Peu avant de s’envoler pour son premier voyage apostolique en Turquie, où il commémorera le 1700e anniversaire du concile de Nicée, le pape Léon XIV a publié une lettre apostolique « In unitate fidei. » Le souverain pontife y souligne l’actualité du Credo, prière commune à toutes les confessions chrétiennes, et invite les églises à l’unité.
L’avion pontifical décollera ce jeudi 27 novembre pour trois jours en Turquie, avant de rejoindre le Liban. Un premier voyage hors d’Italie aux enjeux multiples, et surtout un anniversaire d’importance pour l’Église : en 325 se tint à Nicée (actuelle Iznik) le premier concile œcuménique de l’histoire du christianisme. Dans une lettre apostolique publiée le 23 novembre, Léon XIV fait mémoire de l’événement, et en souligne l’actualité.
Une histoire troublée
Le pape revient d’abord longuement sur l’histoire même du Concile, qui s’ouvrit alors que «les blessures des persécutions contre les chrétiens étaient encore vives». Si le christianisme était admis dans l’Empire romain depuis une vingtaine d’années, «disputes et conflits ont rapidement émergé au sein de l’Église.»
C’est d’ailleurs pour répondre au moine égyptien Arius, qui enseignait que le Christ n’était pas le Fils de Dieu, que s’est réuni le Concile. Comme le rappelle le pape, c’est à l’initiative de l’Empereur Constantin lui-même, qui voit la paix sociale et l’unité politique menacée par ces querelles théologiques, que se tient cette assemblée.
Des 318 « Pères » venus participer, une majorité provient d’Orient. Léon XIV s’arrête particulièrement sur la figure de Saint Athanase, diacre à Alexandrie et principal opposant d’Arius. Ce dernier insiste sur l’importance de la divinité du Christ : si Dieu se fait homme, c’est pour diviniser les hommes.
Un Credo pour la foi d’aujourd’hui
Tout l’enjeu pour le Concile est d’énoncer le contenu de la foi chrétienne. D’abord en un Dieu unique, Père, Fils et Esprit Saint. Ensuite en un Dieu qui «s’est fait proche de nous et est venu à notre rencontre en Jésus-Christ.» Enfin, en un Dieu «qui veut que nous ayons la vie, et que nous l’ayons en abondance», et qui pour ce faire a donné sa vie pour les hommes.
Léon XIV invite alors les chrétiens à s’interroger sur l’actualité de ce message millénaire dans leur vie de foi personnelle : «Avons-nous le sentiment qu’il concerne aussi notre situation actuelle ? […] Que signifie ce que nous disons pour notre vie ?». Et le pape d’avertir : «Le Credo de Nicée nous invite donc à un examen de conscience. Que signifie Dieu pour moi et comment est-ce que je témoigne de ma foi en Lui ?»
L’unité de l’Église
Le texte se clôt sur un appel à l’unité de l’Église, dont le Credo de Nicée est la pierre angulaire. «Nous partageons la foi en un seul et unique Dieu, Père de tous les hommes, nous confessons ensemble l’unique Seigneur et vrai Fils de Dieu Jésus-Christ et l’Unique Esprit Saint […]. Ce qui nous unit est vraiment bien plus grand que ce qui nous divise !» Pour le pape, il y a urgence à ce que les chrétiens se retrouvent autour de ce dépôt commun de la foi, pour devenir « signe de paix et instrument de réconciliation » au milieu d’un monde déchiré par les guerres.
Tout en évitant le double écueil d’un retour en arrière et d’un enlisement dans le statu quo, Léon XIV exhorte à regarder vers l’avenir, et à travailler à la réconciliation des églises par la voie «du dialogue, d’échange de nos dons et de nos patrimoines spirituels».
Les enjeux soulevés par le texte ne sont pas moindres. En Turquie, Léon XIV rencontrera le patriarche Bartholomée Ier, primat de l’Eglise orthodoxe de Constantinople. Dans ce pays comme au Liban, les chrétiens sont largement minoritaires. Pour eux, la venue du pape est un signe fort.
article Par Camille Dénecé, tiré du Pélerin
