Déclarations fortes de Benoît XVI qui resteront à jamais

Le pape Benoît XVI a souvent su trouver les mots pour dénoncer les travers des sociétés contemporaines ou de l’Église. Ses propos ont aussi parfois entraîné des déconvenues médiatiques et des réactions indignées, parfois même, violentes. Voici dix déclarations fortes du pape allemand. Voici quelques extraits d’un article I.Media – publié le 05/01/23

Un pédophile ne peut pas être prêtre

Beaucoup reconnaissent aujourd’hui l’attitude de Benoît XVI face au scandale de la pédophilie dans l’Église, un fléau que le Pape s’est évertué à dénoncer. Interrogé sur les abus sexuels commis par certains prêtres américains dans l’avion qui le menait à Washington en avril 2008, il s’était dit « profondément honteux » devant ces actes. « Nous exclurons totalement les pédophiles du ministère sacré », avait-t-il alors ajouté

Dans un tel lieu, les mots viennent peu et, au fond, il peut seulement rester un silence sidéré – un silence qui est un cri intérieur vers Dieu : Pourquoi, Seigneur, es-tu resté silencieux ?

Ces paroles ont été prononcées par Benoît XVI au camp d’extermination de Birkenau, en Pologne. C’est « en fils du peuple allemand » que celui-ci était venu ici prier le 28 mai 2006. Cette visite, comme ses multiples signes de dialogue envoyés à la communauté juive, ont inscrit Benoit XVI dans la continuité de Jean Paul II. En outre, du fait de sa nationalité et de son enrôlement contre sa volonté dans les jeunesses hitlériennes, ce voyage avait marqué les esprits. 

L’on est en train de mettre sur pied une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui donne comme mesure ultime uniquement son propre ego et ses désirs.

Durant l’homélie de la messe Pro eligendo Romano Pontifice, à quelques heures du conclave qui allait l’élire, l’alors cardinal Ratzinger s’était distingué par ces mots qui avaient suscité un tonnerre d’applaudissements parmi les cardinaux. Avant même son élection, il donnait ainsi le ton de son pontificat : celui d’un coopérateur de la vérité, sa devise épiscopale. La lutte contre le relativisme rythmera bon nombre de ses futurs discours.

On ne peut pas seulement dépasser ce problème du Sida (…) avec la distribution de préservatifs. Au contraire, ils augmentent le problème.

Cette phrase « choc » du pontife allemand dans l’avion le menant à Yaoundé (Cameroun) le 17 mars 2009 avait  fait réagir de nombreux médias ainsi que des prélats africains. Quelques jours plus tard, le Saint-Siège publia une version allégée de ces propos. La seconde partie de la déclaration du pape, bien souvent coupée, apportait un éclairage à cette déclaration. Pour Benoit XVI, la lutte contre le Sida est « double » : elle passe par « une humanisation de la sexualité, c’est-à-dire un renouveau spirituel et humain » ainsi que par « une véritable amitié à l’égard, surtout, des personnes qui souffrent, y compris avec des sacrifices et des renoncements personnels ».

Le moment est venu de faire cesser énergiquement la prostitution féminine ainsi que la diffusion de matériel au contenu érotique et pornographique.

En 2011 encore, dans un texte remis au nouvel ambassadeur d’Allemagne, le pape avait  souligné avec vigueur la nécessité pour l’Église de s’engager « sur des questions fondamentales qui concernent la dignité de l’homme ». Outre la nécessité de lutter contre la prostitution, le pontife avait évoqué le respect de toutes les étapes de la vie, un autre sujet qui lui était cher.

Montre-moi donc ce que Mahomet a apporté de nouveau, et tu y trouveras seulement des choses mauvaises et inhumaines, comme son mandat de diffuser par l’épée la foi qu’il prêchait.

Sortie de son contexte, cette phrase a provoqué l’une des plus grandes crises médiatiques de l’histoire du Vatican. Le 12 septembre 2006, Benoît XVI était invité à l’université de Ratisbonne pour  s’exprimer sur le thème « Foi, raison et université ». Le pape émérite avait cité ici les propos de l’empereur Byzantin Manuel II Paléologue s’adressant à un interlocuteur persan. Ces mots ne reflétaient pas sa pensée mais s’inscrivaient dans une réflexion plus générale sur le lien entre religion et violence, expliquera-t-il. « Le pape ne veut pas donner une lecture d’interprétation de l’islam dans le sens violent, mais affirmer que dans le cas d’une lecture violente de la religion, nous sommes en contradiction avec la nature de Dieu », avait à l’époque déclaré le directeur du Bureau de presse du Saint-Siège, interrogé suite à la polémique qui avait engendré de graves réactions dans le monde musulman.

Je me suis senti comme saint Pierre avec les Apôtres dans la barque sur le lac de Galilée. (…) j’ai toujours su que dans cette barque, il y a le Seigneur et j’ai toujours su que la barque de l’Église n’est pas la mienne, n’est pas la nôtre, mais est la sienne. Et le Seigneur ne la laisse pas couler ; c’est Lui qui la conduit.

Ces paroles issues de la dernière audience générale du pontife semblent conclure son pontificat sur une note d’espérance. Quelques jours avant d’être élu, le 25 mars 2005, l’alors cardinal Ratzinguer avait délivré une méditation reprenant ce thème de la barque-Eglise, lors du chemin de Croix du Colisée. Ses propos trahissaient son inquiétude. « Ton Eglise nous semble une barque prête à couler, une barque qui prend l’eau de toute part », écrivait-il, s’adressant directement au Christ.