«Cela fait un certain temps qu’il n’y a pas eu de confirmation dans notre paroisse !» a-t-on entendu dimanche 22 janvier 2023 en l’église Saint Jacques de Moutiers, au cœur d’une foule de paroissiens recueillis et heureux d’assister à cette cérémonie de confirmation.
Ce dimanche 22 janvier 2023, notre évêque, retenu par ailleurs a délégué le Père François Bidaud, Vicaire Général, pour célébrer l’Eucharistie et recevoir des six jeunes de 14, 15 et 16 ans leur engagement. Alors que le père Verkys, curé de la paroisse, accueillait, avec sa joie coutumière, son supérieur, ce dernier confiait dans son homélie que «quarante ans plus tôt il était à la place des confirmands dans cette même église».
Heureux de revenir dans son fief, le P François Bidaud pouvait, dès lors, commencer la célébration avec à ses côtés le P Daniel Archambaud, curé de St Henri Dorie de Talmont et le P.Verkys Nonvignon, curé de St Jacques de Moutiers. Chez les 8 jeunes, on percevait l’émotion et voyait le recueillement. Ces jeunes, « adultes en devenir », préparent ce sacrement depuis septembre 2021, accompagnés par le Père Daniel et Gaëlle Terrien, catéchiste, moyennant un samedi matin par mois, à la maison Saint Jacques de Moutiers.
Les six confirmands, appartiennent aux paroisses Saint Henri Dorie de Talmont, Saint Jacques de Moutiers et Sainte Marie des Sables. Il s’agit de : Shanelle, Céleste et Albane de la paroisse St Jacques, Paco, Julien et Anaëlle de la paroisse Saint Henri Dorie ainsi que Domitille et Aglaé de la paroisse Ste Marie. Carelle et Kylian préparant leur baptême, leur première communion et leur confirmation pour la veillée pascale 2023, ont intégré la préparation et le groupe.
Cette cérémonie de confirmation revêt un caractère exceptionnel. Dernière promesse spirituelle de leur jeune vie, elle permet de renouveler l’engagement du baptême reçu lors de la petite enfance (la plupart du temps décidé par leurs parents, leur entourage familial ou amical), suivi de la « première communion » et, l’année suivante, de leur « profession de foi ». Ce sacrement de confirmation appelle les adolescents et adolescentes à prendre conscience de leur maturité spirituelle. «Jésus vous rejoint dans votre vie de collégien ou lycéen, dans vos rêves et projets. Il vous appelle à le suivre dans toute votre vie pour un chemin de bonheur, dans l’Esprit Saint et en l’église, dans la communion de l’Esprit-Saint a recommandé d’un ton bienveillant, le représentant de l’évêque, François Bidaud.
Après l’affirmation, à haute voix, du groupe des jeunes, de leur fidélité à Jésus et aux enseignements reçus, avec l’aide de l’Esprit-Saint, les trois prêtres ont imposé les mains sur le groupe, sacralisant ainsi leur bénédiction.
Puis chacun des jeunes, épaulé par son parrain ou marraine s’est entretenu confidentiellement avec le représentant de l’évêque dans un échange apparaissant comme cordial et protecteur. Retenons le message d’espoir de Shannelle qui depuis son fauteuil a pu conseiller et affirmer «Faites confiance au Seigneur».
La cérémonie s’est terminée par une chaleureuse remise de cadeaux aux deux généreux préparateurs, Gaëlle et Père Daniel, par le groupe des confirmés et leurs parents.
Bernadette Matthijsse
Merci à Jacqueline et Gaëlle pour leur aide précieuse
Des homélies trop longues et ennuyeuses ? Le sujet passionne toujours ! Le débat est relancé après les propos du pape, le vendredi 20 janvier, lors d’une intervention à l’Athénée pontifical Saint-Anselme. François a demandé aux prêtres de circonscrire leurs homélies à dix minutes, pas plus. En effet, il ne faut pas confondre l’homélie avec une conférence, et ce n’est pas non plus un cours de philosophie, de théologie ou d’exégèse…
« Il doit être clair pour les fidèles que ce qui tient au cœur du prédicateur, c’est de montrer le Christ, sur lequel l’homélie est centrée », lit-on dans Verbum Domini (2010). Cette exhortation post-synodale sur la parole de Dieu dans la vie et la mission de l’Église signée par Benoît XVI rappelle que « le prédicateur doit être le premier à être interpellé par la Parole de Dieu qu’il annonce ». Il doit donc se poser ces questions : « Que disent les lectures proclamées ? Que me disent-elles à moi personnellement ? Que dois-je dire à la communauté, en tenant compte de sa situation concrète ? »
L’exercice est toujours exigeant. Il doit aider les fidèles « à découvrir la présence et l’efficacité de la Parole de Dieu dans l’aujourd’hui de leur vie ». Ceci suppose donc une familiarité du prédicateur avec les Écritures, qu’il faut lire et relire, méditer, prier. Pour ma part, quand je prépare une homélie, je me pose ces questions au sujet des textes proposés par la liturgie : Quelle bonne nouvelle de salut contiennent-ils ? Qu’est-ce que Dieu vient sauver ? Qu’est-ce qui a donc besoin d’être sauvé en moi, en chacun de nous, dans notre monde, et de quoi ? Quelles capacités Dieu vient-il guérir, renouveler, libérer, stimuler, enrichir, susciter… pour prodiguer son salut ? Qu’en est-il du mystère de la mort et de la résurrection du Christ dans les passages à commenter ?
Au fil des jours, il m’est donné de découvrir Dieu qui sauve la mémoire de l’oubli, la générosité de la convoitise, la parole du bavardage, la confiance de la crainte, la vérité du mensonge, la fraternité de la jalousie, l’autorité de l’autoritarisme, la volonté de la résignation, l’hospitalité de la crainte de l’étranger… Et, réflexe de journaliste, je m’oblige à donner un titre à mon homélie.
Dimanche, le 4e du temps ordinaire, il nous sera donné d’entendre le texte des Béatitudes qui ouvre le Sermon sur la Montagne (Matthieu 5, 1-12). Mon homélie s’intitulera : « Dieu sauve le bonheur ». Il sauve le bonheur d’une conception idéaliste de la vie accomplie qui ne fait pas droit aux larmes, au manque, à l’attention aux autres, aux rudesses du combat en faveur de la justice… Le chemin de bonheur que tracent les Béatitudes est celui-là même que Jésus a emprunté, jusqu’au bout, jusqu’à la Croix. Prêcher sur les Béatitudes, c’est prêcher sur le Christ. Un Christ qui ne va jamais sans la Croix. Comme le bonheur véritable.
Dominique Greiner, rédacteur en chef de Croire-La Croix
Alors qu’il recevait les participants d’un cours de liturgie à l’Athénée pontifical Saint-Anselme à Rome vendredi 20 janvier, le pape François a invité les prêtres à raccourcir la durée de leurs homélies et a rappelé qu’elles étaient un « sacrement ».
L’homélie. Un sujet cher au pape François. Il lui a consacré une partie de son exhortation apostolique Evangelii Gaudium en 2013, et a récemment tenu un discours à charge contre les sermons trop longs, allant même jusqu’à qualifier certaines homélies de « désastres ». Selon lui, les prédications qui suivent la lecture de l’Évangile à la messe ne doivent être ni des « leçons de philosophie », ni des « conférences ». En revanche, elles sont des « sacrements ».
« Parfois, il m’arrive d’entendre : « Oui, j’ai été à la messe dans telle paroisse… Une bonne leçon de philosophie, pendant 40, 45 minutes… », déplore le Pape. Selon lui, une homélie doit durer « huit, dix minutes, pas plus ! » et toujours inclure « une pensée, un sentiment et une image » afin que « les gens ramènent quelque chose chez eux ».
Après avoir longuement invité les responsables diocésains qui lui rendaient visite à soigner la liturgie et favoriser le silence pour « conduire le peuple au Christ et le Christ au peuple », le Pape est revenu sur la notion, à première vue inhabituelle, de « sacrement » pour définir une homélie : « L’homélie n’est pas une conférence, c’est un sacrement. (…) Elle se prépare dans la prière, elle se prépare avec un esprit apostolique. »
L’homélie, un sacrement ?!
Si l’homélie n’est pas un sacrement à l’instar des sept sacrements instaurés par l’Église catholique, elle est un sacrement dans le sens où elle « peut être une expérience intense et heureuse de l’Esprit, une rencontre consolante avec la Parole de Dieu, source constante de renouvellement et de croissance » (Evangelii Gaudium). Elle est aussi « médiation de la grâce » (idem).
L’homélie a donc bien une signification sacramentelle. « Elle “fait partie de l’action” liturgique », précisait Benoît XVI dans son exhortation apostolique Verbum Domini. « Elle a pour fonction de favoriser une compréhension plus large et plus efficace de la Parole de Dieu dans la vie des fidèles. L’homélie est en effet une actualisation du message scripturaire, de telle sorte que les fidèles soient amenés à découvrir la présence et l’efficacité de la Parole de Dieu dans l’aujourd’hui de leur vie ».
De la même manière que les sacrements sont des signes visibles de la grâce de Dieu, et permettent aux hommes de prendre conscience de la présence de Dieu au milieu d’eux, l’homélie est un vecteur par lequel Dieu cherche à atteindre les hommes à travers le prédicateur.
Les paroles du prédicateur doivent être mesurées, afin que le Seigneur, plus que son ministre, soit au centre de l’attention.
C’est pourquoi l’homélie doit être courte et ne pas prendre toute la place dans la célébration liturgique. « Un prédicateur peut être capable de retenir l’attention de ses auditeurs pendant une heure entière, mais dans ce cas, ses paroles deviennent plus importantes que la célébration de la foi », alertait le pape François dans Evangelii Gaudium. « Si l’homélie se prolonge trop longtemps, elle affectera deux éléments caractéristiques de la célébration liturgique : son équilibre et son rythme. Lorsque la prédication se déroule dans le cadre de la liturgie, elle fait partie de l’offrande faite au Père et d’une médiation de la grâce que le Christ répand au cours de la célébration. Ce contexte exige que la prédication guide l’assemblée et le prédicateur vers une communion avec le Christ dans l’Eucharistie qui change la vie. Cela signifie que les paroles du prédicateur doivent être mesurées, afin que le Seigneur, plus que son ministre, soit au centre de l’attention ».
Pour son 40e voyage, le Pape se rend en République démocratique du Congo (31 janvier-3 février 2023) et au sud Soudan (3-5 février 2023). Un voyage sous le signe de l’œcuménisme et la paix car il se rend accompagné de Justin Welby, l’archevêque de Canterbury, chef spirituel de l’Eglise d’Angleterre et du modérateur de l’assemblée générale de l’Eglise d’Ecosse, Iain Greenshields. Le Pape se rendra du 31 janvier au 3 février à Kinshasa (République Démocratique du Congo) et à Juba au Sud du Soudan du 3 au 5 février 2023. Ce voyage prévu initialement en juillet 2021 a été reporté sine die par le Vatican. Mgr Marcel Utembi Tapa, Archevêque de Kisangani et Président de la Cenco, conférence épiscopale nationale du Congo, en décembre 2022 conviait « tous les fidèles à porter ce grand rendez-vous ecclésial et national dans la prière ». La République Démocratique du Congo compte 90,7 millions d’habitants dont 40 % de catholiques et 40% protestants. La dernière visite d’un Pape remonte en mai 1985 (ex-Zaïre). Le pape Jean-Paul II s’était rendu à Kinshasa une première fois dans le pays le 2 mai 1980.
Un déplacement à haut risque
Au total, le pape François prononcera pas moins de douze discours à Kinshasa. Il rencontrera les autorités civiles, les déplacées internes, les représentants des œuvres caritatives ainsi que les jeunes.
Son déplacement à Goma, capitale du Nord-Kivu a été annulé pour des raisons de sécurité. L’est du pays est en proie depuis vingt à une succession de conflits de la part de différents groupes armés, responsables d’exactions contre les populations civiles.La région a été victime d’un attentat à la bombe dans une église pentecôtiste du nord-est (Kivu). Le Cardinal Pietro Parolin, secrétaire d’état de sa Sainteté, très ému par les dix morts, a déclaré le 17 janvier 2023 que : « Sa Sainteté le pape François a appris avec tristesse contre une église pentecôtiste à Kasindi qui a causé la mort d’innocents. Il exprime sa compassion et sa proximité à toutes les familles durement frappées par ce drame. Dans la prière, le Saint-Père confie les défunts et les blessés à la miséricorde de dieu. Il implore le christ, seigneur de la vie, afin que les personnes affligées trouvent consolation et confiance en Dieu, invoquant sur elles le don de la paix. »
Le conflit armé. C’est l’une des préoccupations du pape François. En janvier 2020, le Pape François avait reçu au Vatican le président de la République Démocratique congolaise, Félix Tshisekedi. Un rendez-vous dans lequel ils avaient évoqué le conflit armé et l’épidémie d’Ebola qui sévissait dans le pays. Ils avaient notamment souligné que : « l’urgence de la coordination et de la coopération, au niveau national et international, visant à protéger la dignité humaine et à promouvoir la cohabitation civile, à partir des nombreux réfugiés et déplacés qui affrontent une grave crise humanitaire ».
Deuxième étape au Soudan du sud
La deuxième partie du voyage à Juba, au Soudan du Sud sera sous le signe de l’œcuménisme. Il est présenté comme « un pèlerinage œcuménique de paix ». L’archevêque anglican, Justin Welby fait le déplacement avec Iain Greenshields, modérateur de l’assemblée générale de l’Eglise d’Écosse. Le Soudan du sud devient indépendant en juillet 2011. Depuis la sécession du pays, le Soudan du sud a une population majoritairement chrétienne.
Dans le conflit, le pape François a joué un rôle de médiateur. En avril 2019, il avait conduit une retraite spirituelle avec les principaux responsables du Sud Soudan, dont le président de la République, Salva Kiir Mayardit, ainsi que des membres de groupes d’opposition.
Depuis son élection en 2013, le Pape s’est rendu à de nombreuses reprises sur le continent africain : Ouganda, Centrafrique (2015), Égypte (avril 2017), Maroc (février 2019). Son dernier déplacement remonte 2019 en Mozambique, Madagascar et ile Maurice (septembre 2019).
« Œcuménisme du sang », cette belle formule du pape François pour désigner l’unité dans la persécution trouve une résonance particulière en cette semaine de prière pour l’unité des chrétiens : dans de nombreux pays du monde, les persécutions croissent. À quoi il serait possible d’ajouter un « œcuménisme du silence », tant ces persécutions se font souvent dans une indifférence totale, observe le géopoliticien Jean-Baptiste Noé.
En matière de bruit médiatique, le nombre ne fait pas toujours l’actualité. Dans de nombreux pays, les persécutions contre les chrétiens sont en augmentation, sans que cela ne suscite beaucoup de commentaires. Afrique, Asie, Amérique centrale, que les rapports émanent de l’Aide à l’Église en détresse (AED) ou de l’ONG protestante Portes ouvertes, les données sont sensiblement les mêmes : les persécutions augmentent et les chrétiens sont des victimes faciles. Le tout dans une relative indifférence.
Minorités opprimées
C’est lorsqu’ils sont minoritaires que les chrétiens risquent le plus la persécution. Cette minorité peut être ethnique (Afrique), sociale (Asie) ou politique (Amérique latine). Il peut s’agir de persécutions pour renforcer un pouvoir ou éliminer des opposants politiques (Nicaragua), pour réaliser l’unité du pays autour d’un parti unique (Inde, Chine), pour chasser des ethnies ou des peuples afin d’accaparer des terres (Nigeria, Somalie, Karabagh). Dans tous les cas, c’est bien une majorité qui opprime une minorité. Cette dernière n’a que peu de moyens pour faire face. Soit elle prend les armes pour défendre ses villes et ses terres, ce qui plonge le pays dans une guerre sans fin, comme au Burkina Faso et au Soudan, soit elle se range du côté du plus fort ou s’engage dans une nouvelle forme d’église du silence, comme en Chine. Partout, une issue positive est peu probable. Le plus fort gagne, surtout quand il peut allier la puissance de la force à celle du droit.
Certaines persécutions sont plus subtiles, sans être pour autant moins terribles. Ce sont celles qui ne manient pas l’épée et qui ne font pas couler le sang, mais qui se retranche derrière le droit, les tribunaux et les condamnations légales. Ces persécutions ont l’apparence de la légalité, elles donnent l’impression que l’État respecte le droit et que les lois protègent les personnes. En réalité, le droit est frelaté, les procès biaisés, les jugements écrits d’avance. On se souvient d’Asia Bibi au Pakistan, on pourrait ajouter les jeunes filles chrétiennes régulièrement enlevées au Sahel, pour lesquelles ni la police ni la justice ne cherchent à arrêter les coupables
Persécutions sans fin
Pourquoi un tel silence ? Une part de fatalité sans doute, notamment pour les conflits ethniques en Afrique qui sont des fractures anciennes du continent. Une part de soumission aussi. Que peut-on dire à la Chine et à l’Inde compte tenu de leur poids économique ? Une part d’indifférence également : qu’importe finalement ce qui peut se passer en Érythrée ou en Somalie ?
Ce sang qui coule à bas bruit n’est pas assez sonore pour remplir le tam-tam médiatique.
Le Saint-Siège peut bien dénoncer ou condamner ces persécutions, son poids pour les arrêter est somme toute minime. Ce sang qui coule à bas bruit n’est pas assez sonore pour remplir le tam-tam médiatique. On se souvient de l’emballement autour des Rohingyas, quand certains pays demandaient même une intervention militaire. On parle beaucoup, avec raison, du génocide arménien durant la Première Guerre mondiale, on parle beaucoup moins des massacres des Assyro-Chaldéens, qui eurent lieu au même moment, pour les mêmes raisons et dans les mêmes proportions. Pour qu’un massacre porte et qu’il soit entendu, il faut qu’il soit relayé. Soit par des diasporas présentes dans les pays occidentaux, soit par des ONG, qui ont des relais dans les pays qui comptent.
Il faut aussi que la dénonciation puisse être politiquement utile. L’attention autour des Rohingyas n’était pas dénuée d’arrière-pensée : cela permettait d’empêcher la Chine de se déployer en Birmanie et d’y bâtir un port. Si demain il faut faire passer un pipe-line dans une zone où des chrétiens sont persécutés, leur sort deviendra beaucoup plus intéressant à médiatiser. Dans un monde de plus en plus mondialisé, il y a bien un « œcuménisme du sang », mais il n’y a pas encore une mondialisation de la compassion et de l’attention pour les nombreuses minorités opprimées.
Un travail sans effort n’est pas un travail, mais un travail dont l’effort détruit et asservit, soutient la philosophe Jeanne Larghero, ne mérite pas le nom de travail humain.
La pénibilité du travail est en premier lieu une réalité physique, mais elle est aussi une réalité mentale : à la fatigue du corps propre à chaque métier s’ajoute la pression nerveuse, l’usure psychologique liées notamment à la nature sociale de tout travail. Toute activité supposant des objectifs et de la collaboration impose de ce fait des horaires à respecter, des méthodologies et hiérarchies à accepter et… des gens à supporter. Cette pénibilité est-elle irréductible, ou pourra-t-on au contraire un jour avoir tellement gommé les contraintes, tellement amélioré nos conditions de travail que celui-ci finirait par relever… du loisir ? Derrière cette question de la pénibilité, on voit évidemment se profiler un élément central des débats actuels divisant le monde politique, et l’opinion publique, réactivant au passage des logiques de lutte des classes.
Un effort de dépassement
Si l’espèce humaine travaille, c’est parce qu’elle est contrainte de transformer la nature pour l’adapter à ses besoins vitaux : les fruits spontanés de la terre sont insuffisants à nous nourrir tous, voilà pourquoi nous la cultivons. Par ailleurs les forces naturelles humaines paraissent dérisoires comparées à l’immensité des besoins : né sans griffes ou dents acérées, sans plumes ou fourrure, l’être humain est très démuni et constitue une proie facile pour le monde animal. Cet immense effort de dépassement de notre dénuement originel, effort individuel et collectif, a pour nom le travail. Par nature le travail est un effort, auquel notre humaine condition nous contraint. Rêver d’un travail dénué de tout effort, c’est rêver d’être un ange. Rêver d’une vie dépourvue d’effort, c’est aspirer à la condition divine telle que les religions grecques païennes l’imaginaient : les dieux ne travaillent pas, ne produisent pas leurs expédients, ils s’amusent ou se battent. Voilà pourquoi le citoyen grec délègue le travail manuel aux esclaves : les dieux eux-mêmes ne daignant pas travailler, le travail manuel est une activité indigne, et réciproquement.
Un effort qui libère
Dès lors effort et pénibilité sont à distinguer : par notre effort nous gagnons des forces nouvelles, nous développons notre esprit pratique, nos dispositions techniques, notre inventivité, nous renforçons notre volonté, notre capacité à aller au bout de nos projets. Qui dit travail dit effort. Et paradoxalement cet effort quoique contraignant nous libère : pour autant que nous est garanti le droit de bénéficier des fruits de notre travail, nous disposons alors de la sécurité qui permet de se projeter dans l’avenir, de se construire une vie. En un mot nous gagnons notre liberté et la savourons comme une victoire.
En revanche un travail dont la pénibilité anéantit la finalité même du travail qui est de mener les facultés humaines à leur accomplissement, un travail dont la pénibilité ruine les facultés mentales au lieu de les élever, détruit la force physique nécessaire au travail et à la vie elle-même, ne mérite plus le nom de travail : c’est un asservissement insensé ; sacrifier sa vie au travail est absurde. Car c’est bien le travail qui est fait pour l’homme et non l’homme pour le travail. C’est pourquoi une ligne de crête s’offre à nous : assumer et ne pas fuir l’effort inhérent au travail, identifier les pénibilités et ne pas les subir.
Par Anna Kurian – « La santé n’est pas un luxe ! », a affirmé le pape François devant les représentants de la Fédération nationale italienne des techniciens de santé de radiologie médicale et des professions techniques de la santé, de la réhabilitation et de la prévention, le 16 janvier. Il les a invités à pratiquer « la sympathie » plutôt qu’une « application froide des protocoles ». Durant l’audience, le Pape a salué l’ »engagement » et le « dévouement », « spécialement quand il sont cachés », des membres de cette fédération représentant quelque 160.000 professionnels. Évoquant « l’expérience très particulière, difficilement imaginable, de la pandémie », il a fait observer que « sans (leur) engagement et (leurs) peines, de nombreux malades n’auraient pas été soignés » et a rendu hommage à leur « sens du devoir animé de la force de l’amour », au risque de leur propre santé.
À l’approche de la Journée mondiale du malade (11 février), le Pape a appelé à lutter contre la « solitude » des personnes malades. Il a encouragé à « ne pas céder à une logique de rendement stérile ou à une application froide des protocoles ». « Les malades sont des personnes qui demandent d’être soignées et de se sentir soignées, et pour cela il est important de se mettre en relation avec eux avec humanité et sympathie », a-t-il déclaré. Le pontife argentin a aussi tenu à rappeler que les professionnels de la santé étaient également « des personnes ». « Vous avez besoin de quelqu’un qui prenne soin de vous, à travers la reconnaissance de votre service, la protection de conditions de travail adaptées et la participation d’un nombre approprié de soignants, afin que le droit à la santé soit reconnu à tous », a-t-il dit.
« La santé n’est pas un luxe ! », a alors répété le pontife de 86 ans, en avertissant : « Un monde qui met à l’écart les malades, qui n’aide pas celui qui n’a pas les moyens de se soigner, est cynique et n’a pas d’avenir. » En concluant, le Pape a insisté sur les « valeurs éthiques » de leurs professions. Valeurs qui, « unies à la connaissance scientifique et aux compétences, permettent d’accompagner les personnes (…) de la meilleure façon ».
Article tiré de La Lettre du Vatican,,,,,Un service exclusif de l’agence vaticane I.Media pour les membres Aleteia Premium
Ce dimanche, le Pape commente l’Évangile de Jean (Jn 1, 29-34). Immédiatement après avoir baptisé Jésus dans le Jourdain, Jean le Baptiste qui a accompli sa mission «sait s’effacer» sans attendre une quelconque récompense. Le Pape demande aux prêtres et aux fidèles de s’inspirer de son esprit de service.
Marie Duhamel – Cité du Vatican
‘L’homme qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était ». Tels sont les propos de Jean le Baptiste après avoir baptisé Jésus dans le Jourdain, rapporte l’Evangile du jour. «Cette déclaration révèle l’esprit de service de Jean», déclare le Pape ce dimanche 15 janvier depuis la fenêtre du palais apostolique.
De prophète à disciple
Envoyé pour préparer la venue du Messie, Jean a prêché au peuple, il a rassemblé des disciples et les a formés pendant longtemps. «Humainement parlant, on pourrait penser qu’il recevrait une « récompense », une place de choix dans la vie publique de Jésus. Mais non», souligne François. Une fois sa mission accomplie, Jean «se retire de la scène pour laisser la place à Jésus», ilsait «s’effacer» pour se mettre «humblement à l’écoute» de celui qu’il désigne comme étant ‘l’Agneau de Dieu, qui enlève le péché du monde’.
“«Jean met ses disciples sur les traces de Jésus. Il n’est pas intéressé par le fait d’avoir des adeptes, de gagner du prestige et du succès, mais il témoigne et ensuite se retire, afin que beaucoup puissent avoir la joie de rencontrer Jésus».”
Bien que ce soit difficile, Jean ne lie personne à lui-même, comme le fait «le véritable éducateur». Dans sa catéchèse, le Pape insiste sur cet esprit de service de Jean le Baptiste qui témoigne de la liberté par rapport aux attachements. Il est «naturel» de s’attacher aux rôles, aux positions, au besoin d’être estimé, reconnu et récompensé, mais souligne le Pape, «ce n’est pas une bonne chose car le service implique la gratuité, de s’occuper des autres sans bénéfice pour soi, sans arrière-pensée». François estime essentiel de savoir se mettre de côté, d‘«apprendre à prendre congé: J’ai fait cette mission, je m’écarte et je laisse la place au Seigneur».
Un exemple à suivre
François appelle chacun à suivre les traces de Jean en cultivant la vertu de s’effacer au moment opportun en témoignant que le point de référence dans la vie est Jésus. Cela vaut pour tous, dans de nombreux domaines – amitié, vie de couple en communauté, mais François évoque en particulier les prêtres appelés à prêcher «non par goût du protagonisme ou de l’intérêt, mais pour accompagner les autres vers Jésus», et les parents qui doivent laisser leurs enfants libres de suivre leur propre voie après les avoir élevés aux prix de tant de sacrifices. «Se libérer des attaches de son ego et savoir s’effacer à un prix, mais c’est très important: c’est le pas décisif pour grandir dans l’esprit de service», insiste-t-il.
Faire de la place au Seigneur et aux autres
Comme il le fait souvent, François interpelle enfin les fidèles afin qu’ils procèdent à un examen d’introspection: «Sommes-nous capables de faire de la place aux autres, de les écouter, de les laisser libres, de ne pas les lier à nous en prétendant une reconnaissance? Attirons-nous les autres vers Jésus ou vers nous-mêmes? Et encore, en suivant l’exemple de Jean: savons-nous nous réjouir du fait que les gens prennent leur propre chemin et suivent leur propre appel, même si cela implique un certain détachement par rapport à nous? Nous réjouissons-nous de leurs progrès, avec sincérité et sans jalousie?». Le Pape conclue sa catéchèse en demandant l’intercession de la Vierge Marie afin qu’elle aide chacun à être libres de tout attachement, à faire de la place au Seigneur et à faire de la place aux autres.
Chaque année, le principal temps fort œcuménique demeure la « Semaine de prière pour l’unité chrétienne » qui, depuis 1908, rassemble des chrétiens de toutes confessions du 18 au 25 janvier. Le thème de 2023 : « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice (Ésaïe 1,17). »
Ce sont les chrétiens du Minnesota (États-Unis) qui ont choisi le thème de la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens 2023 : « Apprenez à faire le bien, recherchez la justice (Ésaïe 1,17). »
Ésaïe exhorte le peuple de Dieu de son temps à apprendre à faire ensemble le bien, à rechercher ensemble la justice, à secourir ensemble les opprimés, à faire droit à l’orphelin et à prendre la défense de la veuve ensemble. Le défi lancé par le prophète nous concerne également aujourd’hui.
Comment pouvons-nous vivre notre unité en tant que chrétiens afin d’apporter une réponse aux maux et injustices de notre temps ? Comment pouvons-nous engager le dialogue, accroître la sensibilisation, la compréhension et notre intuition par rapport aux expériences vécues par les uns et les autres ?
Ces prières et ces rencontres du cœur ont le pouvoir de nous transformer – individuellement et collectivement. Soyons ouverts à la présence de Dieu dans toutes nos rencontres, alors que nous cherchons à nous transformer, à démanteler les structures sources d’oppression et à guérir les péchés du racisme. Ensemble, engageons-nous dans la lutte pour la justice dans notre société. Nous appartenons tous au Christ.
Un comité international – composé de représentants du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens (Rome) et de la commission Foi et Constitution du Conseil œcuménique des Eglises (Genève) – publie chaque année un document sur un thème préparé par un groupe interconfessionnel d’un pays. Il propose un thème biblique, un schéma de célébration œcuménique et des prières quotidiennes.
En France, la réalisation et la diffusion du matériel pédagogique (visuel et divers outils pour célébrer cette Semaine de prière, téléchargeables sur semainedepriere.unitedeschretiens.fr) sont réalisés conjointement par le Conseil d’Églises chrétiennes en France et l’Association Unité Chrétienne.
Prions pour que les éducateurs soient des témoins crédibles, en enseignant la fraternité plutôt que la compétition et en aidant tout particulièrement les jeunes les plus vulnérables.
Beau et vaste chantier que l’intention proposée par le pape ce mois-ci de prier pour les éducateurs. Ce seul mot traverse les réalités sociales et humaines. Il n’y a pas besoin d’être enseignant, professeur, éducateur spécialisé, parent pour se sentir concerné. Chacun dans son métier, son activité associative, ses loisirs, peut se trouver en position d’éducateur ; il transmet à d’autres une compétence, une sagesse, un encouragement, un émerveillement, une ouverture transcendante au beau, au bon, au bien qui stimule la vie autour de soi.
Pour le pape, l’éducateur est d’abord un témoin crédible qui a expérimenté en vérité ce qu’il transmet. Ainsi, il ne s’arrête pas aux compétences techniques nécessaires, il vise plus haut, un bien plus universel : comment une relation entretenue avec des gens, un objet, un art, toute activité intellectuelle ou manuelle, peut être source de fraternité, de joie partagée, de créativité. Les concours et les compétitions qui stimulent la performance, l’excellence, peuvent aussi être au service d’une estime mutuelle, s’ils ne sont pas dans la perspective essentielle de dominer ou d’humilier.
L’attention aux jeunes les plus vulnérables est donnée comme un repère pour vérifier la qualité de l’attitude éducative. L’éducateur peut chercher sa propre satisfaction en s’occupant des ‘meilleurs’, qui renverront une image gratifiante du travail accompli. Les plus faibles décodent cette attitude comme un rejet vis à vis d’eux. Que pourront-ils apporter à cette œuvre collective qui demande de la réciprocité ? Parfois, ce sera un simple sourire au milieu des épreuves. Cadeau admirable.
Le chantier est immense. Chacun, pourvu qu’il se connaisse un peu lui-même, sait les puissances ténébreuses qui peuvent l’habiter. Un mot dur, une attitude blessante sont si vite partis !
Par ailleurs, dans notre monde qui se laisse entraîner à promouvoir les valeurs individualistes, la tâche des éducateurs devient parfois impossible. Comment partager des valeurs collectives si chacun revendique les siennes propres ?
En priant pour les éducateurs, nous prions aussi pour nous-mêmes, pour qu’à notre place nous participions à ce beau travail au service du bien vivre ensemble.
Daniel Régent sj, directeur du Réseau Mondial de Prière du Pape en France
Le pape François affirme que l’Appel de Rome pour une éthique en intelligence artificielle (IA) « peut être un instrument utile pour un dialogue commun entre tout le monde afin de favoriser un développement humain des nouvelles technologies ». Les adhésions à cet Appel sont « un pas significatif pour promouvoir une anthropologie numérique basée sur trois éléments fondamentaux : l’éthique, l’éducation et le droit ».
C’est ce que le pape a dit en recevant ce mardi matin 10 janvier 2023 une délégation des participants à la conférence « Éthique en IA : un engagement abrahamique pour l’Appel de Rome » (AI Ethics: An Abrahamic commitment to the Rome Call). Organisée par l’Académie pontificale pour la vie et la Fondation RenAIssance, la conférence a eu lieu le 10 janvier au Vatican. Parmi les participants étaient : Mgr Vincenzo Paglia, président de l’Académie pontificale pour la vie et de la Fondation RenAIssance; le cheik Abdallah bin Bayyah, président du Forum pour la promotion de la paix dans les sociétés musulmanes; le rabbin Eliezer Simha Weisz, membre du conseil du Grand rabbinat d’Israël, ainsi que le président de Microsoft, Brad Smith, le vice-président d’IBM, Dario Gil, et le chef économiste de la FAO, Maximo Torero Cullen.
Dans son discours, le pape se réjouit du fait que les premiers signataires de l’Appel de Rome (en 2020) souhaitent « impliquer les autres grandes religions mondiales et les hommes et femmes de bonne volonté pour que « l’algor-éthique » – réflexion éthique sur l’usage des algorithmes – soit de plus en plus présente non seulement dans le débat public, mais aussi dans le développement de solutions techniques ». En effet, « chaque personne doit pouvoir bénéficier d’un développement humain et solidaire, sans que personne n’en soit exclu », affirme le pape.
Après la première signature en 2020, note-t-il, « l’événement d’aujourd’hui voit également l’implication des délégations juives et islamiques, qui regardent la soi-disant intelligence artificielle avec un regard inspiré par les paroles de l’encyclique Fratelli tutti ». « La fraternité entre tous est la condition préalable pour que le développement technologique soit aussi au service de la justice et de la paix dans le monde. »
Le pape rappelle également que « dans la rencontre de différentes visions du monde, les droits de l’homme représentent un important point de convergence dans la recherche d’un terrain d’entente ». En citant son discours à l’Assemblée plénière de l’Académie pontificale pour la vie (le 28 février 2020), le pape souligne qu’à l’heure actuelle, « une réflexion renouvelée sur les droits et devoirs dans ce domaine semble nécessaire ». « L’ampleur et l’accélération des transformations de l’ère numérique ont en effet soulevé des problèmes et des situations imprévus qui défient notre éthique individuelle et collective », note le pape François.
En concluant, le pape exprime son « soutien » aux signataires de l’Appel et les « invite à poursuivre la recherche des voies qui conduiront à une implication toujours plus grande de tous ceux qui ont à cœur le bien de la famille humaine ».