Nous venons tout juste de fêter la Toussaint. A cette occasion, depuis presque trois décennies nous assistons chez nous en France, dans la rue, dans les magasins sans oublier les médias, à des pratiques d’un autre âge. Nous Chrétiens, ce rituel nous interpelle. On ne doit pas essayer de le comprendre, mais plutôt chercher à s’en protéger et à lutter contre. Un bon moyen pour y parvenir est de se remémorer ce que signifie la Toussaint, son sens et son but. Il faut distinguer la Toussaint du « jour des morts », le lendemain. Dans l’esprit du grand public c’est un peu la même chose. C’est peut-être pour cette raison que ce jour-là, cette solennité attire beaucoup de monde dans nos églises. C’est l’une des quatre plus grandes fêtes religieuses de l’année avec Noël, l’Ascension et l’Assomption. C’est la fête de tous les saints, les saints comme ceux du calendrier qu’on vénère tous les jours de l’année, mais aussi la foule des saints de l’ombre, ces hommes et ces femmes qui ont essayé de suivre l’Evangile, suivre le Christ, moins connus aujourd’hui mais qui sont dans la béatitude céleste, dans cette cours du ciel où ils sont honorés. C’est l’occasion pour les Chrétiens de rappeler que notre destin c’est le Ciel, qu’il n’est pas réservé simplement à une élite ou à ceux qui font des choses extraordinaires et que nous sommes tous appelés à la Sainteté.
Historiquement cette fête remonte à l’antiquité. A Rome il y a le Panthéon, ancien temple romain, dédié d’abord aux dieux du paganisme et à partir de la Christianisation aux martyrs et ensuite à tous les Saints. La Toussaint, est une fête lumineuse. La lumière du Seigneur, dans laquelle se trouvent nos frères et nos sœurs, vient nous réconforter, nous consoler et nous aider à lutter contre d’autres pratiques, et en particulier contre cette « forme de paganisme » qui revient avec l’apparence d’ « halloween ». Aller chercher une fascination pour le mal est un peu inscrit dans le cœur de l’homme. Reporter régulièrement nos yeux vers le ciel, vers le sourire des Saints, le sourire de la Vierge Marie et celui de tous les Bienheureux, tranche justement avec la menace de ce qui est laid, de ce qui est moche, de ce qui nous inquiète et nous maintient dans le désespoir.
Les évêques de France réunis en assemblée plénière à Lourdes du 5 au 10 novembre, ont voté une lettre aux prêtres, diacres, personnes consacrées, laïcs en mission ecclésiale et au peuple de Dieu à l’occasion du Jubilé 2025 et de l’anniversaire du Concile de Nicée.
À rebours «des colonisations idéologiques» et d’une certaine «uniformisation de l’éducation» dans un monde globalisé, le Souverain pontife a plaidé ce samedi pour développer «l’art de la curiosité» dans l’enseignement catholique. François recevait en audience les 250 participants au symposium «Service-Learning et pacte éducatif global» en salle Clémentine du Palais apostolique.
Citant un extrait du film culte «Le Cercle des poètes disparus» où le professeur de littérature invite les élèves à se lever et à regarder la classe d’un autre point de vue, le Pape a rappelé que l’éducation n’est pas seulement la transmission d’un contenu, mais aussi «la transformation de la vie». Par celle-ci, il ne s’agit pas seulement de répéter des formules «comme des perroquets», mais d’apprendre à voir la complexité du monde.
L’uniformité éducative masque un conditionnement idéologique
Une pédagogie promue par Jésus à travers les paraboles, dans lesquelles Dieu ne parle pas «de manière abstraite» à destination d’une «élite» quelconque, mais de façon «simple et accessible» à tous. Or, François note que la mondialisation actuelle comporte un risque pour l’éducation: celui de l’uniformisation, certains programmes étant souvent soumis à des intérêts politiques et économiques. «Cette uniformité cache des formes de conditionnement idéologique qui falsifient le travail de l’éducation, en en faisant un instrument à des fins bien différentes de la promotion de la dignité humaine et de la recherche de la vérité», dénonce le Pape, vilipendant les idéologies, toujours réductrices. «L’idéologie se rétracte toujours, elle ne permet pas de se développer. Elle rétrécit toujours».
L’humanisme de l’Évangile
Dans ce contexte, le Successeur de Pierre loue la méthode pédagogique du Service-learning, ou «apprentissage par le service» employée par le réseau Uniservitate, du Centro Latinoamericano de Aprendizaje y Servizio Solidario (CLAYSS), association argentine fondée en 2002. Ainsi la responsabilité communautaire des étudiants à travers des projets sociaux fait partie intégrante de leur parcours académique. Selon le Pape argentin, c’est ainsi que les établissements d’enseignement catholiques sont à la hauteur de leur titre. En effet, être «catholique» ne se limite pas à ajouter un adjectif honorifique à son nom, mais signifie un engagement à cultiver un style pédagogique distinctif et un enseignement cohérent avec les enseignements de l’Évangile. «Il ne s’agit pas d’une idéologie évangélique, mais de l’humanisme selon l’Évangile.»
François cite à nouveau les intentions du Pacte éducatif mondial qu’il promeut depuis 2019: «Un proverbe africain dit que pour éduquer un enfant, il faut tout un village; construisons donc un ‘’village de l’éducation’’, où nous pouvons partager l’engagement de promouvoir des relations humaines positives et culturellement valables». Et de plaider pour une alliance éducative favorisantle dialogue entre les religions et l’attention portée à la Maison commune. Sur la base de son exhortation apostolique Evangelii gaudium, le Pape leur rappelle combien «la réalité est supérieure à l’idée», et «le tout est supérieur à la partie».
Cultiver la curiosité des enfants
Deuxièmement, l’enseignement catholique doit promouvoir selon lui une «culture de la curiosité». «Ce qui n’est pas la même chose que la culture du bavardage, non, rien à voir», mais celle qui valorise l’art de poser des questions, semblable à l’âge enfantin «des pourquoi», assure François, exhortant à écouter et à apprendre à poser ces questions des enfants, «curieux dans le bon sens du terme». Le Pape, défenseur d’une éducation intégrale, leur a aussi souligné la nécessité de ne pas réduire la connaissance à la seule capacité de l’esprit, mais à la coupler «à la dextérité de mains industrieuses et la générosité d’un cœur passionné». Elle est un triple langage qui se parle avec l’esprit, avec le cœur et avec les mains. Et, conclut, le Pape, le cœur est le meilleur pacificateur contre l’ennemi des idéologies. «Les idéologies ne nous font pas grandir, quel que soit leur signe, elles sont l’ennemi de la maturation.»
Le Pape François a publié ce 24 octobre 2024 sa quatrième encyclique «Dilexit nos» (Il nous a aimés) sur l’amour humain et divin du cœur de Jésus Christ. En ce 350 ème anniversaire des apparitions de Jésus à Sainte Marguerite-Marie à Paray-le-Monial, il nous invite à retrouver la valeur de la dévotion au Sacré Coeur de Jésus.
Son cœur ouvert nous précède et nous attend inconditionnellement, sans exiger de préalable pour nous aimer et nous offrir son amitié : “Il nous a aimés le premier” (1 Jn 4, 19).
Cette encyclique sur la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus s’articule en cinq chapitres et reprend « les précieuses réflexions des textes magistériels précédents et une longue histoire qui remonte aux Saintes Écritures, afin de reproposer aujourd’hui à toute l’Église ce culte chargé de beauté spirituelle » écrit le Pape. De nombreux saints à travers les siècles sont aussi cités en référence.
5 chapitres pour s’imprégner de la dévotion au Cœur de Jésus
Jésus
Le premier chapitre redéfinit les dimensions du coeur, celui de Jésus, le nôtre. « Devant le Cœur du Christ, je demande au Seigneur d’avoir à nouveau compassion pour cette terre blessée qu’Il a voulu habiter comme l’un de nous. Qu’Il répande les trésors de sa lumière et de son amour, afin que notre monde, qui survit au milieu des guerres, des déséquilibres socioéconomiques, du consumérisme et de l’utilisation antihumaine de la technologie, puisse retrouver ce qui est le plus important et le plus nécessaire : le cœur. » (n°31)
Le second chapitre traite des gestes et des paroles d’amour du Christ. « Nous avons dans les Écritures sa Parole toujours vivante et actuelle, mais il arrive aussi que Jésus nous parle intérieurement et nous appelle pour nous conduire au meilleur endroit. Ce lieu le meilleur, c’est son Cœur. Il nous appelle à entrer là où nous pouvons retrouver des forces et la paix : « Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, et moi, je vous soulagerai » (Mt 11, 28). C’est pourquoi Il demande à ses disciples : « Demeurez en moi » (Jn 15, 4). » (n°43)
Le troisième chapitre est intitulé “Voici ce coeur qui a tant aimé le monde” nous invitant à l‘adoration et à la vénération de la totalité de la personne du Christ à travers son coeur. « la dévotion au Cœur du Christ est essentielle à notre vie chrétienne car elle signifie notre ouverture, pleine de foi et d’adoration, au mystère de l’amour divin et humain du Seigneur, au point que nous pouvons affirmer une fois de plus que le Sacré-Cœur est une synthèse de l’Évangile » (n. 83) La dévotion au Cœur du Christ permet aussi de contrer « de nouvelles manifestations d’une “spiritualité sans chair” qui se multiplient dans la société » (n. 87). Il est nécessaire de « revenir à la synthèse incarnée de l’Évangile » (n. 90)
Le quatrième chapitre fait référence au côté transpercé du Christ, sous le thème l’Amour qui donne à boire. « Il ne s’agit pas d’un amour simplement déclaré, mais son côté ouvert est source de vie pour celui qui est aimé, il est cette fontaine qui étanche la soif de son peuple. » (n°101) Il explique comment dès les premiers chrétiens, le côté transpercé du Christ a été vénéré et relate l’apparition de Jésus à Sainte Marguerite Marie Alacoque à Paray-le-Monial en 1673 lorsqu’il lui déclare : « Mon divin Cœur est si passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier, que, ne pouvant plus contenir en lui-même les flammes de son ardente charité, il faut qu’il les répande par ton moyen et qu’il se manifeste à eux pour les enrichir de ses précieux trésors que je te découvre » (n°119).
Le cinquième chapitre, “Amour par amour“, traite des dimensions communautaire, sociale et missionnaire de la dévotion au Cœur du Christ qui « nous conduit au Père, nous envoie vers nos frères » (n. 163). En effet, l’amour pour nos frères est l’« acte plus grand que nous puissions offrir pour Lui rendre amour pour amour » (n. 167). Cet élan se traduit par la réparation, le pardon, l’humilité et la mission comme l’expliquait saint Jean-Paul II : « “la civilisation du Cœur du Christ pourra être bâtie sur les ruines accumulées par la haine et la violence” en nous abandonnant à ce Cœur » (n. 182).
Le Pape termine avec cette prière
« Je prie le Seigneur Jésus-Christ que jaillissent pour nous tous de son saint Cœur ces fleuves d’eau vive qui guérissent les blessures que nous nous infligeons, qui renforcent notre capacité d’aimer et de servir, qui nous poussent à apprendre à marcher ensemble vers un monde juste, solidaire et fraternel. Et ce, jusqu’à ce que nous célébrions ensemble, dans la joie, le banquet du Royaume céleste. Le Christ ressuscité sera là, harmonisant nos différences par la lumière jaillissant inlassablement de son Cœur ouvert. Qu’il soit béni ! » (n. 220).
Le 6 octobre dernier, le pape François a écrit une lettre, qu’il a rendue publique ce samedi 12, aux 21 nouveaux cardinaux qui seront créés lors du consistoire du 7 décembre prochain. Cher frère, Par ta création en tant que cardinal, tu vas rejoindre le clergé de Rome. Sois le bienvenu ! Une appartenance qui exprime l’unité de l’Église et le lien de toutes les Églises avec celle de Rome. Je t’encourage à faire en sorte que ton cardinalat incarne ces trois attitudes avec lesquelles un poète argentin (Francisco Luis Bernárdez) décrivait saint Jean de la Croix, mais qui nous conviennent également : “les yeux levés, les mains jointes, les pieds nus”. Les yeux levés parce que ton service te demandera d’élargir ton regard et de dilater ton cœur, afin de pouvoir regarder plus loin et aimer plus universellement, avec une plus grande intensité. Se mettre à l’école de Son regard (Benoît XVI) qui est le côté ouvert du Christ. Les mains jointes parce que ce dont l’Église a le plus besoin – avec la proclamation – c’est de ta prière pour paître au mieux le troupeau du Christ. La prière, qui appartient au domaine du discernement, pour m’aider à chercher et à trouver la volonté de Dieu pour notre peuple, et la suivre. Les pieds nus qui touchent la dureté de la réalité de tant de recoins du monde déchirés par la douleur et la souffrance de la guerre, de la discrimination, de la persécution, de la faim et de nombreuses formes de pauvreté qui demanderont beaucoup de compassion et de miséricorde de ta part.
En te remerciant de ta générosité, je prie pour toi afin que le titre de “serviteur” (diacre) prenne de plus en plus le pas sur celui d’“éminence”. Prie pour moi, que Jésus te bénisse et que la Sainte Vierge t’accompagne
Le pape François a annoncé ce dimanche 6 octobre la création de 21 cardinaux lors d’un consistoire qui se tiendra le 8 décembre 2024. Parmi eux se trouvent un Français en poste à l’étranger, Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, et le frère dominicain Timothy Radcliffe, théologien britannique. (I-Media)
Le pape François a annoncé lors de l’Angélus ce dimanche 6 octobre la création de 21 cardinaux lors d’un consistoire qui se tiendra le 8 décembre 2024. Chili, Brésil, Canada, Algérie, Iran, Japon, Italie ou encore Serbie… Ces nouveaux cardinaux proviennent de 18 nationalités différentes. Parmi eux se trouvent un Français en poste à l’étranger, Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, et le frère dominicain Timothy Radcliffe, théologien britannique. Seul l’ancien nonce italien Angelo Acerbi a plus de 80 ans et ne sera donc pas électeur en cas de conclave. Le 8 décembre prochain, le collège des cardinaux électeurs devrait donc compter 141 cardinaux électeurs et 115 non votants.
La liste des 21 nouveaux cardinaux créés par le pape François le 6 octobre
1- Mgr Angelo Acerbi, nonce apostolique émérite aux Pays-Bas, Italie. 2- Mgr Carlos Castillo Mattasoglio, archevêque de Lima, Pérou. 3- Mgr Vicente Bokalic Iglic, archevêque de Santiago del Estero, Argentine. 4- Mgr Luis Gerardo Cabrera Herrera, archevêque de Guayaquil, Équateur, 5- Fernando Natalio Chomalí Garib, arcehvêque de Santiago du Chili, Chili. 6- Mgr Tarcisius Isao Kikuchi, archevêque de Tokyo, Japon. 7- Mgr Pablo Virgilio Siongco David, évêque de Kalookan, Philippines. 8- Mgr László Német, archevêque de Belgrade, Serbie. 9- Mgr Jaime Spengler, archevêque de Porto Alegre, Brésil. 10- Mgr Ignace Bessi Dogbo, archevêque d’Abidjan, Côte d’Ivoire. 11- Mgr Jean-Paul Vesco, archevêque d’Alger, Algérie. 12- Mgr Paskalis Bruno Syukur, évêque de Bogor, Indonésie. 13- Mgr Dominique Joseph Mathieu, archevêque de Téhéran Ispahan, Iran. 14- Mgr Roberto Repole, archevêque de Turin, Italie. 15- Mgr Baldassare Reina, évêque auxiliaire de Rome, anciennement Vice-gérant et, à partir d’aujourd’hui, Vicaire général pour le diocèse de Rome, Italie.
16- Mgr Frank Leo, Archevêque de Toronto, Canada. 17- Mgr Rolandas Makrickas, archiprêtre coadjuteur de la Basilique papale Sainte-Marie-Majeure, Lituanie. 18- Mgr Mykola Bychok, évêque de l’éparchie Saints Pierre et Paul de Melbourne des Ukrainiens, Australie. 19- Père Timothy Peter Joseph Radcliffe, théologien, Royaume-Uni. 20- Père Fabio Baggio, sous-secrétaire de la Section migrants et réfugiés du dicastère pour le Service du développement humain intégral, Italie. 21- Mgr George Jacob Koovakad, fonctionnaire de la Secrétairerie d’État, chargé des voyages pontificaux, Inde.
Jeudi, le Vatican donnera une conférence de presse sur le sanctuaire de Medjugorje (Bosnie-Herzégovine). Nombre de journaux italiens, mais aussi anglophones ou hispanophones, ont déjà fait leurs titres sur cet évènement qui suscite un grand intérêt, étant donné que ce lieu d’apparitions mariales présumées depuis les années 1980, fait preuve d’une attention toute particulière du Saint-Siège cette dernière décennie.
Ces derniers mois, le dicastère pour la Doctrine de la foi, doté de nouvelles normes d’investigation sur les phénomènes surnaturels depuis mai, s’est prononcé sur divers lieux de dévotion. Après Pellevoisin, Amsterdam ou encore Fontanelle, Rome va passer au crible « l’expérience spirituelle » du célèbre sanctuaire de Medjugorje qui attire chaque année plus d’un million de pèlerins. Mais cette fois-ci, le verdict sera annoncé d’une façon sensiblement différente : alors que les autres lieux ont suscité la publication d’une lettre, Medjugorje a droit à une conférence de presse qui fait couler déjà beaucoup d’encre par anticipation.
Et pour cause : la légitimité de cette dévotion et la gestion de ce sanctuaire sont au cœur de controverses. e Vatican a lancé une commission d’enquête en 2010, sous Benoît XVI, puis le pape François a nommé en 2018 un « visiteur apostolique » afin d’encadrer les dévotions et les pèlerinages autour de ce site, où les apparitions n’ont pas été formellement reconnues par le Saint-Siège. Le préfet du dicastère pour la Doctrine de la foi, le cardinal Victor Manuel Fernández, analysera donc ce phénomène initié autour de six « voyants »– qui étaient des enfants au moment des premières apparitions en 1981 – à la lumière des nouvelles normes. Celles-ci établissent un barème de six niveaux pour permettre de statuer, allant du « nihil obstat » – feu vert pour la dévotion – au « constat de caractère non-surnaturel » – correspondant à un voyant rouge. Sauf intervention du Pape, les normes expliquent que Rome ne reconnaîtra jamais la surnaturalité du phénomène étudié.
Des détails à clarifier
Le cardinal Fernández avait déjà évoqué le dossier Medjugorjeil y a quatre mois en présentant les normes d’investigation. « Il n’y pas de conclusion encore mais avec ces normes nous pensons que ce sera plus facile d’avancer et de parvenir […] à une conclusion de prudence« , avait-il confié. « Mais même en supposant qu’il y ait un nihil obstat, peut-être devra-t-on clarifier que certains détails ne doivent pas être pris au sérieux », avait précisé le prélat argentin. Et de glisser : « Si je me souviens bien, la Madone là-bas donnait des ordres, sur l’horaire, le lieu, ce que devait faire l’évêque… Cela doit être clarifié« .
Dans le vol Singapour-Rome, François a répondu aux journalistes qui l’accompagnent et évoqué le drame des civils tués. Sur les élections américaines: entre Harris et Trump, il a invité chacun à choisir en conscience. Le Pape a également clairement condamné l’avortement tout comme le rejet des migrants. Il a répondu aux questions sur l’abbé Pierre, Notre Dame de Paris…
Votre Sainteté, tout d’abord merci pour ce voyage fascinant. Au Timor oriental, vous avez mentionné les jeunes victimes d’abus sexuels. Nous avons évidemment pensé à Mgr Belo. En France, nous avons un cas similaire avec l’abbé Pierre, fondateur d’Emmaüs, qui fut élu pendant plusieurs années la personnalité préférée des Français. Dans les deux cas, leur charisme rendait les accusations plus difficiles à croire. Je voudrais demander: que savait le Vatican de l’abbé Pierre? Et que dire aux victimes et à la population en général qui ont du mal à croire qu’une personne qui a fait tant de bien puisse aussi avoir commis des crimes? Et en parlant de la France, on aimerait aussi savoir: serez-vous à Paris pour l’inauguration de Notre-Dame en décembre? (Simon Leplatre – LE MONDE)
Je réponds à la dernière: je n’irai pas à Paris, je n’irai pas à Paris. Puis la première. Vous avez touché un point très sensible et très délicat. Ce sont des gens bien, des gens qui font le bien, vous avez parlé de l’abbé Pierre. Avec tant de bien fait, vous pouvez voir que cette personne est un vilain pécheur. Et c’est notre condition humaine. Il ne faut pas dire: couvrons, couvrons pour que ça ne se voit pas. Les péchés publics sont publics et doivent être condamnés. Par exemple, l’abbé Pierre est un homme qui a fait beaucoup de bien mais c’est aussi un pécheur. Nous devons parler clairement de ces choses, et non les cacher. La lutte contre les abus est quelque chose que nous devons tous faire. Mais pas seulement contre les abus sexuels, contre tous les types d’abus: abus sociaux, abus éducatifs, changement de mentalité, suppression de liberté. L’abus est à mon avis une chose démoniaque, car tout type d’abus détruit la dignité de la personne, tout type d’abus tente de détruire ce que nous sommes tous: l’image de Dieu. Je suis heureux quand ces cas se révèlent. Je vais vous dire quelque chose que j’ai peut-être dit la dernière fois: il y a cinq ans, nous avons eu une réunion avec les présidents des conférences épiscopales sur des cas d’abus sexuels et autres abus. Nous avons une statistique très bien faite, je crois des Nations Unies. De 42 à 46 % des abus ont lieu au sein de la famille ou dans le quartier. Enfin, les abus sexuels sur enfants, des mineurs, est un crime et une honte.
[Ajout à la fin de la conférence] Une chose à laquelle je n’ai pas répondu: ce que le Vatican savait de l’abbé Pierre. Je ne sais pas quand le Vatican l’a découvert, je ne sais pas. Je ne sais pas parce que je n’étais pas là et l’idée de faire des recherches là-dessus ne m’est jamais venue à l’esprit, mais certainement après la mort c’est certain. Mais avant, je ne sais pas.
François à Vanimo a couronné le rêve d’embrasser l’extrême périphérie du monde.
Andrea Tornielli**Directeur éditorial des médias du Vatican
Le christianisme n’est pas une philosophie, une idée, un manuel de règles morales. Le christianisme est un événement tissé d’émerveillements et de visages. À Vanimo, puis dans le village reculé de Baro, par un dimanche après-midi étouffant, nous en avons eu la preuve une fois de plus. Il y avait de l’étonnement et de la gratitude sur les visages de Miguel De la Calle, Martín Prado et Tomás Ravaioli, les missionnaires argentins du Verbe Incarné qui passent joyeusement leur vie à proclamer l’Évangile à la périphérie du monde, dans cette belle terre dont les couleurs rappellent des tableaux de Paul Gauguin. L’étonnement et la gratitude se lisaient sur le visage de François qui, à presque 88 ans, assis dans un fauteuil roulant, est monté à bord d’un Hercules C130 de l’armée de l’air australienne, chargé de colis d’aide et de cadeaux, pour couronner un rêve cultivé depuis une décennie: celui d’être ici, avec eux, et d’embrasser du regard et des mains d’un vieux père jésuite devenu pasteur universel ces hommes heureux, vêtus de blanc comme lui, et surtout leur peuple. Ce peuple qui a appris à connaître la Mère de Jésus sur le visage de «Mama Luján», la patronne de l’Argentine.
Il fallait voir le pape François, assis dans la petite salle de la maison en bois couverte de moustiquaires où résident les missionnaires, sirotant un maté à côté d’eux, après un bain de foule au milieu d’hommes, de femmes et d’enfants aux vêtements colorés, couverts de quelques plumes ou de paille, aux corps multicolores. Depuis des années, le Successeur de Pierre est en contact avec ses compatriotes qui témoignent de l’amour inconditionnel du Dieu de Jésus-Christ auprès de ce peuple. En particulier avec l’un d’entre eux, le père Martín. Le jeune missionnaire n’avait pas de mots pour remercier son ami qui avait défié tout et tout le monde pour être là ne serait-ce que quelques heures et voir de ses propres yeux le spectacle d’une église naissante et de ses mille défis vécus dans la joie.
Les problèmes ne manquent pas à Vanimo et à Baro. Les gens vivent dans la précarité, sans eau courante ni électricité. Il y a peu de médicaments. La violence, le tribalisme et l’exploitation des énormes richesses minières et forestières par les multinationales sont une réalité. Les missionnaires du Verbe Incarné, sur cette côte de l’océan Pacifique coincée entre la jungle et le récif corallien, ont donné naissance en 2018 à un orchestre à cordes composé d’enfants et de jeunes. Dans la tonne de colis transportés par le Pape dans l’avion militaire, il y avait aussi des violons et des violoncelles. François, heureux comme un enfant, a pu écouter quelques morceaux. En voyant cette scène, on ne peut s’empêcher de penser au miracle des reducciones, ces villages indigènes du Paraguay organisés par les Jésuites, avec leurs écoles de chant, dont les échos subsistent dans les livres d’histoire et les scènes du film “Mission”. De minuscules pousses de l’Évangile qui germent discrètement parmi les cultures ancestrales et font résonner la tendresse, la proximité, la compassion, l’amour inconditionnel pour les derniers et les oubliés. Des vies données par amour jusqu’à la dernière goutte. La joie se lit sur les visages des personnes âgées et des nombreux enfants souriants. De la joie sur les visages couverts de soleil et de sueur des missionnaires qui ont revêtu ce dimanche leur soutane blanche pour accueillir leur ami l’évêque de Rome. La joie aussi sur le visage de François, qui monte dans l’Airbus C130 de l’armée, mais qui aurait tant aimé rester ici.
Paroisse Saint Jacques de Moutiers
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