Si les mages ont pu voir l’étoile pour la suivre, c’est sans doute parce qu’ils cheminaient dans la nuit : la voûte étoilée est invisible en plein jour. Mais on sait aussi que l’étoile de Noël n’est pas d’abord, en tout cas pas seulement, un astre luminescent dans le ciel. C’est le signe mystérieux, lu à travers l’épaisseur enténébrée de ce monde, qu’une autre aurore est possible. Dieu nous révèle la naissance du vrai roi, juste et bon, qui va remplacer la royauté inique, infidèle et violente des hommes. Et, à la suite des mages, le peuple qui espère encore que l’amour va venir est capable de distinguer cette révélation : Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière ; et sur les habitants du pays de l’ombre, une lumière a resplendi (Is 9, 1). Si Hérode, au contraire, ne veut pas s’aventurer dans la nuit pour voir l’étoile de ses propres yeux, c’est parce que c’est sa propre lumière qui l’intéresse. Or il refuse qu’elle puisse faiblir. Il est prêt à tous les mensonges, à tous les crimes, car coûte que coûte, il doit occulter la vraie, la grande lumière. L’orgueil est une nuit noire. Pour voir le soleil se lever, il faut affronter cette nuit, la nôtre. Et reconnaître que la lumière dont nous avons besoin est celle d’un autre. « Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux » (Mt 5, 3).
Jean de Saint-Cheron