Chers Frères et Sœurs,
En ce douzième dimanche du temps ordinaire, l’Eglise nous donne de méditer l’évangile de la «tempête apaisée». Nous connaissons bien cet épisode: Jésus qui invite ses disciples à prendre la barque et à passer sur l’autre rive. Il est là, dans la barque, avec eux. Mais la traversée n’est pas de tout repos. Le vent leur est contraire, et les vagues les submergent. Et devant tout cela, Jésus dort sur un coussin, en arrière; et ne semble pas inquiet de ce qui constitue, aux yeux des disciples, un danger imminent. Ceux-ci crient vers lui, et Jésus intervient en leur faveur, fait taire le vent et ramène au calme la mer, leur reprochant, au passage, leur manque de foi.
Cette intervention du Seigneur fait passer les disciples de la crainte devant les menaces de la mer à une grande crainte devant celui qui se présente comme maitre des éléments du monde: «Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent?» (Marc 4, 41). Cette intervention de Jésus renvoie, d’une certaine manière, aux paroles adressées à Job, qui servent de première lecture en ce dimanche. Oui, seul Dieu est le Seigneur de l’univers, lui qui trace à la mer et au vent leurs limites. L’interrogation des disciples sur ce Jésus, à qui la mer et le vent obéissent, constitue donc, en soi, une profession de foi en la divinité de Jésus, sa reconnaissance comme Seigneur de l’univers, celui qui les sauvera, non seulement de danger des éléments de la nature, mais aussi de la mort éternelle; celui qui se présente en eux comme le Messie, le «Oint de Dieu».
L’évangile de ce dimanche s’adresse aussi à nous aujourd’hui. Que de fois n’avons-nous pas l’impression d’une indifférence de Dieu, même lorsque, comme chrétiens, nous suivons ses indications, et essayons de ramer vers les divers horizons qu’il nous indique? Devant notre propre situation, devant la situation de nos pays et du monde, en face de ce que peut vivre l’église, nous aurions aujourd’hui envie de crier vers lui: «Maitre, nous sommes perdus: cela ne te fait rien?». Laissons-nous rejoindre par cette parole de Jésus: «Pourquoi êtes-vous si craintifs? N’avez-vous pas encore la foi?». C’est un appel à la confiance en sa présence constante dans nos vies, même lorsque nous avons le sentiment de ne plus sentir cette présence: «il est là au cœur de nos vies; et c’est lui qui nous fait vivre». Appel aussi à être attentifs à cette présence, que nous étouffons parfois par la crainte des vagues contraires qui, souvent, nous fait sombrer. Appel à reconnaitre l’amour infini du Père, qui, par son Fils Jésus, ne cesse de nous donner vie et souffle, malgré nos égarements.
Si, devant l’autorité de Jésus sur les vagues de la mer, les disciples ont entrevu sa divinité, nous aussi, devant cette présence aimante de Dieu dans nos vies, nous pouvons pousser cette exclamation admirative: «Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi?». Reconnaissance de l’amour de Dieu qui conduit à la transformation de nous, pour devenir des «créatures nouvelles». Invitation à centrer notre vie sur Jésus qui est mort et ressuscité pour nous, comme nous l’enseigne la deuxième lecture de ce jour: «le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux» (2 Cor. 5, 15)
En ce dimanche, demandons donc au Seigneur de nous donner de découvrir, jour après jour, sa présence agissante dans nos vies. Qu’il nous accorde de voir toute chose sous le regard de son amour infini; et de vivre de cet amour, car c’est cela le plus important.
Ainsi soit-il!