Aux prêtres de France, une parole de consolation

Souvent moqués, humiliés, soupçonnés, les prêtres de France ont reçu du pape Léon XIV la parole de consolation qu’ils attendaient. Avec eux, se réjouit l’écrivain Xavier Patier, c’est toute l’Église en France qui rayonne de joie.

Le général de Lasalle, avant de se faire tuer lors de la bataille de Wagram, âgé de seulement 34 ans, avait lancé une phrase fameuse : « Tout hussard qui n’est pas mort au combat à 30 ans est un jean-foutre. » On aurait pu ces dernières années imaginer une boutade du même genre à propos de nos jeunes prêtres : « Tout prêtre français qui n’est pas tombé en burn-out à 40 ans est un planqué. » Ce que nos prêtres ont souffert depuis quinze ans est un secret de leur cœur. Mais quelle épreuve ont-ils endurée ! Quelle humiliation ! Quelle crucifixion ! Non, je n’exagère pas. La solitude de la jeune génération de nos consacrés aura été et continue d’être pour beaucoup un martyre. Ils n’en parlent guère, tout occupés qu’ils sont à annoncer la joie de l’Évangile. Mais quand ils acceptent de se confier, la souffrance qu’ils révèlent est parfois indicible. Ils vivent la Passion.

La haine du monde

Car le monde ne se contente plus de moquer nos prêtres : il leur voue une haine active. Le Malin a changé de braquet. Parce qu’un petit nombre de clercs a eu un comportement criminel, parce que quelques individus ont été des loups déguisés en berger, tous nos prêtres ont été suspectés d’être des prédateurs sexuels. Le regard qu’on leur portait a démoli leur dignité. L’Église a regardé la réalité du scandale en face, elle a dénoncé les abus en son sein, mais cela n’y a rien fait : les prêtres restaient des suspects dans le regard des gens. Ce petit sourire en coin du voisin, ces allusions venimeuses, il leur a fallu vivre avec. On a tourné en dérision le vœu de chasteté de nos prêtres, alors que la chasteté est un vœu que se doit de faire tout chrétien, même, et surtout, s’il se marie. L’humiliation des prêtres a été celle de tous les pères.

Il y a aussi la pauvreté matérielle. Nos prêtres sont plus pauvres que jamais dans un monde où la pauvreté est plus que jamais maudite. Comme leur maître et leur ami, ils n’ont pas de pierre où reposer la tête. Ce n’est pas dans l’air du temps. Et par-dessus tout cela, ils ont aucun droit de se plaindre : ils sont voués à annoncer la parole du charpentier de Nazareth dans une joie qui parfois leur est un effort surhumain. Ces dernières années, leur seule consolation venait de la douceur du Christ qui leur murmurait en secret, certains soirs de désespérance : « Ne crains rien, Je suis là, Je souffre avec toi« .

Le pape Léon est allé à l’essentiel

Et voici que leur arrive, au lendemain de Pâques, une joie inouïe, imprévue. Nos prêtres ont enfin reçu les paroles de consolation qu’ils attendaient. Léon XIV, dans sa Lettre aux évêques de France, n’a pas songé à faire la leçon à nos consacrés. Il ne les a pas admonestés. Il n’a pas critiqué leurs pulsions cléricales. Il est allé à l’essentiel : il a seulement dit à nos prêtres de France qu’il les aimait. Il les a remerciés du fond du cœur pour leur engagement et leur persévérance. Il les a bénis. Et c’est toute l’Église de France qui a été consolée. Des larmes de joie ont été versées. Nous n’avions pas rayonné de la joie pascale à ce point depuis si longtemps !

Nos prêtres s’étaient sentis humiliés ? Nous aussi. Ils avaient eu le cœur transpercé par la calomnie ? Nous aussi. Ils étaient dans la solitude ? Nous aussi. Les paroles de consolation qu’ils viennent de recevoir nous touchent nous aussi, nous les paroissiens qui leur devons tant. Nos prêtres ont entendu la parole annoncée pour eux : « Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du Royaume. » Merci à eux !

Xavier Patier – publié le 02/06/25