Marie, la bien-aimée de la liturgie

L’année civile commence avec une solennité de la Vierge Marie, honorée le 1er janvier comme « Mère de Dieu ». Le début d’un long chapelet de fêtes consacrées à la mère de tous les croyants. Combien sont-elles, au juste ?

Valdemar de Vaux – publié le 26/01/24

Peut-on vraiment donner une réponse définitive à la question de savoir combien de fois est fêtée la Vierge Marie dans l’année liturgique ? Impossible pour l’homme, mais Dieu doit bien le savoir, lui pour qui « rien n’est impossible » (Lc 1, 37), comme le rappelle l’ange Gabriel à Marie, justement. Dans son ouvrage La Vierge Marie fêtée par l’Église, le bénédictin dom Guy Oury, qui fut moine de Solesmes, en explique treize. Plus d’une par mois, donc, même si ni mars ni avril n’honore la mère des croyants.

Pourtant, les choses ne sont pas si simples. D’abord parce que deux fêtes du Seigneur sont intimement liées à Notre-Dame. Le 2 février, fête de la « Présentation du Seigneur », fut jusqu’à la réforme conciliaire celle de la « Purification de la Vierge Marie ». Le mystère du Christ contemplé alors ne change pas, mais la primauté est accordée au Fils, bien que Marie, en offrant son nouveau-né à Dieu, offre aussi son âme « traversée d’un glaive » d’après la prophétie d’Anne. Quant au 25 mars, solennité du Seigneur commémorant l’Annonciation, il met à l’honneur l’Incarnation, qui unit les chairs filiale et maternelle. 

L’œuvre de Dieu pour l’humanité au cœur de la liturgie

Ce mystère de l’Incarnation est d’ailleurs, d’après dom Oury, ce qui permet de comprendre « la fonction capitale de Notre-Dame : Marie a mis au monde le Fils de Dieu, lui donnant un corps semblable au nôtre, tiré de sa chair virginale, et a rendu possible par là son insertion dans la famille humaine. […] Notre-Dame est donc l’assise toute première de l’édifice surnaturel que l’Église vient réaliser sur terre ; sans Marie, l’Église n’aurait pu naître, Dieu en ayant ainsi disposé. »

L’Église, dont la Vierge Marie est la figure et qui a pour acte de naissance le fiat de la « servante du Seigneur », rend donc à la mère du Sauveur le culte qui lui est dû, mais qui est toujours ordonné à Jésus lui-même, selon l’adage spirituel de saint Louis-Marie : « à Jésus, par Marie ». Du 1er janvier (Mère de Dieu) au 8 décembre (Immaculée conception), en passant par le 11 février (Notre-Dame de Lourdes), le lendemain du Sacré-Cœur (Cœur immaculé), le 31 mai (la Visitation), le 16 juillet (Notre-Dame du Mont-Carmel), le 5 août (Dédicace de sainte Marie Majeure), le 15 août (l’Assomption), le 22 août (Marie Reine), le 8 septembre (la Nativité), le 15 septembre (Notre-Dame des Douleurs), le 7 octobre (Notre-Dame du Rosaire) et le 21 novembre (Présentation de Marie au Temple), c’est l’œuvre de Dieu pour l’humanité qui est au cœur de la liturgie. 

De nombreuses apparitions de Marie

La constitution conciliaire sur la liturgie l’explicite ainsi : « En célébrant le cycle annuel des mystères du Christ, la sainte Église vénère avec un particulier amour la bienheureuse Marie, mère de Dieu, qui est unie à son Fils dans l’œuvre salutaire par un lien indissoluble ; en Marie, l’Église admire et exalte le fruit le plus excellent de la Rédemption, et, comme dans une image très pure, elle contemple avec joie ce qu’elle-même désire et espère tout entière. » (Sacrosanctum concilium, §103)

Et, si le nombre de fêtes qui honorent Notre-Dame est innombrable, c’est aussi à cause de la multitude des lieux où la Vierge est apparue, de celle des sanctuaires qui lui sont dédiés et de celle des endroits où la tradition la prie depuis des siècles entiers : du Mexique (Guadalupe, le 12 décembre) à la Terre sainte (Palestine, le 25 octobre), en passant par la Mongolie (Mozishan, le 2 août) ou le Rwanda (Kibeho, le 28 novembre). Rien qu’en France, la Mère du Sauveur est apparue dans dix-huit lieux reconnus par l’Église… terre bénie où la patronne n’est autre que Notre-Dame de l’Assomption.