Le 10 mai, le message du Pape François pour la IIe Journée Mondiale des Grands-parents et des Personnes Agées, qui a pour thème « ils portent encore des fruits dans la vieillesse » (Ps 92, 15) a été présenté. Le Saint-Père s’adresse à ceux de sa génération pour leur rappeler que les personnes âgées ont une mission importante : être « artisan de la révolution de la tendresse » et « libérer ensemble le monde de l’ombre de la solitude et du démon de la guerre ». Le Pape leur invite également à découvrir cette période comme «le don d’une longue vie. »
Cette Journée, qui a été instituée en 2021, est célébrée tous les ans dans toute l’Eglise le 4e dimanche de juillet, à proximité de la fête de Saint Joachim et de Sainte Anne, les grands-parents de Jésus. Cette année, elle aura lieu le 24 juillet.
Dans son message, le Pape François ne cache pas les difficultés que comporte la vieillesse, aussi bien dans la vie personnelle que sociale. Cependant, il invite les personnes âgées à « continuer à espérer » et souligne qu’une longue vie est un cadeau pour toute la société : « Bénie soit la maison qui garde une personne âgée ! Bénie soit la famille qui honore ses grands-parents ! » Dans un monde déchiré par la violence de la guerre qu’il faut « un changement profond, d’une conversion qui démilitarise les cœurs en permettant à chacun de reconnaître en l’autre un frère. » Pour cette raison, le Pape nous rappelle que le témoignage des personnes âgées est pertinent et significatif, et leur invite à « maîtres d’une manière de vivre pacifique et attentif aux plus faibles. » Cette mission commence dans sa propre famille, sans pour autant s’y arrêter, et inclut « ces nombreux petits-enfants effrayés que nous ne connaissons pas encore et qui, peut-être, fuient la guerre ou souffrent à cause d’elle » en Ukraine, en Afghanistan, au Sud-Soudan ou dans d’autres parties du monde.
Le Saint-Père invite les grands-parents et les personnes âgées à continuer à porter du fruit et leur propose de vivre de manière particulière la dimension de la prière. La prière – souligne François – est « l’instrument le plus précieux que nous avons, et qui est le plus approprié à notre âge. » Une « invocation confiante peut faire beaucoup : elle peut accompagner le cri de douleur de celui qui souffre et elle peut contribuer à changer les cœurs. »
Le nombre de personne ayant plus de 65 ans augmente à un rythme exponentiel dans le monde. Durant les 60 dernières années, le nombre de personnes dans cette tranche d’âge a quadruplé. En 2019, dans le monde, une personne sur 11 était âgée de plus de 65 ans ; on estime que dans 30 ans, le rapport sera de une personne sur 6. En plus, depuis quatre ans, pour la première fois dans l’histoire, les personnes de plus de 65 ans sont plus nombreuses que les enfants de moins de cinq ans. Le vieillissement de la population touche principalement les pays les plus développés. Plus de 25 % des personnes âgées de ces régions vivent seules.
Article de église-catholique.fr

Message du Saint Père
Chers frères et sœurs !
« Sa miséricorde s’étend d’âge en âge » (Lc 1, 50) : c’est le thème de la 3ème Journée Mondiale des Grands-Parents et des Personnes Âgées. C’est un thème qui nous renvoie à une rencontre bénie : la rencontre entre la jeune Marie et sa parente âgée Élisabeth (cf. Lc 1, 39-56). Cette dernière, remplie de l’Esprit Saint, adresse à la Mère de Dieu des paroles qui, des milliers d’années plus tard, rythment notre prière quotidienne : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni » (v. 42). Et l’Esprit Saint, déjà descendu sur Marie, l’inspire à répondre par le Magnificat, où elle proclame que la miséricorde du Seigneur s’étend d’âge en âge. L’Esprit Saint bénit et accompagne toute rencontre fructueuse entre les différentes générations, entre grands-parents et petits-enfants, entre jeunes et personnes âgées. Dieu désire en effet que les jeunes réjouissent le cœur des personnes âgées et qu’ils puisent la sagesse de leurs expériences, comme Marie l’a fait avec Élisabeth. Mais, avant tout, le Seigneur désire que nous ne laissions pas les personnes âgées seules, que nous ne les reléguions pas en marge de la vie, comme c’est malheureusement trop souvent le cas aujourd’hui.
Cette année, la proximité entre la célébration de la Journée Mondiale des Grands-Parents et des Personnes Âgées et celle des Journées Mondiales de la Jeunesse est belle ; toutes les deux ont pour thème “la hâte” (cf. v. 39) de Marie à rendre visite à Élisabeth et nous amènent à réfléchir sur le lien entre jeunes et personnes âgées. Le Seigneur souhaite que les jeunes, en les rencontrant, accueillent l’appel à préserver la mémoire, et qu’ils reconnaissent, grâce à elles, le don d’appartenir à une histoire plus grande. L’amitié d’une personne âgée aide le jeune à ne pas réduire sa vie au présent et à se rappeler que tout ne dépend pas de ses propres capacités. Pour les plus âgés, en revanche, la présence d’un jeune ouvre l’espérance que ce qu’ils ont vécu ne sera pas perdu et que leurs rêves se réaliseront. En définitive, la visite de Marie à Élisabeth, et la conscience que la miséricorde du Seigneur se transmet d’une génération à l’autre, révèlent que nous ne pouvons pas avancer – ni même nous sauver – tout seuls et que l’intervention de Dieu se manifeste toujours ensemble, dans l’histoire d’un peuple. C’est Marie elle-même qui le dit dans le Magnificat, en exultant en Dieu qui a accompli des merveilles nouvelles et surprenantes, fidèle à la promesse faite à Abraham (cf. v. 51-55).
Pour mieux accueillir le style de l’agir de Dieu, rappelons-nous que le temps doit être vécu dans sa plénitude, parce que les réalités les plus grandes et les rêves les plus beaux ne se réalisent pas en un instant, mais à travers une croissance et une maturation : en chemin, en dialogue, en relation. C’est pourquoi ceux qui se concentrent uniquement sur l’immédiat, sur leurs propres avantages à obtenir rapidement et avec avidité, sur le “tout et maintenant”, perdent de vue l’action de Dieu. Au contraire, son projet d’amour s’étend sur le passé, le présent et l’avenir, il embrasse et relie les générations. C’est un projet qui va au-delà de nous-mêmes, mais où chacun est important et, surtout, est appelé à aller plus loin. Pour les plus jeunes, il s’agit d’aller au-delà de l’immédiat où la réalité virtuelle nous enferme et nous détourne souvent de l’action concrète. Pour les plus âgés, il s’agit de ne pas s’attarder sur les forces qui s’affaiblissent et de ne pas regretter les occasions perdues. Regardons vers l’avant ! Laissons-nous modeler par la grâce de Dieu qui, d’âge en âge, nous libère de l’immobilisme et des regrets du passé !
Dans la rencontre entre Marie et Élisabeth, entre jeunes et personnes âgées, Dieu nous donne son avenir. En effet, le chemin de Marie et l’accueil d’Élisabeth ouvrent la porte à la manifestation du salut : à travers leur étreinte, sa miséricorde fait irruption dans l’histoire humaine avec une joyeuse douceur. Je voudrais donc inviter chacun à penser à cette rencontre, mieux, à fermer les yeux et à imaginer un instant cette étreinte entre la jeune Mère de Dieu et la vieille mère de saint Jean-Baptiste ; à se la représenter dans l’esprit et à la visualiser dans le cœur, pour la fixer dans l’âme comme une lumineuse icône intérieure.
Et j’invite ensuite à passer de l’imagination au concret en faisant quelque chose pour étreindre les grands-parents et les personnes âgées. Ne les laissons pas seuls, leur présence dans les familles et les communautés est précieuse, elle nous donne la conscience de partager le même héritage et de faire partie d’un peuple où l’on conserve les racines. Oui, ce sont les personnes âgées qui nous transmettent notre appartenance au Peuple saint de Dieu. L’Église, tout comme la société, a besoin d’elles. Elles livrent au présent un passé nécessaire pour construire l’avenir. Honorons-les, ne nous privons pas de leur compagnie et ne les privons pas de la nôtre, ne permettons pas qu’elles soient rejetées !
La Journée Mondiale des Grands-Parents et des Personnes Âgées veut être un petit signe délicat d’espérance pour eux et pour toute l’Église. Je renouvelle donc mon invitation à tous – diocèses, paroisses, associations, communautés – à la célébrer en mettant l’accent sur la joie débordante d’une rencontre renouvelée entre jeunes et personnes âgées. À vous jeunes, qui vous préparez à partir pour Lisbonne ou qui vivrez les Journées Mondiales de la Jeunesse chez vous, je voudrais dire : avant de vous mettre en route, allez rendre visite à vos grands-parents, rendez visite à une personne âgée qui vit seule ! Sa prière vous protégera et vous porterez dans votre cœur la bénédiction de cette rencontre. À vous personnes âgées, je demande d’accompagner par la prière les jeunes qui s’apprêtent à célébrer les JMJ. Ces jeunes sont la réponse de Dieu à vos demandes, le fruit de ce que vous avez semé, le signe que Dieu n’abandonne pas son peuple, mais qu’Il le rajeunit toujours avec l’imagination de l’Esprit Saint.
Chers grands-parents, chers frères et sœurs âgés, que la bénédiction de l’étreinte entre Marie et Élisabeth vous parvienne et qu’elle remplisse vos cœurs de paix. Je vous bénis avec affection. Et vous, s’il vous plaît, priez pour moi.
Rome, Saint-Jean-de-Latran, 31 mai 2023, Fête de la Visitation de la Vierge Marie.
FRANÇOIS