« Vous donc, priez ainsi » (Mt 6, 7-15) (Père Verkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 6, 7-15

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Lorsque vous priez, ne rabâchez pas comme les païens : ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés. Ne les imitez donc pas, car votre Père sait de quoi vous avez besoin, avant même que vous l’ayez demandé. Vous donc, priez ainsi : Notre Père, qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Remets-nous nos dettes, comme nous-mêmes nous remettons leurs dettes à nos débiteurs. Et ne nous laisse pas entrer en tentation, mais délivre-nous du Mal. Car, si vous pardonnez aux hommes leurs fautes, votre Père céleste vous pardonnera aussi. Mais si vous ne pardonnez pas aux hommes, votre Père non plus ne pardonnera pas vos fautes. »

Méditons

Le début de cet évangile est saisissant et important : « Lorsque vous priez, ne rabâchez comme les païens ; ils s’imaginent qu’à force de paroles ils seront exaucés». Jésus nous invite tout d’abord à une relation de confiance avec Dieu quand nous voulons prier. Il commence par dire «Notre Père». Dieu est notre Père. Il n’est pas un potentat devant qui il faut avoir peur ou le considérer comme quelqu’un de lointain. Non il est là, il est tout proche même si Jésus dit aussitôt «qui es aux cieux ». Les premiers mots de cette prière veulent briser la distance et nous établir dans la confiance et l’amour avec Dieu. Cela nous pousse à désirer son règne et non celui d’un autre et faire sa volonté. Et puisqu’il notre Père nous pouvons attendre qu’il pourvoie à nos besoins et nous pardonne nos ‘’ bêtises’’.
Jésus insiste particulièrement à la fin sur la relation qui doit être celle des enfants d’un même Père: une relation d’amour vrai qui se traduit par le pardon réciproque et constant. C’est la preuve que Dieu aime tous les hommes même ceux qui ont mal fait ou ont péché. Il ne veut pas la mort du pécheur mais sa conversion.
Faisons de notre carême un temps de pardon et de miséricorde en pardonnant à tous ceux-là contre qui nous avons des griefs.

« Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 31-46) (P. Verkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 25, 31-46

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand le Fils de l’homme viendra dans sa gloire, et tous les anges avec lui, alors il siégera sur son trône de gloire. Toutes les nations seront rassemblées devant lui ; il séparera les hommes les uns des autres, comme le berger sépare les brebis des boucs : il placera les brebis à sa droite, et les boucs à gauche.

« Alors le Roi dira à ceux qui seront à sa droite : “Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume préparé pour vous depuis la fondation du monde. Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi !” Alors les justes lui répondront : “Seigneur, quand est-ce que nous t’avons vu… ? tu avais donc faim, et nous t’avons nourri ? tu avais soif, et nous t’avons donné à boire ? tu étais un étranger, et nous t’avons accueilli ? tu étais nu, et nous t’avons habillé ? tu étais malade ou en prison… Quand sommes-nous venus jusqu’à toi ?” Et le Roi leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait.”« 

Alors il dira à ceux qui seront à sa gauche : “Allez-vous-en loin de moi, vous les maudits, dans le feu éternel préparé pour le diable et ses anges. Car j’avais faim, et vous ne m’avez pas donné à manger ; j’avais soif, et vous ne m’avez pas donné à boire ; j’étais un étranger, et vous ne m’avez pas accueilli ; j’étais nu, et vous ne m’avez pas habillé ; j’étais malade et en prison, et vous ne m’avez pas visité.” Alors ils répondront, eux aussi : “Seigneur, quand t’avons-nous vu avoir faim, avoir soif, être nu, étranger, malade ou en prison, sans nous mettre à ton service ?” Il leur répondra : “Amen, je vous le dis : chaque fois que vous ne l’avez pas fait à l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous ne l’avez pas fait.”

« Et ils s’en iront, ceux-ci au châtiment éternel, et les justes, à la vie éternelle. »

Méditons

Le jugement dernier, nous dit Jésus sera basé sur l’amour que nous aurons témoigné aux personnes en situation difficile. Cet évangile est un passage de Mathieu que beaucoup utilisent et derrière lequel ils se réfugient pour ne pas adorer Dieu par la prière, la pratique des sacrements ou mener une vie communautaire ecclésiale. Ceux qui agissent ainsi font de l’humanitaire sans Dieu. Toute œuvre qui n’est pas faite avec Dieu et en lui est sans doute faite pour notre propre satisfaction pour nous faire une bonne conscience. Sans séparer Jésus du frère, il n’est pas tout de même le frère. Le Fils de l’homme s’identifie en quelque sorte avec tous ceux qui ont besoin de secours. Il est évident que l’homme à aider ne devient pas pour autant automatiquement le Christ, car il se peut qu’il soit, par sa volonté, hostile à Dieu. Jésus s’identifie à lui en tant qu’il est dans le besoin, en tant qu’il est un appel à l’amour. Dès lors est dû au Christ tout ce qui est dû à cet homme, quoi qu’il en soit de ses dispositions profondes. Il n’y a donc pas dilution de la personne du Christ, mais un acte souverain du Seigneur qui veut être le garant de ses pauvres.

Faisons le bien au nom de Dieu, au nom de notre appartenance à lui sans laisser de côté le culte qui nous fait adorer Dieu en esprit et en vérité.

« Ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux » (Mt 14, 22-33) Méditation des Carmes

Évangile selon saint Matthieu, chapitre 14, versets 22 à 33

Jésus envoie les disciples en barque de l’autre côté du lac pendant qu’il renvoie les foules. Quand il les a renvoyées, il gravit la montagne pour prier. Le soir venu, il est là, seul. La barque est déjà à une bonne distance de la terre, elle est battue par les vagues, car le vent est contraire. Vers la fin de la nuit, Jésus vient vers eux en marchant sur la mer.
En le voyant marcher sur la mer, les disciples sont bouleversés. Ils disent :
« C’est un fantôme. »
Pris de peur, ils se mettent à crier mais aussitôt Jésus leur parle :
« Confiance ! c’est moi, n’ayez plus peur ! »
Pierre prend alors la parole :
« Seigneur, si c’est bien toi, ordonne-moi de venir vers toi sur les eaux. »
Jésus lui dit :
« Viens ! »
Pierre descend de la barque et marche sur les eaux pour aller vers Jésus.
Mais voyant la force du vent, il a peur et comme il commence à s’enfoncer dans l’eau, il crie :
« Seigneur, sauve-moi ! »
Aussitôt, Jésus étend la main, le saisit et lui dit :
« Homme de peu de foi, pourquoi as-tu douté ? »
Et ils montent tous les deux dans la barque. Le vent tombe.
Alors les disciples qui sont dans la barque se prosternent devant lui et ils lui
disent :
« Vraiment, tu es le Fils de Dieu ! »

Méditer avec les Carmes

Les tentations de Jésus

Les tentations de Jésus diffèrent des nôtres sur un point essentiel : lorsque nous sommes tentés, nous pauvres pécheurs, le péché trouve toujours en nous une secrète connivence, parce que notre liberté est blessée.

Pour Jésus, bien des projets, bien des choix, bien des solutions pouvaient se présenter à son intelligence ou traverser son imagination ; mais sa liberté d’homme était à ce point en harmonie avec le vouloir du Père qu’une révolte ou un refus étaient proprement impensables. En tout il s’est voulu semblable à nous ; en tout sauf le péché. C’est l’une des facettes de son mystère, du mystère de sa personne de Fils de Dieu, vrai Dieu et vrai homme.

Conscients de ce mystère, respectueux de ce mystère, revenons au récit de notre évangile – reflet fidèle des grandes options de Jésus – pour mieux situer ces tentations dans la vie du Seigneur, dans la tradition d’Israël et dans notre vie de foi et d’espérance.


Dès le début de son ministère Jésus se trouve confronté avec les forces du mal. Dès le début il a été victorieux ; il sera vainqueur également lors de l’assaut final, son agonie et sa passion.


L’Évangile fait le lien entre ces deux extrémités. Nous lisons en effet, après la troisième tentation : « Ayant épuisé toute tentation possible, le tentateur s’éloigna de lui jusqu’au moment fixé », ce moment auquel Jésus fera allusion lorsqu’on viendra l’arrêter au jardin des Oliviers : « C’est maintenant votre heure ; c’est le pouvoir des ténèbres » (Lc 22, 53).
Entre les tentations au désert et la tentation de Gethsémani, Jésus n’a cessé de combattre les forces du mal et de les vaincre par ses guérisons et ses exorcismes ; et les trois tentations du désert renvoient à trois types d’action et d’influence que Jésus a refusés toute sa vie :

  • « Ordonne à ces pierres de devenir des pains ! »,… ce serait le messianisme de l’abondance.
  • « Tu auras la gloire de tous les royaumes ! »,… ce serait un messianisme de puissance.
  • « Jette-toi en bas, les Anges te sauveront ! »,… ce serait un messianisme de prestige.

Or, dans le projet de Dieu, la seule puissance de Jésus doit être le rayonnement de la vérité. Ce récit des tentations était d’autant plus parlant à la première génération chrétienne qu’il évoquait les trois tentations d’Israël durant la marche au désert :

  • les pierres à changer en pains évoquaient l’épisode de la manne (Ex 16) ;
  • l’adoration réclamée par le tentateur renvoyait à l’apostasie du veau d’or (Ex 32) ;
  • et la tentation de forcer la main à Dieu pour un miracle rappelait la révolte du peuple à l’oasis de Massa (Ex 17).


Les trois tentations que Jésus a écartées personnellement, en tant que Messie envoyé de Dieu, Israël les avait connues, collectivement, en tant que peuple témoin de Dieu.
Et nous les retrouvons dans notre propre vie de baptisés, ces trois séductions de l’abondance, du pouvoir et du chantage à l’amour de Dieu.
Nous aimerions que notre foi nous assure la sécurité, que notre place de témoins du Christ dans le monde serve notre volonté de puissance, que Dieu nous « rattrape au vol » et soit une assurance sur la vie lorsque nous jouons avec le danger moral ou lorsque nous faisons sur l’avenir des paris un peu fous.

L’exemple de Jésus nous fait tourner le dos à ces tentations. Parce que nous sommes baptisés, parce que l’Esprit Saint nous donne part à l’œuvre messianique de Jésus, nous renonçons à miser sur l’aisance, sur la puissance, sur le sensationnel, et pour entrer dans la victoire de Jésus, nous imitons sa liberté.

C’est tout le sens de notre Carême :

  • vivre à fond, et pas seulement de pain ;
  • adorer Dieu seul, en lâchant devant lui tout reste de puissance ;
  • aimer Dieu avec suffisamment de gratuité pour cesser de le mettre à notre service.

Alors notre nourriture de chaque jour, nécessaire et agréable, sera d’accomplir sa volonté.

Frère Jean, o.c.d.

« Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent » (Lc 5, 27-32) (P Verkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 5, 27-32

En ce temps-là, Jésus sortit et remarqua un publicain (c’est-à-dire un collecteur d’impôts) du nom de Lévi assis au bureau des impôts. Il lui dit : « Suis-moi. » Abandonnant tout, l’homme se leva ; et il le suivait. Lévi donna pour Jésus une grande réception dans sa maison ; il y avait là une foule nombreuse de publicains et d’autres gens attablés avec eux. Les pharisiens et les scribes de leur parti récriminaient en disant à ses disciples : « Pourquoi mangez-vous et buvez-vous avec les publicains et les pécheurs ? » Jésus leur répondit : « Ce ne sont pas les gens en bonne santé qui ont besoin du médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler des justes mais des pécheurs, pour qu’ils se convertissent. »

Méditons

Nous sommes tous des pécheurs qui avons besoin de la miséricorde de Dieu. ’est le but de la mission du Christ sur terre. Confions nous à sa miséricorde spécialement en ce temps de carême

« Des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront »(Mt 9, 14-15) (P. Verkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 9, 14-15

En ce temps-là, les disciples de Jean le Baptiste s’approchèrent de Jésus en disant : « Pourquoi, alors que nous et les pharisiens, nous jeûnons, tes disciples ne jeûnent-ils pas ? » Jésus leur répondit : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps où l’Époux est avec eux ? Mais des jours viendront où l’Époux leur sera enlevé ; alors ils jeûneront. »

MEDITONS

Nous sommes en période de carême où le jeûne a une place importante. Mais comment comprendre dans cet évangile l’attitude face aux disciples de Jean ? Il veut leur dire tout simplement qu’il est l’Époux, celui vers qui tout jeûne doit conduire. Et puisque ses disciples l’ont reconnu comme tel, ils ne jeûnent pas. On peut alors se poser la question de savoir pourquoi nous autres nous jeûnons alors que nous avons l’Époux, le Messie ? C’est parce que nous l’avons sous la forme présence et absence. Car ce que nous serons ne paraît pas encore clairement mais cela paraîtra clairement lorsque nous le verrons tel qu’il. Nous sommes dans le déjà et le pas encore. Dans la foi, nous avons Jésus mais pas dans le face-à-face qui reste à venir.
Puisse notre jeûne nous rapprocher davantage de Dieu en nous débarrassant du vieil homme.

« Celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera » (Lc 9, 22-25) (P.Verkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 9, 22-25

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Il faut que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, le troisième jour, il ressuscite. »

Il leur disait à tous : « Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi la sauvera. Quel avantage un homme aura-t-il à gagner le monde entier, s’il se perd ou se ruine lui-même ? »

Méditons

A peine le carême commencé, Jésus nous parle déjà de sa Passion-Mort- Résurrection avec l’invitation à le suivre si nous voulons: « Celui qui veut marcher à ma suite…» Les conditions pour suivre Jésus sont claires. En général se dépouiller de tout et de même de soi-même : renoncer à soi-même. C’est dur mais nous voulons bien le suivre. D’où il nous faut une grande humilité pour ne pas exiger de lui nos conditions mais mettre devant lui ce que nous sommes avec le projet de devenir ce qu’il est en nous laissant tirer par la main. Car si ce que Jésus nous demande n’est pas hors de notre portée, nous ne pouvons pas tout de même l’atteindre sans sa grâce. D’où la nécessité de prier pour toujours obtenir le secours de la grâce divine.

Le détachement auquel cet évangile nous invite est un dépouillement total sans lequel nous ne pouvons pas revêtir Dieu de façon authentique. Il veut nous apprendre pauvreté mais en même temps la confiance . Dans le désert où nous sommes invités pendant ce temps, nous allons apprendre cela. Allons-nous lâcher nos sécurités apparentes pour obtenir une plus grande? Que la foi nous la fasse découvrir.

Méditation de Carême (P. Verkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu 6, 1-6.16-18

En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Ce que vous faites pour devenir des justes, évitez de l’accomplir devant les hommes pour vous faire remarquer. Sinon, il n’y a pas de récompense pour vous auprès de votre Père qui est aux cieux.

« Ainsi, quand tu fais l’aumône, ne fais pas sonner la trompette devant toi, comme les hypocrites qui se donnent en spectacle dans les synagogues et dans les rues, pour obtenir la gloire qui vient des hommes. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu fais l’aumône, que ta main gauche ignore ce que fait ta main droite, afin que ton aumône reste dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.

« Et quand vous priez, ne soyez pas comme les hypocrites : ils aiment à se tenir debout dans les synagogues et aux carrefours pour bien se montrer aux hommes quand ils prient. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret ; ton Père qui voit dans le secret te le rendra.

« Et quand vous jeûnez, ne prenez pas un air abattu, comme les hypocrites : ils prennent une mine défaite pour bien montrer aux hommes qu’ils jeûnent. Amen, je vous le déclare : ceux-là ont reçu leur récompense. Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. »

Méditons

Le temps de carême qui nous appelle à nous rapprocher plus de Dieu et nos frères en refaisant les relations tant d’un côté que de l’autre exige de nous une profonde humilité. Dans cet évangile de Mathieu qui nous est proposé en ce premier jour du carême, le Seigneur nous invite à tout faire dans le secret, la
discrétion. Cette attitude spirituelle est commandée par l’humilité, indispensable pour une conversion profonde car l’humble sait et se dit qu’il n’est pas à la hauteur de l’amour et de vie que Dieu attend de lui. Il se reconnaît pécheur et cherche les voies et moyens pour devenir meilleur. Et puisqu’il sait qu’il n’est pas meilleur, il a plus de considération pour les autres. Il est alors plus facile pour l’homme humble
d’aimer les autres et de partager sans vouloir se mettre en valeur ou être reconnu et applaudi pour ce qu’il fait. Il prie parce qu’il sait qu’il a besoin de Dieu et de son aide pour aller plus loin.
Cette attitude d’humilité nous est nécessaire pour aborder avec plus d’optimisme et de réalisme ce temps de carême. Il ne s’agit pas pour nous prendre quantité de résolutions qui seront abandonnées dans quelques jours mais de cheminer quotidiennement dans l’effort constant de conversion à travers d’actes authentiques de charité et une vie de prière plus assidue. En ce temps de carême au cœur de l’année jubilaire, ne manquons pas de demander de recevoir la miséricorde de Dieu dans le sacrement de la réconciliation.

Saint et Fructueux carême à toutes et à tous

Carême 2025 (Père Verkys)

Comme tu combats pour ton corps, combats aussi pour ton âme !

En cette année jubilaire où nous sommes appelés à vivre et à nous ancrer dans l’espérance, comment vivre notre carême 2025 mieux que les autres années ? Ce n’est pas rare d’entendre des témoignages comme: «Je n’arrive pas à changer»; «Je prends de bonnes résolutions au départ et après tout retombe» … Ainsi on peut être tenté par le découragement et baisser les bras en gérant le quotidien.

Comme nous luttons pour être en bonne santé physique, nous devons aussi lutter pour être en bonne santé spirituelle, nous rapprocher de Dieu, lui ressembler. Le carême est un temps liturgique qui nous le rappelle éloquemment. En témoigne l’évangile du premier dimanche de carême où Jésus est tenté par satan.

Le carême est un temps d’entraînement au combat spirituel, c’est un temps à ne pas manquer pour se renouveler, pour grandir dans l’amitié avec Dieu. L’appel du jubilé comme celui du carême est le même : Se renouveler. Nous avons une double raison pour ne pas passer ce carême comme ceux d’avant en comptant toujours sur la grâce de Dieu qui ne manque jamais à ceux qui la lui demandent. Il y a un proverbe qui dit «qui trop embrasse mal étreint».

Comme tu combats pour ton corps, combats aussi pour ton âme !

  Il faudrait peut-être cibler les points essentiels sur lesquels il faudrait nous améliorer pour devenir plus chrétien. Le jeûne que Dieu préfère, Isaïe nous le rappellera, c’est plus de justice et de charité que de privation de nourriture. Se priver de péché est mille fois plus agréable à Dieu que de se priver de nourriture même si l’un n’exclut pas l’autre. Entre autres résolutions nous pouvons prier plus en allant plus à la messe ou nous joindre au groupe des adorateurs ou la fidélité au chapelet quotidien.

Que Marie, figure du peuple de Dieu sur laquelle nous aurons des enseignements tout long de ce carême les jeudis soirs nous accompagne et nous soutienne.

Saint et fructueux carême à tous.

« L’Esprit du Seigneur est sur moi… »

Évangile de Jésus Christ selon saint Luc 4, 16-21

En ce temps-là, Jésus vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur.

Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre. »

— Acclamons la Parole de Dieu.

« Aujourd’hui, dit Jésus, cette écriture est accomplie dans vos oreilles »,

« Aujourd’hui »: c’est le premier mot et le mot-clé de la première homélie de Jésus dans la synagogue de son enfance. La communauté s’était rassemblée pour un sabbat tout ordinaire, et le texte d’Isaïe que Jésus lecteur avait proclamé était depuis longtemps dans les mémoires ; mais le commentaire de Jésus éveille tout de suite l’attention de ces hommes et de ces femmes qui le connaissaient tous comme le fils de Joseph.
« Aujourd’hui, dit Jésus, cette écriture est accomplie dans vos oreilles », accomplie pour vous qui l’entendez et au cœur même de votre écoute.Et comment s’accomplit-elle? Parce que Jésus s’applique à lui-même la parole du prophète: « l’Esprit du Seigneur est sur moi, il m’a conféré l’onction » pour une œuvre de liberté, de lumière et de miséricorde.
Quelle foi il aurait fallu ce jour-là aux gens de Nazareth pour accepter pareille révélation, pareille identification de Jésus au Messie attendu, et pour repartir chez eux en se disant : « le fils du charpentier est habité par l’Esprit de Dieu; le fils de Joseph a inauguré aujourd’hui la libération d’Israël ! »
« Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Tous lui rendaient témoignage », et donc le regardaient déjà avec sympathie, « et ils s’étonnaient de la grâce qui sortait de sa bouche »: c’était bien en effet la grâce de Dieu qu’il annonçait à tous.
Mais ils en resteront, ce jour-là, au stade de l’étonnement ; puis, très vite, la colère grondera en eux, quand Jésus parlera d’offrir son message et ses miracles également aux païens, comme au temps d’Élie et d’Élisée.
Quel acte de foi le Christ-Messie nous demande, lorsqu’il redit, au cœur de notre liturgie: « L’Esprit du Seigneur est sur moi », et lorsqu’il affirme: « Aujourd’hui cette écriture est accomplie en vos oreilles »! Si « aujourd’hui » est pour nous aussi le jour du salut, si aujourd’hui encore la parole de Jésus doit trouver son accomplissement, cela signifie qu’il faut nous identifier, à notre tour, non pas, comme Jésus, au Prophète porteur de l’Esprit, mais aux auditeurs visés par le prophète, aux croyants visités par Jésus : les pauvres, les captifs, les aveugles et les opprimés.
Aujourd’hui, en effet, Jésus nous trouve pauvres d’espérance et de joie, las d’attendre et de demander, et il vient à nous, rayonnant de gloire, avec une bonne nouvelle: il envoie d’auprès du Père l’Esprit Paraclet, pour qu’il soit à jamais avec nous. Aujourd’hui nous montrons à Jésus les chaînes de notre cœur, tout ce qui nous rive à un passé pourtant déjà révolu et pardonné, tout ce qui paralyse notre amour dans le quotidien, tout ce qui retient l’élan de notre confiance face à l’avenir personnel et communautaire.
Aujourd’hui nous tâtonnons, comme des aveugles, dans notre propre vie de louange et de service, mais le Ressuscité « illumine les yeux de notre cœur » et nous donne l’Esprit « pour nous faire connaître les dons que Dieu nous a faits ».
Aujourd’hui enfin nous plions sous le joug de nos propres passions ou nous nous sentons communautairement esclaves de notre passé, parce que le pardon tarde, parce que la miséricorde s’arrête à mi-chemin, parce que nous n’osons plus espérer avec ceux qui nous ont blessés. Et Jésus nous apporte sa liberté de Fils heureux dans la maison du Père. Il nous fait don de son amour sans frontières, sans reprises, sans lassitude, et il nous offre une joie que personne ne pourra nous ravir.
En retour, il ne nous demande qu’une chose, toute simple mais porteuse de certitude et de paix : garder « les yeux fixés sur lui » qui baptise dans l’Esprit, garder ensemble les yeux sur lui seul : Lui, lui, rien que lui, son mystère et son œuvre.

«…malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré!» (PVerkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu26, 14-25

En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.

Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.

Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! »

— Acclamons la Parole de Dieu.

«…malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré!»

Dans la vie, il y a plusieurs types de trahisons Aucune n’est bonne. C’est la fidélité qui mérite d’être rechercher. Dans le cas de la passion de Jésus, il est livré par Judas, renié par Pierre, abandonné par tous ses disciples. Dans la vie spirituelle nous pouvons nous retrouver dans l’un ou l’autre de ces trois cas. Pierre revient et pleure en reconnaissant sa lâcheté de n’avoir pas affiché son appartenance au Christ. Dans une société de plus en plus déchristianisée , nous pouvons aussi céder à une telle tentation, mais attention. Nous sommes aujourd’hui plus que jamais appelés à témoigner pour Jésus ouvertement. En dehors des mauvaises réflexions, que craignons-nous au fait pour ne plus afficher clairement notre identité chrétienne?
Le gros lot des disciples s’est simplement dispersé mais rien ne prouve qu’ils ne feraient pas comme Pierre s’ils avaient été questionnés par les soldats ou les grands prêtres. Ils sont tous revenus plus tard. Ce temps de carême qui s’achève bientôt nous appelle à cela: le retour à Dieu de tout notre cœur . A l’opposé de Judas ne préférons pas l’amour de l’argent et les plaisirs de ce monde à l’amour infini de Dieu.