«…malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré!» (PVerkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu26, 14-25

En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer.

Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque.

Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! »

— Acclamons la Parole de Dieu.

«…malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré!»

Dans la vie, il y a plusieurs types de trahisons Aucune n’est bonne. C’est la fidélité qui mérite d’être rechercher. Dans le cas de la passion de Jésus, il est livré par Judas, renié par Pierre, abandonné par tous ses disciples. Dans la vie spirituelle nous pouvons nous retrouver dans l’un ou l’autre de ces trois cas. Pierre revient et pleure en reconnaissant sa lâcheté de n’avoir pas affiché son appartenance au Christ. Dans une société de plus en plus déchristianisée , nous pouvons aussi céder à une telle tentation, mais attention. Nous sommes aujourd’hui plus que jamais appelés à témoigner pour Jésus ouvertement. En dehors des mauvaises réflexions, que craignons-nous au fait pour ne plus afficher clairement notre identité chrétienne?
Le gros lot des disciples s’est simplement dispersé mais rien ne prouve qu’ils ne feraient pas comme Pierre s’ils avaient été questionnés par les soldats ou les grands prêtres. Ils sont tous revenus plus tard. Ce temps de carême qui s’achève bientôt nous appelle à cela: le retour à Dieu de tout notre cœur . A l’opposé de Judas ne préférons pas l’amour de l’argent et les plaisirs de ce monde à l’amour infini de Dieu.

L’onction à Béthanie

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean12, 1-11

Six jours avant la Pâque, Jésus vint à Béthanie où habitait Lazare, qu’il avait réveillé d’entre les morts. On donna un repas en l’honneur de Jésus. Marthe faisait le service, Lazare était parmi les convives avec Jésus.

Or, Marie avait pris une livre d’un parfum très pur et de très grande valeur ; elle répandit le parfum sur les pieds de Jésus, qu’elle essuya avec ses cheveux ; la maison fut remplie de l’odeur du parfum. Judas Iscariote, l’un de ses disciples, celui qui allait le livrer, dit alors : « Pourquoi n’a-t-on pas vendu ce parfum pour trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données à des pauvres ? » Il parla ainsi, non par souci des pauvres, mais parce que c’était un voleur : comme il tenait la bourse commune, il prenait ce que l’on y mettait. Jésus lui dit : « Laisse-la observer cet usage en vue du jour de mon ensevelissement ! Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, mais moi, vous ne m’aurez pas toujours. »

Or, une grande foule de Juifs apprit que Jésus était là, et ils arrivèrent, non seulement à cause de Jésus, mais aussi pour voir ce Lazare qu’il avait réveillé d’entre les morts. Les grands prêtres décidèrent alors de tuer aussi Lazare, parce que beaucoup de Juifs, à cause de lui, s’en allaient, et croyaient en Jésus.

— Acclamons la Parole de Dieu.

Méditer avec les carmes

Marie de Béthanie apparaît dans l’Évangile comme une femme extraordinairement intuitive; et sans doute beaucoup de ses amis la jugeaient-ils, à certaines heures, étrange et imprévisible.


Les jours de presse à la cuisine, on la trouvait assise aux pieds du Seigneur; et ce jour-là, six jours avant la Pâque, alors que tous fêtaient Lazare revenu de la mort, Marie a été la seule à deviner ce que Jésus avait dans le cœur. Son frère reprenait goût à la vie; mais Jésus, lui, allait goûter la mort.


Marie ne faisait pas exprès de réagir autrement que les autres ; elle ne cherchait pas à se singulariser. Simplement, c’était une femme qui, en chaque occasion, rejoignait l’essentiel, et posait les gestes que son cœur lui dictait ; non pour braver les autres ou leur faire des reproches, mais par une sorte de nécessité intérieure, qui était la force même de son amour.


Et ses choix, les choix de son amour, lui attiraient des reproches, qui auraient pu la paralyser. Un jour Marthe lui avait dit : « Tu me laisses travailler seule ! ». Plus exactement, elle chargeait Jésus de le lui dire.
Et ce jour-là aussi, six jours avant la Pâque, que n’a-t-elle pas entendu: « Regardez-moi ce gaspillage ! Il fallait faire des sous avec ce parfum, au lieu de le gâcher ainsi ! Et les pauvres, y a-t-elle seulement pensé ? Et d’ailleurs, où se croit-elle ? Qu’est-ce que cette comédie ? Veut-elle accaparer le Seigneur pour elle toute seule ? Et de toute façon, ce ne sont pas des choses à faire ! »


Jésus, lui, a toujours pris la défense de Marie de Béthanie, car il voyait en elle, non pas une paresseuse ou une excentrique, mais une femme capable de tous les courages pour suivre jusqu’au bout les certitudes de son cœur, une croyante prompte à s’oublier pour entrer dans les désirs de son Seigneur et dans le mystère du plan de Dieu. Jésus allait vers la mort, et tous ces gens ne pensaient qu’à la fête! Gentiment, amicalement, certes, mais ils passaient à côté de l’essentiel. Marie a voulu dire à Jésus ce qu’elle entrevoyait, ce qu’elle pressentait du mystère de Dieu qui traversait sa vie de prophète; mais comme ces choses-là sont au-delà de toute parole, Marie les a dites avec son parfum et ses cheveux, avec son gaspillage définitif, avec son geste démesuré et un peu fou, qui la rendait si heureuse.


« Laisse-la », dit Jésus à Judas : elle a gardé ce parfum pour ma sépulture. « Laisse-la »: elle a su entrer, par amour, dans le mystère de ma mort. « Laisse-la »: c’est un geste qui la dépasse elle-même. Déjà toute la maison est remplie de son parfum, et partout où sera proclamé cet évangile, dans le monde entier, on racontera aussi, en souvenir d’elle, ce qu’elle a fait (Mt 26, 13; Mc 14, 9). Ce qu’elle a fait lui a semblé tout simple; et c’était ce jour-là « l’unique chose nécessaire ». Elle a fait ce jour-là ce qu’elle essayait de faire à chaque rencontre: ne pas manquer le moment de Jésus.

Frère Jean, o.c.d.

Tableau de AERTSEN, Pieter « Christ in the House of Martha and Mary »

Afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés (PVerkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 11, 45-57

En ce temps-là, quand Lazare fut sorti du tombeau, beaucoup de Juifs, qui étaient venus auprès de Marie et avaient donc vu ce que Jésus avait fait, crurent en lui. Mais quelques-uns allèrent trouver les pharisiens pour leur raconter ce qu’il avait fait. Les grands prêtres et les pharisiens réunirent donc le Conseil suprême ; ils disaient : « Qu’allons-nous faire ? Cet homme accomplit un grand nombre de signes. Si nous le laissons faire, tout le monde va croire en lui, et les Romains viendront détruire notre Lieu saint et notre nation. » Alors, l’un d’entre eux, Caïphe, qui était grand prêtre cette année-là, leur dit : « Vous n’y comprenez rien ; vous ne voyez pas quel est votre intérêt : il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas. » Ce qu’il disait là ne venait pas de lui-même ; mais, étant grand prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus allait mourir pour la nation ; et ce n’était pas seulement pour la nation, c’était afin de rassembler dans l’unité les enfants de Dieu dispersés.

À partir de ce jour-là, ils décidèrent de le tuer. C’est pourquoi Jésus ne se déplaçait plus ouvertement parmi les Juifs ; il partit pour la région proche du désert, dans la ville d’Éphraïm où il séjourna avec ses disciples. Or, la Pâque juive était proche, et beaucoup montèrent de la campagne à Jérusalem pour se purifier avant la Pâque. Ils cherchaient Jésus et, dans le Temple, ils se disaient entre eux : « Qu’en pensez-vous ? Il ne viendra sûrement pas à la fête ! » Les grands prêtres et les pharisiens avaient donné des ordres : quiconque saurait où il était devait le dénoncer, pour qu’on puisse l’arrêter.

— Acclamons la Parole de Dieu.

«…il vaut mieux qu’un seul homme meure pour le peuple, et que l’ensemble de la nation ne périsse pas.»

Une belle prophétie de Caïphe qui rejoint le plan d’amour de Dieu: Jésus accepte la mort. Jésus donne sa vie. C’est clair qu’il pouvait échapper à cette mort mais s’il ne l’acceptait pas nous ne serions pas sauvés. Cela ne veut pas dire que Dieu prend plaisir à la mort de Jésus pour se faire Justice. C’est le Christ qui offre sa vie. Voir dans la mort du Christ plutôt un acte d’amour qu’une barbarie humaine même si elle est en une. Nous disons dans la foi que Dieu écrit droit sur des lignes courbes. «Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime» a dit Jésus. Il l’a fait pour moi, pour nous. Jusqu’où sommes-nous prêts à aller dans l’amour pour Dieu et pour les autres?

« J’ai dit : Vous êtes des dieux » (PVerkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 10, 31-42

En ce temps-là, de nouveau, des Juifs prirent des pierres pour lapider Jésus. Celui-ci reprit la parole : « J’ai multiplié sous vos yeux les œuvres bonnes qui viennent du Père. Pour laquelle de ces œuvres voulez-vous me lapider ? » Ils lui répondirent : « Ce n’est pas pour une œuvre bonne que nous voulons te lapider, mais c’est pour un blasphème : tu n’es qu’un homme, et tu te fais Dieu. » Jésus leur répliqua : « N’est-il pas écrit dans votre Loi : J’ai dit : Vous êtes des dieux ? Elle les appelle donc des dieux, ceux à qui la parole de Dieu s’adressait, et l’Écriture ne peut pas être abolie. Or, celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde, vous lui dites : “Tu blasphèmes”, parce que j’ai dit : “Je suis le Fils de Dieu.” Si je ne fais pas les œuvres de mon Père, continuez à ne pas me croire. Mais si je les fais, même si vous ne me croyez pas, croyez les œuvres. Ainsi vous reconnaîtrez, et de plus en plus, que le Père est en moi, et moi dans le Père. » Eux cherchaient de nouveau à l’arrêter, mais il échappa à leurs mains.

Il repartit de l’autre côté du Jourdain, à l’endroit où, au début, Jean baptisait ; et il y demeura. Beaucoup vinrent à lui en déclarant : « Jean n’a pas accompli de signe ; mais tout ce que Jean a dit de celui-ci était vrai. » Et là, beaucoup crurent en lui.

— Acclamons la Parole de Dieu.

J’ai dit : Vous êtes des dieux

Dans sa réponse à ceux qui veulent le lapider, Jésus fait passer un enseignement très profond sur sa personne et sa mission.
« Toi qui n’es qu’un homme, tu te fais Dieu » : tel est le reproche que l’on fait à Jésus, un reproche de blasphème. Jésus répond en citant cette parole de Dieu dans l’Écriture : « J’ai dit : Vous êtes des dieux ! »
Dans le psaume cité (Ps 82, 6), Dieu s’adresse aux mauvais juges, pour leur rappeler qu’ils sont des êtres fragiles : « Moi, j’avais dit : Vous êtes des dieux, des fils du Très-Haut, vous tous. Mais non ! Comme tout homme vous mourrez ! ».
Pourquoi les juges sont-ils comparés à des fils du Très-Haut ? Parce que leur fonction, en fait, est une fonction divine (Ex 21, 6 ; 22, 9 ; Dt 1, 17 ; 19, 17) et que le jugement appartient à Dieu seul. On comprend dès lors la réponse et le raisonnement de Jésus : si déjà on appelle des juges « fils du Très-Haut » parce que leur sentence transmet en quelque sorte une parole de Dieu, à plus forte raison Jésus mérite-t-il le titre de Fils de Dieu, puisqu’il est lui-même toute la parole de Dieu !


On ne peut abolir les Écritures, insiste Jésus. Cette parole du psaume doit trouver son accomplissement ;et justement, c’est lui qui l’accomplit, lui, le juge suprême, lui, l’Envoyé de Dieu. Jésus ajoute : « Je suis celui que le Père a consacré« ; et cette parole prend tout son sens dans le cadre de la Dédicace, fête qu’on célébrait alors à Jérusalem.


L’évangile de Jean (ch. 5-10) présente successivement le sabbat et toutes les grandes fêtes du Temple, soulignant à chaque fois l’accomplissement apporté par Jésus.


À propos de l’aveugle-né et du sabbat (ch. 5), Jésus se défendait en disant : Je fais simplement, en tant que Fils, ce que le Père lui-même continue de faire le jour du sabbat : donner la vie et juger ceux qui retournent à lui.


Dans le cadre de la Pâque (ch. 6), Jésus a remplacé la manne de l’Exode en multipliant les pains, lui, le pain vivant venu du ciel.


À la fête des Huttes (ch. 7), où avaient lieu les rites du puisage de l’eau a Gihôn et l’illumination des parvis du Temple, Jésus s’est présenté solennellement comme la source de l’eau vive et la lumière du monde. Et maintenant, lors de la fête de la Dédicace (ch. 10), où l’on célébrait la consécration de tous les temples qui s’étaient succédé à Jérusalem, Jésus proclame qu’il est lui-même celui que le Père a consacré comme le nouveau Temple (1, 14) et comme le Saint de Dieu (6, 69).


À nous aussi la parole de Dieu a été adressée, et nous aussi sommes fils et filles du Très-haut. À quelques jours du grand anniversaire du passage pascal de Jésus à son Père, nous comprenons toute la force de la parole de saint Jean : « Voyez quel grand amour le Père nous a montré : que nous soyons appelés enfants de Dieu, et nous le sommes » (1 Jn 3, 1).


Nous le sommes, et nous savons à qui nous le devons : nous sommes fils dans le Fils, filles dans le Fils, et c’est vers le Fils que nous nous tournons dans la foi, pour lui dire, au cœur de cette Eucharistie : « Oui, Seigneur, tu es celui que Dieu a consacré et envoyé dans le monde ; tu fais encore aujourd’hui les œuvres du Père ; tu es dans le Père et le Père est en toi ; tu es le Fils de Dieu ».

Frère Jean, o.c.d.

«…si quelqu’un garde ma parole, jamais il ne verra la mort.» (P. Verkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean8, 51-59

En ce temps-là, Jésus disait aux Juifs : « Amen, amen, je vous le dis : si quelqu’un garde ma parole, jamais il ne verra la mort. » Les Juifs lui dirent : « Maintenant nous savons bien que tu as un démon. Abraham est mort, les prophètes aussi, et toi, tu dis : “Si quelqu’un garde ma parole, il ne connaîtra jamais la mort.” Es-tu donc plus grand que notre père Abraham ? Il est mort, et les prophètes aussi sont morts. Pour qui te prends-tu ? » Jésus répondit : « Si je me glorifie moi-même, ma gloire n’est rien ; c’est mon Père qui me glorifie, lui dont vous dites : “Il est notre Dieu”, alors que vous ne le connaissez pas. Moi, je le connais et, si je dis que je ne le connais pas, je serai comme vous, un menteur. Mais je le connais, et sa parole, je la garde. Abraham votre père a exulté, sachant qu’il verrait mon Jour. Il l’a vu, et il s’est réjoui. » Les Juifs lui dirent alors : « Toi qui n’as pas encore cinquante ans, tu as vu Abraham ! » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : avant qu’Abraham fût, moi, Je suis. » Alors ils ramassèrent des pierres pour les lui jeter. Mais Jésus, en se cachant, sortit du Temple.

— Acclamons la Parole de Dieu.

«…si quelqu’un garde ma parole, jamais il ne verra la mort.»

Si les Juifs au temps de Jésus sont choqués d’entendre ses propos peut-être que nous aussi nous en sommes là aujourd’hui. Nous avons vu des parents, des amis ou des gens partir de l’autre côté de la rive parfois de façon tragique et brutale et parfois tout doucement avec sérénité. Jésus même est mort le vendredi-saint. Nous voyons beaucoup d’autres choses qui meurent autour de nous et dans le monde. Nous pouvons même penser à notre Église dont certains prédisent la mort certaine mettant en doute les paroles de Jésus sur son Église: «Les puissances de la mort ne prévaudront jamais contre elle» Mt 16,18.
La mort dont parle Jésus est la mort éternelle: «Celui qui croit en moi fût-il mort vivra» Jn 11, 25. C’est en cette vie éternelle que nous croyons et c’est elle que nous recherchons à la suite du Christ. Nous ne le suivons pas seulement pour cette vie, pour qu’il nous accompagne tous les jours. Si c’est pour cette vie seulement, comme dit saint Paul, nous sommes les plus à plaindre.
En ces jours où nous nous préparons pour Pâques renouvelons notre espérance en la résurrection des morts et en notre propre résurrection.

Extrait d’un tableau de Pinturicchio

« Si le Fils vous rend libres, réellement vous serez libres » (P.Verkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 8, 31-42

En ce temps-là, Jésus disait à ceux des Juifs qui croyaient en lui : « Si vous demeurez fidèles à ma parole, vous êtes vraiment mes disciples ; alors vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous rendra libres. » Ils lui répliquèrent : « Nous sommes la descendance d’Abraham, et nous n’avons jamais été les esclaves de personne. Comment peux-tu dire : “Vous deviendrez libres” ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : qui commet le péché est esclave du péché. L’esclave ne demeure pas pour toujours dans la maison ; le fils, lui, y demeure pour toujours. Si donc le Fils vous rend libres, réellement vous serez libres. Je sais bien que vous êtes la descendance d’Abraham, et pourtant vous cherchez à me tuer, parce que ma parole ne trouve pas sa place en vous. Je dis ce que moi, j’ai vu auprès de mon Père, et vous aussi, vous faites ce que vous avez entendu chez votre père. » Ils lui répliquèrent : « Notre père, c’est Abraham. » Jésus leur dit : « Si vous étiez les enfants d’Abraham, vous feriez les œuvres d’Abraham. Mais maintenant, vous cherchez à me tuer, moi, un homme qui vous ai dit la vérité que j’ai entendue de Dieu. Cela, Abraham ne l’a pas fait. Vous, vous faites les œuvres de votre père. » Ils lui dirent : « Nous ne sommes pas nés de la prostitution ! Nous n’avons qu’un seul Père : c’est Dieu. » Jésus leur dit : « Si Dieu était votre Père, vous m’aimeriez, car moi, c’est de Dieu que je suis sorti et que je viens. Je ne suis pas venu de moi-même ; c’est lui qui m’a envoyé. »

– Acclamons la Parole de Dieu.

Si vous demeurez dans ma parole

La longue montée vers Pâques nous a permis, une fois de plus, de repérer nos esclavages intérieurs et nos aliénations, et de les amener à la lumière de Jésus : esclavage du temps mal dominé, esclavage des choses mal possédées, esclavage des désirs, des craintes et des tristesses, esclavage des idoles, œuvres de nos mains, de notre esprit, ou images de notre cœur. Et nous voilà devant Dieu avec notre soif de liberté, avivée par tant d’années de lutte et d’échecs. Or Dieu nous répond par la voix de son Fils : « C’est la vérité qui fera de vous des êtres libres ». Être libre, de la liberté des fils de Dieu, cela suppose donc une rencontre de la vérité, une expérience vécue de la vérité.


Mais qu’est-ce que la vérité?


D’instinct, nous pensons à notre vérité, à cette existence authentique que nous cherchons à travers joies et souffrances ; nous évoquons cette transparence à nous-mêmes et aux autres, si difficile à réaliser. Et nous faisons fausse route, car la vérité, pour Jésus, c’est avant tout la réalité de Dieu, de ce Dieu qui est stable, fidèle, vivant et source de vie; la vérité, c’est aussi ce que Dieu dévoile de lui-même et que lui seul peut révéler. Or le dévoilement de la réalité inouïe de Dieu se fait en Jésus-Christ. Jésus est pour nous, tout à la fois, dévoilement de la vérité de Dieu et ouverture de la vie de Dieu qui veut être partagée. Jésus manifeste la réalité de Dieu et il communique sa vie. Il montre et il donne; il est chemin et vie. Il est pour nous signe et moyen de salut : le grand sacrement de Dieu.

Dès lors, connaître la vérité, rencontrer la vérité, c’est rencontrer Jésus, Fils de Dieu, « en qui habite corporellement toute la plénitude divine » (Col 2, 9), « en qui se trouvent, cachés, tous les trésors de la sagesse et de la science » (Col 2,3).


Rien d’autre ne peut nous apporter la libération; rien d’autre, ni personne, ne nous mènera à la liberté des enfants de Dieu. Mais si le Fils lui-même nous affranchit, alors nous serons vraiment libres pour aimer et servir.


Notre liberté passe par la sienne; notre vérité personnelle nous sera dévoilée, au rythme voulu par l’Esprit Saint, mais toujours dans une rencontre avec le Christ, vérité de Dieu pour le monde. La grande affaire pour nous, l’unique nécessaire, c’est donc de devenir vraiment ses disciples, des hommes et des femmes qui guettent ses paroles, ses réactions, ses habitudes, qui se passionnent pour sa pensée, et qui lui font une confiance éperdue, sachant bien qu’une seule parole de lui aujourd’hui peut nous vivifier jusqu’au-delà de la mort.
C’est cela, sans doute, « demeurer dans sa parole ».

Frère Jean, o.c.d.

Laissons Dieu prendre le contrôle de notre vie (P.Verkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu

Jacob engendra Joseph, l’époux de Marie, de laquelle fut engendré Jésus, que l’on appelle Christ.

Or, voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés. »

Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit.

— Acclamons la Parole de Dieu.

Laissons Dieu prendre le contrôle de notre vie

Celui que nous fêtons aujourd’hui, homme de silence, Joseph accepte le plan de Dieu dans sa vie. Certes il ne comprenait pas sur le coup ce qui lui arrivait mais dans le silence et avec le temps il va comprendre. Il rentre ainsi dans le projet de Dieu pour l’humanité. Il peut nous arriver nous aussi dans notre vie de foi de ne pas comprendre ce que Dieu nous veut mais l’essentiel est de prendre le temps de cheminer et de méditer. Dans une société où l’on bavarde sur tout, il est important en tant que chrétien d’apprendre à garder le silence et à méditer . Le temps est maître de l’histoire. Sur le champ on ne comprend pas tout mais avec le temps et le recul ça s’éclaircit doucement. Joseph est aussi l’homme de l’obéissance. Encore un mot qui ne plaît pas à nos contemporains. Obéir à qui? A Dieu! c’est lui le véritable Maître, de qui tout dépend et qui veut notre bonheur. Obéir à Dieu c’est se laisser guider par sa parole et ses lois. Cette Parole, la lisons-nous? Et ses Lois les connaissons-nous?

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 8, 1-11

En ce temps-là, Jésus s’en alla au mont des Oliviers. Dès l’aurore, il retourna au Temple. Comme tout le peuple venait à lui, il s’assit et se mit à enseigner. Les scribes et les pharisiens lui amènent une femme qu’on avait surprise en situation d’adultère. Ils la mettent au milieu, et disent à Jésus : « Maître, cette femme a été surprise en flagrant délit d’adultère. Or, dans la Loi, Moïse nous a ordonné de lapider ces femmes-là. Et toi, que dis-tu ? » Ils parlaient ainsi pour le mettre à l’épreuve, afin de pouvoir l’accuser. Mais Jésus s’était baissé et, du doigt, il écrivait sur la terre. Comme on persistait à l’interroger, il se redressa et leur dit : « Celui d’entre vous qui est sans péché, qu’il soit le premier à lui jeter une pierre. » Il se baissa de nouveau et il écrivait sur la terre. Eux, après avoir entendu cela, s’en allaient un par un, en commençant par les plus âgés. Jésus resta seul avec la femme toujours là au milieu. Il se redressa et lui demanda : « Femme, où sont-ils donc ? Personne ne t’a condamnée ? » Elle répondit : « Personne, Seigneur. » Et Jésus lui dit : « Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus. »

— Acclamons la Parole de Dieu.

«Moi non plus, je ne te condamne pas. Va, et désormais ne pèche plus.»

Jésus révèle le visage miséricordieux du Père dans cet épisode. Mais il appelle à la conversion. Le châtiment de nos péchés n’est pas ce qui est mis au premier plan par Dieu . Ce qui caractérise Dieu en face du péché c’est d’abord sa tendresse qui est prête à donner le pardon en espérant que cela puisse aider le pécheur à se convertir. Jésus appelle la femme adultère à la conversion. Malheureusement nous insistons beaucoup sur la miséricorde divine au détriment de l’urgence de la conversion. Il y a dans nos communautés cette opinion ou vision que Dieu pardonnera tout même si on ne se convertit pas. C’est grave et très grave de nous complaire ou de laisser les gens se complaire dans leur péché par notre enseignement ou notre relativisme. La conversion est une urgence du royaume. Comme dit Jésus en parlant de ceux qui sont tués par la chute de la tour de Siloé: «Si vous ne vous convertissez pas vous périrez tous comme eux» Cf Luc 13,4

Image : Tombes au Mont des Oliviers

Père, glorifie ton nom !

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean12, 20-33

En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus. Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera.

« Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? “Père, sauve-moi de cette heure” ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! » Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.

— Acclamons la Parole de Dieu.

Père, glorifie ton nom !

Dieu le Père est glorifié en son Fils Jésus. Cette glorification du Fils passe par son offrande sur la croix. C’est là que se révèle l’amour de Dieu pour nous. La splendeur de Dieu se dévoile dans l’amour puisque son essence même est amour. S’il un a un nom par lequel il faut désigner Dieu c’est AMOUR. «Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle.» Le Christ accepte de mourir. Sa vie nul ne la prend mais c’est lui qui la donne. L’homme n’est beau que quand il aime. La splendeur de l’être se révèle dans l’amour. La grandeur de la beauté éternelle de Dieu se révèle totalement dans le don de son Fils sur la croix. C’est l’amour qui donne du fruit. Jésus ayant donné sa vie, Dieu le Père va le ressusciter dans la force de l’Esprit Saint. Le fruit de cette mort c’est nous aujourd’hui et tous les croyants d’hier et de demain promis à la résurrection. Rien ne restera de nous si nous ne nous donnons pas à Dieu en offrande pour le monde. Sortons de notre égoïsme ou de notre accaparement pour nous-mêmes. Le Christ est allé jusqu’au bout du don et le prince de ce monde, satan ne peut plus rien contre ceux que Dieu a choisis, ceux qui s’accrochent au Christ, les sauvés.

Est-ce de Galilée que vient le Christ ? (P. Verkys)

Évangile de Jésus Christ selon saint Jean 7, 40-53

En ce temps-là, Jésus enseignait au temple de Jérusalem. Dans la foule, on avait entendu ses paroles, et les uns disaient : « C’est vraiment lui, le Prophète annoncé ! » D’autres disaient : « C’est lui le Christ ! » Mais d’autres encore demandaient : « Le Christ peut-il venir de Galilée ? L’Écriture ne dit-elle pas que c’est de la descendance de David et de Bethléem, le village de David, que vient le Christ ? » C’est ainsi que la foule se divisa à cause de lui. Quelques-uns d’entre eux voulaient l’arrêter, mais personne ne mit la main sur lui. Les gardes revinrent auprès des grands prêtres et des pharisiens, qui leur demandèrent : « Pourquoi ne l’avez-vous pas amené ? » Les gardes répondirent : « Jamais un homme n’a parlé de la sorte ! » Les pharisiens leur répliquèrent : « Alors, vous aussi, vous vous êtes laissé égarer ? Parmi les chefs du peuple et les pharisiens, y en a-t-il un seul qui ait cru en lui ? Quant à cette foule qui ne sait rien de la Loi, ce sont des maudits ! »

Nicodème, l’un d’entre eux, celui qui était allé précédemment trouver Jésus, leur dit : « Notre Loi permet-elle de juger un homme sans l’entendre d’abord pour savoir ce qu’il a fait ? » Ils lui répondirent : « Serais-tu, toi aussi, de Galilée ? Cherche bien, et tu verras que jamais aucun prophète ne surgit de Galilée ! » Puis ils s’en allèrent chacun chez soi.

— Acclamons la Parole de Dieu.

« Jamais un homme n’a parlé de la sorte ! »

L’étau de la haine se resserre autour de Jésus. Et pendant que certains tergiversent, d’autre agissent : les Pharisiens ont envoyé des gardes pour arrêter Jésus. Mais les gardes reviennent. Courageux, ils ont préféré ne pas obéir jusqu’au bout plutôt que de marcher sur leur conscience, plutôt que de trahir l’admiration, le respect, le saisissement qu’ils ont éprouvés devant Jésus : «Jamais homme n’a parlé comme parle cet homme!» Les gardes sont venus à Jésus, sur ordre, mais ils l’ont entendu, ils ont bu ses paroles, et maintenant ils ont soif.


Il nous arrive peut-être dans certaines situations de trahir nos convictions face à l’évangile vu le nombre des détracteurs parmi lesquels nous sommes pour bien paraître ou simplement nous nous taisons. C’est de la trahison. Il est toujours important de dire ce que nous croyons malgré les avis contraires. Les détracteurs n’ont peur dire ce qu’ils veulent. Et toi qui détiens la vérité, tu te tais? Rien n’arrêtera la haine des Pharisiens qui ont décidé la liquidation de Jésus, même pas le courage et la loyauté de Nicodème, qui les ramène pourtant aux principes élémentaires du droit en Israël : «On ne condamne pas un homme sans l’avoir entendu!». Jésus, comme un agneau très conscient, se laisse emmener au supplice. Non parce qu’il aimait la souffrance, non pas pour mettre la souffrance au centre de la perspective spirituelle, mais pour aller, même à travers la souffrance, jusqu’à l’extrême de l’amour. Jésus est allé jusqu’au bout de son amour. Allons jusqu’au bout de notre foi.