de « tous ceux qui s’approchent de Dieu avec un cœur humble, en les accompagnant avec ces aides spirituelles qui permettent à tous de comprendre et de réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leur vie » (n. 32) En effet, « chercher une bénédiction dans l’Église, c’est admettre que la vie de l’Église jaillit du sein de la miséricorde de Dieu et nous aide à avancer, à mieux vivre, à répondre à la volonté du Seigneur » (n. 20). C’est ainsi que, « dans la courte prière qui peut précéder cette bénédiction spontanée, le ministre ordonné pourrait demander […] la lumière et la force de Dieu pour pouvoir accomplir pleinement sa volonté » (n. 38).

La Déclaration indique ainsi des critères de discernement : l’humilité et le désir d’accomplir la volonté de Dieu, c’est-à-dire de correspondre à son dessein de sagesse. Cela est redit à propos des bénédictions liturgiques : « il est nécessaire que ce qui est béni puisse correspondre aux desseins de Dieu inscrits dans la Création et pleinement révélés par le Christ Seigneur. » (n. 11) Et à propos des bénédictions « spontanées » : « le ministre ordonné s’associe aux prières des personnes qui, bien que vivant une union qui ne peut en aucun cas être comparée au mariage, désirent se confier au Seigneur et à sa miséricorde, invoquer son aide et être guidées vers une plus grande compréhension de son dessein d’amour et de vérité. » (n. 30)

Dans notre société où le mariage a été banalisé en devenant une notion de droit civil qui ignore la spécificité fondatrice de la différence sexuelle, nous avons la mission d’affirmer de façon prophétique, « avec douceur et respect » (1 P 3,16), la grande beauté du dessein de Dieu qui créa l’être humain, homme et femme, et que le Christ a rappelé. Dans ce contexte, il est donc juste, comme le souligne la Déclaration, de ne pas contribuer à créer de la « confusion » (n. 4, 5, 30, 31, 39) ou du « scandale » (n. 30, 39). C’est pourquoi, il est opportun de bénir de façon spontanée, individuellement, chacune des deux personnes formant un couple, quelle que soit leur orientation sexuelle, qui demandent la bénédiction de Dieu avec humilité et dans le désir de se conformer de plus en plus à sa sainte volonté.

Conclusion : à l’écoute de l’Esprit Saint.

Qu’il est beau d’être ministre au nom du Christ et de sa charité des bénédictions de Dieu pour ses enfants bien-aimés ! Que chacun d’entre eux, béni par l’Église, puisse « ouvrir sa vie à Dieu, lui demander son aide pour mieux vivre, et invoquer aussi l’Esprit Saint pour que les valeurs de l’Évangile soient vécues avec une plus grande fidélité » (n. 40). « La grâce de Dieu agit en effet dans la vie de ceux qui ne se prétendent pas justes mais se reconnaissent humblement pécheurs comme tout le monde. Elle est capable de tout orienter selon les desseins mystérieux et imprévisibles de Dieu. » (n. 32)

Évêques, prêtres et diacres, osons demander pour nous-mêmes la bénédiction de Dieu afin de mieux entendre les appels de l’Esprit dans nos vies. En priant et en donnant la bénédiction, aidons chaque personne à discerner les appels que l’Esprit fait entendre dans sa propre histoire.

Tous ses appels convergent vers le grand appel à la sainteté : « La volonté de Dieu, c’est que vous viviez dans la sainteté. » (1 Th 4,3) Les Béatitudes de l’Évangile expriment cette sainteté. Celle-ci ne peut se réaliser en une vie qui se situe délibérément en dehors du dessein de Dieu. C’est plutôt en y consentant librement et en avançant dans la confiance en Dieu et en sa grâce sur le rude chemin de la conversion que la joie éclot (cf. Jn 16,22). L’Église, « comme une mère aimante », en est la servante pour tous.

Nous terminons avec ce texte du pape François : « Je voudrais que la Vierge Marie couronne ces réflexions, car elle a vécu comme personne les béatitudes de Jésus. […] Elle est la sainte parmi les saints, la plus bénie, celle qui nous montre le chemin de la sainteté et qui nous accompagne. Elle n’accepte pas que nous restions à terre et parfois elle nous porte dans ses bras sans nous juger. Parler avec elle nous console, nous libère et nous sanctifie. La Mère n’a pas besoin de beaucoup de paroles, elle n’a pas besoin que nous fassions trop d’efforts pour lui expliquer ce qui nous arrive. Il suffit de chuchoter encore et encore : “Je vous salue Marie…’’. » (Gaudete et exsultate, n. 176)

Le 1er janvier 2024, Solennité de sainte Marie, Mère de Dieu

✠ Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes
✠ Raymond Centène, évêque de Vannes
✠ Emmanuel Delmas, évêque d’Angers
✠ Laurent Dognin, évêque de Quimper
✠ François Jacolin, évêque de Luçon
✠ Denis Moutel, évêque de Saint-Brieuc
✠ Laurent Percerou, évêque de Nantes
✠ Jean-Pierre Vuillemin, évêque du Mans
✠ Jean Bondu, évêque auxiliaire de Rennes
Frédéric Foucher, administrateur diocésain de Laval

Baptême du Seigneur (8 janvier)

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (Mc 1, 7-11)

En ce temps-là,
Jean le Baptiste proclamait :
« Voici venir derrière moi
celui qui est plus fort que moi ;
je ne suis pas digne de m’abaisser
pour défaire la courroie de ses sandales.
Moi, je vous ai baptisés avec de l’eau ;
lui vous baptisera dans l’Esprit Saint. »

En ces jours-là,
Jésus vint de Nazareth, ville de Galilée,
et il fut baptisé par Jean dans le Jourdain.
Et aussitôt, en remontant de l’eau,
il vit les cieux se déchirer
et l’Esprit descendre sur lui comme une colombe.
Il y eut une voix venant des cieux :
« Tu es mon Fils bien-aimé ;
en toi, je trouve ma joie
. »

Bénédiction des couples irréguliers : peut-on parler de rétropédalage du Saint-Siège ?

Dans un communiqué de presse, le dicastère pour la Doctrine de la foi a tenté de répondre aux critiques émises par de nombreux évêques tout autour du globe après la publication de la déclaration Fiducia supplicans le 18 décembre dernier. Des explications qui ouvrent la porte à une application plus souple du texte, mais reste malgré tout ferme dans la défense de sa validité sur le plan doctrinal.

Camille Dalmas – publié le 04/01/24

Dix-sept jours seulement ont passé depuis la publication de la déclaration Fiducia supplicans, texte qui autorisait les prêtres à accorder des bénédictions non liturgiques et non rituelles à des couples en situation irrégulière, notamment les couples divorcés engagés dans une nouvelle union et les couples homosexuels. Entre-temps, des responsables catholiques du monde entier – notamment d’Afrique – ont donné de la voix pour critiquer le texte, certains évêques et conférences épiscopales refusant même ouvertement de l’appliquer.Face à cette fronde, le très actif cardinal Fernández a fini par prendre la défense de son texte, d’abord dans deux entretiens accordés à la presse puis dans un communiqué publié en six langues. Pourtant, dans Fiducia supplicans, le même cardinal Fernandez affirmait qu’il ne fallait « pas attendre d’autres réponses sur d’éventuelles dispositions pour réglementer les détails ou les aspects pratiques quant à des bénédictions de cette sorte ».

Cinq pages pour en justifier neuf

Le simple fait de publier en cinq langues un document de cinq pages pour expliquer la déclaration (qui ne fait que neuf pages) est le signe de la prise de conscience par le Saint-Siège de l’ampleur de la levée de boucliers. Le cardinal reconnaît d’ailleurs dès le début du texte que certaines remarques sont « compréhensibles » et considère que les critiques « ont le mérite de mettre en évidence la nécessité d’un plus long temps de réflexion pastorale ».

Le préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi concède aux évêques le droit de choisir de ne pas appliquer le texte, affirmant qu’il existe de nombreux contextes dans lesquels il est compréhensible qu’il ne le soit pas – notamment dans les pays où l’homosexualité est illégale. Mais il ne fait pas marche arrière pour autant : la déclaration, insiste-t-il, fait bien partie de la doctrine de l’Église et ne peut en aucun cas être rejetée.

Quelques secondes de bénédiction

Le cardinal Fernández rappelle avec force que les bénédictions qu’autorise la déclaration sont « sans forme liturgique » et « n’approuvent ni ne justifient la situation dans laquelle se trouvent ces personnes ». Il insiste sur le fait qu’elles doivent être brèves de quelques secondes et ne doivent pas être délivrées devant l’autel où dans un lieu spirituellement signifiant pour éviter toute confusion.

Ces « bénédictions pastorales », explique le préfet, visent à « soutenir » la foi « qu’elle soit petite ou grande » des personnes vivant en union irrégulière, de soutenir leurs faiblesses grâce à la bénédiction divine et d’offrir un canal à cette ouverture à la transcendance qui pourrait les conduire à être plus fidèles à l’Évangile.

La « pastorale populaire » de François

Pour illustrer son propos, le cardinal Fernández donne le cas d’un prêtre qui pourrait par exemple dire à un couple de personnes divorcées et remariées qu’il rencontre lors d’un pèlerinage : « Seigneur, regarde tes enfants, accorde-leur la santé, le travail, la paix et l’aide réciproque. Délivre-les de tout ce qui contredit ton Évangile et donne-leur de vivre selon ta volonté. Amen ». Et conclure par un signe de croix sur les deux personnes.

« Il s’agit de 10 ou 15 secondes. Y aurait-il un sens à refuser ce type de bénédiction à ces deux personnes qui l’implorent ? », interroge le cardinal argentin. Et il insiste sur l’importance de faire grandir cette « pastorale populaire », conformément aux directions prises par le pape François depuis le début de son pontificat.

Vœux du Père Verkys pour l’année 2024

Nous commençons une nouvelle année, l’année 2024 que nous plaçons sous le regard et la bénédiction de Dieu. Qu’elle soit, pour chacune et chacun, une année d’abondantes grâces.

Ce que nous désirons le plus c’est la santé que ni l’argent, ni l’or du monde ne peut acheter. Que le Seigneur, source de tout bien parfait, vous l’accorde. Mais puisque Jésus nous dit : «Que sert à l’homme de gagner l’univers, s’il se perd ou se ruine lui-même? Luc 9,25 Je vous souhaite aussi une très bonne
santé spirituelle qui se traduise par la vivacité de la foi, la force de l’espérance et une charité sans limite. Puisse cette année axée sur la centralité de la prière nous aider à consolider et vivifier nos relations avec le Seigneur afin que notre amour les uns pour les autres ne soit pas un vain mot.
Nous aurons à vivre une année qui sera marquée par des moments d’évangélisation avec des jeunes venant des quatre coins de la France, des enseignements sur l’adoration eucharistique et des expositions sur les miracles eucharistiques. Nous aurons besoin de chacun d’entre vous pour que ces initiatives soient une réussite pour notre paroisse.
Merci pour tout ce que vous ferez pour rendre notre paroisse missionnaire et fraternelle.
Belle, radieuse, heureuse et sainte année 2024. Bonne préparation et bonne marche vers le Jubilé
de 2025

Je prie pour vous tous et je quémande l’aumône de vos prières. Que Marie, Notre Dame de
l’Espérance nous accompagne et soutienne notre marche tout au long de cette nouvelle année 2024.


Père Verkys NONVIGNON

Angélus: la Sainte Famille est avec nous dans les difficultés

Lors de la dernière prière de l’Angélus de l’année 2023, le Saint-Père a invité les fidèles à s’émerveiller quotidiennement dans leur vie de la présence de Dieu mais aussi de leur famille. En cette fête de la Sainte Famille, François rappelle que Jésus a choisi de grandir dans la pauvreté et la souffrance afin de nous sauver.

Vatican News

En ce 31 décembre, fête de la Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph, le Pape François a basé sa prière de l’Angélus sur l’Évangile du jour selon saint Luc (cf. Lc 2, 22-40), qui relate l’arrivée de la Sainte Famille au temple. Marie y reçoit une prophétie, a expliqué François «ton âme sera traversée d’un glaive» (v. 35). Marie, Joseph et Jésus arrivent «dans la pauvreté et repartent chargés de souffrance», ce qui est «surprenant» selon le Souverain pontife qui s’interroge : «comment se fait-il que la Famille de Jésus, la seule famille de l’histoire qui puisse se vanter de la présence de Dieu en chair et en os, au lieu d’être riche, soit pauvre! Au lieu d’être facilitée, elle semble entravée! Au lieu d’être épargnée de lourdeurs, elle est plongée dans de grandes douleurs!».

Jésus fait l’expérience de la souffrance

Cela est en réalité «une très belle chose» selon François car les fidèles ont tendance à imaginer que Dieu est «au-delà des problèmes» mais Jésus est au contraire «venu habiter nos vies avec ses problèmes». «C’est ainsi qu’il nous a sauvés», a expliqué le Souverain pontife, avant d’ajouter qu’il n’est pas venu déjà adulte «mais comme un tout petit enfant; il a vécu dans une famille, fils d’une maman et d’un papa» dans le quotidien, dans une vite faite «de discrétion et de silence». Ainsi, a expliqué le Saint-Père «en choisissant une famille qui fait « l’expérience de la souffrance », il dit à nos familles: « Si vous vous trouvez en difficulté, je sais ce que vous ressentez, je l’ai vécu : ma mère, mon père et moi-même en avons fait l’expérience ; dites-le aussi à votre famille: vous n’êtes pas seuls !».

La capacité d’émerveillement

L’évêque de Rome a poursuivi en rappelant ce passage dans l’Évangile du jour selon saint Luc, dans lequel Joseph et Marie «s’étonnaient de ce qui était dit de Jésus» (cf. Lc 2,33) car, a expliqué François, «ils étaient émerveillés». Selon le Souverain pontife, la «capacité d’émerveillement peut être un secret pour bien s’entendre en famille» pour ne pas s’habituer «à la banalité des choses» en s’émerveillant en premier lieu de «Dieu qui nous accompagne» puis, en s’émerveillant «en famille». Il est également recommandé de «savoir s’étonner de son conjoint, par exemple en le prenant par la main et en le regardant dans les yeux le soir pendant quelques instants, avec tendresse» car «l’étonnement conduit à la tendresse, toujours».

Revenant sur l’importance de «s’émerveiller du miracle de la vie», François a demandé aux pères et mères s’ils trouvaient du temps pour jouer avec leurs enfants, signe selon lui d’une «belle paternité et maternité». Le Pape a ensuite appelé à s’émerveiller «de la sérénité des grands-parents» mais aussi de leur «sagesse» et de leur «histoire», ainsi que de sa «propre histoire d’amour». Malgré certaines aspects négatifs de la vie, le Saint-Père a rappelé qu’il faut s’émerveiller aussi de «la bonté de Dieu à marcher avec nous». François a conclu en implorant la Vierge à «nous aider à nous émerveiller chaque jour du bien et à savoir enseigner aux autres la beauté de l’émerveillement».

Dans l’évangile, deux histoires de Noël

Avez-vous remarqué que dans le récit de l’enfance, Matthieu et Luc font référence à l’Ancien Testament mais d’une manière différente ?

Citer ou ne pas citer

Matthieu cite toute une série de passages bibliques d’une manière explicite. Par exemple, il cite ce passage très célèbre d’Isaïe 7,14 : « La vierge concevra et enfanta un fils… ». Il cite aussi la prophétie de Jérémie sur Rachel qui se lamente de ses enfants perdus.

Luc ne cite jamais un passage d’une manière explicite, comme Matthieu. Sa manière de proposer les liens avec l’Ancien Testament est bien différente. Luc change son style juste après le prologue. Son magnifique prologue est extrêmement élégant, en grec hellénisé. Et puis après quelques lignes, il change de style, dans un style bien vétérotestamentaire. Il commence à parler d’une manière sémitisée, qui fait bien écho à l’Ancien Testament. Donc le lecteur a l’expérience vraiment d’une plongée dans le monde de l’Ancien Testament.

Pour Mathieu il faut toujours dire très explicitement qu’une réalité est l’accomplissement de l’Ancien Testament. En revanche, Luc présume toujours un lecteur assez intelligent qui reconnaît tout simplement que ce qui est décrit est bien l’accomplissement de l’Ancien Testament.

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L’image est une NATIVITÉ du peintre italien Lorenzo Costa le Vieux, Musée des beaux-Arts de Lyon

Pourquoi l’Église fête Noël le 25 décembre

La célébration de Noël, la naissance du Christ, s’impose progressivement dans toute la chrétienté au cours du IVe siècle. On a souvent dit que la date du 25 décembre avait été choisie par l’Église primitive pour contrer une fête païenne. Aujourd’hui, on sait qu’il n’en est rien.

Thérèse Puppinck – publié le 24/12/23

Les sources disponibles ne nous permettent pas de connaître avec exactitude la date de naissance de Jésus. Si les Évangiles fournissent des informations sur l’année, ils n’en donnent pas sur le jour lui-même. Ce manque de précision n’est pas étonnant pour qui connaît les mentalités de l’époque. Sous l’Antiquité et pendant les siècles qui suivent, les êtres humains ne sont pas perçus dans leur individualité, mais au sein du groupe.

La dimension collective prime tout. De ce fait, personne n’attache d’importance à sa date de naissance, et personne ne songe à fêter son anniversaire. Certes, les empereurs romains et d’autres personnages qui se considèrent importants célèbrent leur anniversaire, mais c’est justement afin de se démarquer et de mettre en avant leur supériorité. Cette attitude ne peut correspondre à l’humilité dans laquelle Jésus et les premiers chrétiens ont vécu.

Une liturgie d’abord centrée sur la fête de Pâques

Pour l’Église primitive, la vie liturgique est centrée sur la fête de Pâques, le grand mystère de la mort et de la résurrection de Dieu. Les martyrs sont honorés à la date anniversaire de leur mort, qui marque leur entrée au ciel, c’est-à-dire leur naissance à la vie éternelle, seule naissance qui ait réellement de l’importance. C’est pourquoi on s’intéresse d’abord à maintenir vivante la mémoire de la date de la Crucifixion. Celle-ci aurait eu lieu un 25 mars, date vérifiable grâce à la liste chronologique des pâques juives.

L’Incarnation est l’autre événement fondamental de la vie de Jésus solennisé par les premiers chrétiens. En effet, la conception dans le sein de la Vierge Marie, c’est-à-dire la naissance du Christ à la nature humaine, est à leurs yeux plus importante que l’accouchement en lui-même. Cette fête est instaurée le 25 mars, selon une tradition hébraïque bien ancrée qui fait mourir les prophètes à la date du jour où ils sont nés. Ainsi la tradition de l’Incarnation au 25 mars est déjà bien présente dans l’Église, avant qu’on ne pense à célébrer la Nativité. Plusieurs historiens estiment qu’on est arrivé à la date du 25 décembre par déduction, en partant des dates de mort et de conception.

La fête du soleil

Cependant, à la fin du XIXe siècle, certains auteurs émettent l’hypothèse que la date du 25 décembre a été choisie pour contrebalancer une fête païenne. L’autorité chrétienne du IVe siècle aurait ainsi cherché à reprendre à son compte une ancienne fête du soleil, Sol Invictus, et mis en place une sorte de contre-fête. C’est une affirmation lourde de conséquence. Si elle s’avérait exacte, elle signifierait que les dates chrétiennes ne furent pas nécessairement choisies en fonction d’une tradition liée à la foi, mais au contraire, dans un esprit relativiste d’inculturation opportuniste.

Toutefois, plusieurs éléments connus aujourd’hui viennent fortement contredire cette thèse de l’imprégnation. La démonstration proposée par les historiens Alain Cabantous et François Walter est largement convaincante. Tout d’abord, le rapprochement entre les deux fêtes, l’une païenne et l’autre chrétienne, n’est jamais exprimé dans les sources des premiers siècles. D’autre part, la première mention connue de la fête du Sol Invictus figure dans un document de 354. En 336 la date de Noël est déjà connue, et probablement célébrée depuis au moins 311. Il semblerait que le Sol Invictus ait été instauré par Julien dit l’Apostat (331-363). Cet empereur, de culture chrétienne, se fait le champion de l’opposition au christianisme, d’où son surnom

Ce ne sont pas les chrétiens qui auraient voulu contrer une fête païenne, mais bien plutôt l’empereur Julien qui aurait souhaité contrer la fête chrétienne de Noël en favorisant une fête païenne dédiée au culte solaire.

Dans un discours du mois de décembre 362 il proclame : « Désormais, après le renouvellement de l’année et immédiatement après le dernier mois consacré à Saturne, nous solenniserons par des jeux magnifiques consacrés au Soleil, la fête du Soleil Invincible. » La période de l’année dédiée à Saturne correspond au mois de décembre, qui se clôt par les Saturnales, fêtes en l’honneur de Saturne, qui ont lieu tous les ans du 17 au 24 décembre. D’importantes courses de char sont organisées le lendemain, 25 décembre, un peu partout dans l’Empire. Les historiens font le lien entre ces courses et la fête du Sol Invictus. Ainsi, ce ne sont pas les chrétiens qui auraient voulu contrer une fête païenne, mais bien plutôt l’empereur Julien qui aurait souhaité contrer la fête chrétienne de Noël en favorisant une fête païenne dédiée au culte solaire.

On peut donc conclure que le choix de la date du 25 décembre ne répond pas à la préoccupation de neutraliser une fête païenne. Il correspond à la volonté de faire coïncider les dates de la mort, de la conception et de la naissance du Christ. Il correspond sans doute aussi au désir de mettre à profit le symbolisme cosmique lié au solstice. Selon la formule d’Alain Cabantous, le solstice devient le jour où naît le « vrai » soleil de justice, le Christ Sauveur.