« La cendre« , dont la signification originelle est fort discutée, bien que son usage soit répandu dans la plupart des religions antiques, est souvent associée à la poussière (les Septante traduisent plus d’une fois « poussière » par « cendre ») et symbolise à la fois le péché et la fragilité de l’homme.
Telle la poussière, la Cendre, image à la fois du péché et de la fragilité de l’homme.

Image du péché : Le cœur du pécheur, est semblable à la cendre : Isaïe appelle l’idolâtre un « amateur de cendres » « Celui qui se repaît de cendre, son cœur abusé l’égare. Il ne se délivrera pas lui-même et ne dira pas : « N’est-ce pas un leurre que j’ai en main ? » (Is 44,20). C’est pourquoi le salaire du péché ne peut être que cendre : les orgueilleux se verront « réduits en cendre sur la terre » : « Par tes multiples péchés, par la perversion de tes affaires, tu as profané ton sanctuaire. Aussi je fais sortir du milieu de toi un feu qui te dévore ; sur la terre, je te réduis en cendres, devant les yeux de tous ceux qui te regardent. » (Ez 28,18).
Image de la fragilité de l’homme : « Il m’a jeté dans la fange : me voici pareil à la poussière et à la cendre » (Jb 30,19). – « Ô fille de mon peuple, revêts-toi de sac et roule-toi dans la cendre ! Prends le deuil comme pour un fils unique : amertume et complainte ; car le dévastateur, soudain, arrive sur nous. » (Jr 6,26).
Se couvrir de cendre, c’est donc réaliser une sorte de confession publique mimée.
La Liturgie du Mercredi des cendres
Par le langage de cette matière sans vie qui retourne en poussière, l’homme se reconnait pécheur et fragile, prévenant par là le jugement de Dieu et attirant sa miséricorde. A celui qui avoue ainsi son néant, se fait entendre la promesse du Messie qui vient triompher du péché et de la mort, « consoler les affligés et leur donner, au lieu de cendre, un diadème » (Is 61,28).
Le rite du mercredi des Cendres reprend le symbolisme attaché à la cendre dans l’Ancien Testament : se couvrir de cendres c’est exhaler sa douleur au sein de l’épreuve, mais c’est aussi manifester sa conscience et son regret du péché et l’espérance en la miséricorde de Dieu.

Au cours de la célébration du mercredi des Cendres le front des membres du clergé et des fidèles est marqué d’un peu de cendres ; en même temps, le célébrant leur rappelle « qu’ils ne sont que poussière » et doivent s’employer à trouver Dieu par la conversion.
Le prêtre dépose de la cendre sur le front ou la tête des fidèles, en disant à chacun : « Convertissez-vous et croyez à l’Évangile. » (Mc 1,15) OU « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » (Gn 3, 19)
Ainsi est souligné le sens de la période de Carême qui s’ouvre, tout entière orientée vers l’esprit de pénitence, c’est-à-dire de retour sur soi et de conversion.
L’appel à la conversion : esprit de pénitence intérieure
Comme déjà chez les prophètes, l’appel de Jésus à la conversion ne vise pas d’abord des œuvres extérieures, « le sac et la cendre », le jeûne et les mortifications, mais la conversion du cœur, la pénitence intérieure. Sans elle, les œuvres de pénitence restent stériles et mensongères ; par contre, la conversion intérieure pousse à l’expression de cette attitude en des signes visibles, des gestes et des œuvres de pénitence.

La pénitence intérieure est une réorientation radicale de toute la vie, un retour, une conversion vers Dieu de tout notre cœur, une cessation du péché, une aversion du mal, avec une répugnance envers les mauvaises actions que nous avons commises. En même temps, elle comporte le désir et la solution de changer de vie avec l’espérance de la miséricorde divine et la confiance en l’aide de sa grâce.
Le cœur de l’homme est lourd et endurci. Il faut que Dieu donne à l’homme un cœur nouveau. (Cf. Ez 6,26-27). La conversion est d’abord une œuvre de la grâce de Dieu qui fait revenir nos cœurs à Lui : (Lm 5,21). Dieu nous donne la force de commencer à nouveau.
La pénitence intérieure du chrétien peut avoir des expressions très variées. L’Écriture et les Pères insistent surtout sur trois formes : le jeûne, la prière, l’aumône (Cf. Tb 12,8) – (Mt 6,1-18) qui expriment la conversion par rapport à soi-même, par rapport à Dieu et par rapport aux autres. Ils citent, comme moyen d’obtenir le pardon des péchés, les efforts accomplis pour se réconcilier avec son prochain, les larmes de pénitence, le souci du salut du prochain (Jc 5,20), l’intercession des saints et la pratique de la charité « qui couvre une multitude de péchés » (1 P4,8). (Catéchisme de l’Eglise Catholique – p.307-308).
Père Guy Demonchy